11 avril 2010
Tout est neuf… et la vie est devant !
Vie fauchée par la mort... ou vie offerte dans l'amour ?
Vie brisée... ou vie accomplie ?
Vie qui aboutit au néant... ou vie qui s'ouvre à la plénitude ?
Désespoir d'un « tout est fini ! »... ou paix sereine d'un « Père, entre tes mains !... » ?
Orgueil vaincu de celui qui prétendait vivre indépendant, par et pour lui-même... ou repos enfin offert à celui qui s'est consumé dans l'humble dépendance d'amour ?
Une question me hante au matin de Pâques : qu'est-ce que ça change ?...
Pour moi, qu'est-ce qui est changé puisque je mourrai quand même, et peut-être dans des souffrances dont sa résurrection impuissante ne m'auront pas dispensé !
Qu'est-ce que ça change ? Mais tout est changé !
-Ça n'est quand même pas la même chose de vivre avec une perspective à quelques années, ou dizaines d'années ; et vivre avec une perspective infinie, qui plonge dans l'éternité ! Les souffrances elles-mêmes ne sont pas les mêmes quand tout est absurde ou quand l'amour donne son sens à toute chose !
Le mensonge du démon - « menteur et père du mensonge ; homicide dès l'origine » (Jn 8,44) - est ici démasqué : en m'affranchissant du commandement de Dieu, je m'affranchissais de Dieu lui-même.
Et donc aussi de la vie !
Alors le Fils, bien-aimé et parfaitement aimant, est venu vivre sa vie éternelle dans le temps, et au milieu de nous. Parmi nous, il a planté sa tente (cf. Jn 1,14). Il est venu vivre, dans le monde visible, au cœur de la Création, le mystère de son amour infini et éternel. Dans l'éternité, en effet, il s'offre à son Père en se désappropriant absolument de lui-même. Éternellement, il offre la vie qu'il reçoit du Père, « de qui vient tout don parfait » (Jc 1,17). Cette vie, « nul ne la prend, mais c'est [lui] qui la donne » (Jn 10,18). Par conséquent pour lui, mourir est l'expression la plus sublime de la vie. On pourrait dire - oui, c'est une folie ! - que son être même, c'est mourir. Mais attention : une mort d'amour ! Une extase éternelle.
Saint Paul l'a compris en profondeur : « Pour moi, vivre, c'est le Christ et mourir représente un gain ! » (Ph 1,21). « Oui, continue-t-il, je considère tout désormais comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. (...) Il s'agit de connaître le Christ, d'éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort dans l'espoir de parvenir, moi aussi, à ressusciter d'entre les morts » (Ph 3,10-11).
On comprend alors son insistance, ce matin, dans la deuxième lecture : « Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre » (Col 3,2).En réalité, avec la résurrection du Seigneur, c'est toute la perspective qui est changée. C'est la signification de la vie elle-même qui est changée, puisque la mort a changé de nature : non plus un arrêt, une limite à la vie, mais au contraire une porte ouverte sur l'infini de l'amour, sur la plénitude de la vie. Et je sais désormais que pour vivre en plénitude, il me faut mourir. Chaque jour un peu plus...
Belle et sainte fête de Pâques ! Que tout renaisse à nouveau dans nos cœurs et dans nos vies. Que nous chantions à jamais la louange de Celui qui nous ouvre le chemin de la vie !
Père François Potez, curé de Notre-Dame -du-Travail, éditorial de Pâques
06:04 Publié dans 7- Chrétiens dans le 14e | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paques, paris 14, notre-dame-du-travail | Facebook | | Imprimer |
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