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15 juin 2012

Moonrise kingdom : le temps de la fugue

En 1965, dans une île au large de la Nouvelle Angleterre, deux enfants prennent la poudre d’escampette. Sam et Suzy ont douze ans. L’âge idéal pour toutes les aventures, y compris l’aventure amoureuse, surtout quand on a l’impression d’être oublié chez soi. D’ailleurs, les romances de Françoise Hardy traversent l’océan pour éveiller chez les petits Américains un brin d’émotion européenne.

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Wes Anderson, qui a écrit son film en compagnie de Roman Coppola, appartient à la mouvance du cinéma indépendant d’outre-Atlantique. Avec « La famille Tenenbaum », « La vie aquatique », « A bord du Darjeeling limited», il a imposé sa vision décalée, souvent loufoque, jamais caricaturale.

On retrouve dans « Moonrise kingdom », présenté au festival de Cannes, cet humour pince-sans-rire, qui s’installe dans la composition des plans, l’aspect inattendu des rebondissements, et le sérieux désarmant des jeunes héros. Le conte de fées emprunte au western, à la comédie romantique et au guide de survie – sans oublier le film catastrophe.

moonrise kingdom,roman coppola,wes andersonLes décors, avec les maisons colorées et dessinées comme des jouets, la bande son d’Alexandre Desplat – splendide, illuminée en outre par des emprunts à Benjamin Britten - instaurent subtilement l’univers où évoluent les deux enfants. Mais lorsqu’ils s’enfuient et que le monde extérieur – police, parents, et scouts – se lancent à leur poursuite, on pouvait craindre le manichéisme, innocence persécutée contre autorité brutale. Or, les adultes (à l’exception de Service Social, parce qu’elle incarne l’administration aveugle) ne sont pas ridiculisés, et chacun à sa manière prouvera son humanité.

Anderson et Coppola ont éparpillé dans leur film une série de stars soigneusement utilisées à contre-emploi, sauf le grandiose Bill Murray, qui est au-dessus de toute notion d’emploi ou de registre. Tous sont excellents, mais accordons aux plus jeunes la mention spéciale qu’ils méritent : Kara Hayward et Jared Gilman, deux visages que l’on reverra sans doute bientôt.

Un film de Wes Anderson, avec Bruce Willis, Frances McDormand, Bill Murray, Edward Norton, Jared Gilman, Kara Hayward, Tilda Swinton, Jason Schwartzman…et Harvey Keitel!

Josée Cathala

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