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05 décembre 2009

Donogoo de Jules Romains

donogoo.JPG1930. La crise financière et économique, dont les effets se prolongeront pendant une décennie jusqu'au début de la deuxième guerre mondiale, affecte les mentalités, les comportements, et nous révèle une situation perturbant la société toute entière : ambitions démesurées, escroqueries en tout genre, manipulations d'ordre politique, trafics d'influence, arrivisme des uns et des autres, montée des fanatismes, etc... La tentation est grande d'établir le parallèle avec la crise actuelle, en 2010 !

C'est pourquoi la pièce de J. Romains est d'une actualité particulièrement brûlante. Elle est un modèle du genre, où l'on voit un certain M. le Trouhadec, géographe éminent, membre du Collège de France, rêvant d'être élu à l'Institut. Mais une maladresse survenue il y a quelques dix ans lui a définitivement fermé les portes. Survient alors, un certain Lamendin, homme d'affaires mégalomane et dépressif ( !), un tantinet peu scrupuleux sur les moyens employés pour arriver à ses fins. Ce personnage peu recommandable s'enhardit à monter un projet basé sur la crédulité, la cupidité, l'intérêt et la naïveté de différents intervenants : banquiers, publicitaires, actionnaires avides de gains immédiats, petits aventuriers attirés par les sables aurifères et la possibilité de faire fortune en investissant toutes leurs énergies à propos du développement d'une ville située au Brésil : Donogoo. L'inconvénient est que cette ville est purement imaginaire... Elle n'est qu'un mirage destiné à convaincre chacun de placer son argent dans le capital de la « Société Franco-américaine pour l'embellissement de la ville de Donogoo-Tonka »... Les premiers pionniers en seront pour leurs frais ! !

Jules Romains a bien saisi et décrit le système du montage pyramidal d'une société où les premiers émigrants deviendront peu à peu les exploiteurs des suivants !

Nous assistons par de multiples saynètes, découpées en dioramas habilement mis en place, à la progression infernale de l'escroquerie gigantesque. In fine, le personnage de Lamendin se transforme subitement en celui d'un « Gouverneur général de la ville de Donogoo ».  Le but est atteint. Le piège s'est refermé. Cette scène est particulièrement révélatrice, car elle nous donne à voir les premiers pas d'un totalitarisme qui ne demande qu'à conquérir les masses hypnotisées par le pouvoir absolu de quelques uns, usant de la propagande, du mensonge,  et de la manipulation. Belle prémonition pour l'époque !

La pièce reste cependant une comédie où le sourire et l'humour sont toujours au rendez-vous, grâce à la complicité du spectateur. Le spectacle, par une mise en scène vive et intelligente, donne à l'ensemble un rythme soutenu, efficace, qu'accompagne une musique d'époque, ce qui lui ajoute le charme de la nostalgie. Les costumes des acteurs sont particulièrement en phase avec la mode des années 30. Jacques Fontanel, dans le rôle de Lamendin est remarquable par son jeu équilibré, convainquant. Il imprime à la pièce un dynamisme qui ne faiblit jamais. Toute la troupe est au même niveau.

Une réussite à ne pas manquer de voir.

R.Rillot

- Théâtre 14 Jean Marie Serreau : 20  avenue Marc Sangnier - 75 014 - Jusqu'au 2 janvier 2010 - Locations au théâtre : 01 45 45 49 77 du lundi au samedi de 14h à 18h - e-mail :  theatre14@wanadoo.fr

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