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01 mars 2013

Feuilleton de la ferme de Montsouris : à quand l'épilogue ?

La bataille de la ferme de Montsouris et de la carrière de Port-Mahon dure depuis plus de vingt ans. Un promoteur veut construire sur le site. Des associations de défense s'y opposent et veulent préserver la dernière ferme de Paris intra muros. Or le blocage est total. Dernier rebondissement, il y a quelques jours : la ministre du la Culture valide une autorisation de travaux dans la carrière, déposée par le promoteur.

C'est une histoire au long cours, un feuilleton à rallonge, qui commence à lasser. L'affaire de la ferme de Montsouris et de la carrière dite de Port-Mahon dure depuis plus de vingt-cinq ans. La ferme, située au 26 rue de la Tombe-Issoire, est la dernière à avoir fonctionné à Paris intra muros, jusqu'au début du XXe siècle. Les bâtiments et le terrain sont achetés en 1925 par l'abbé Keller, un prêtre très dynamique de l'arrondissement, qui y installe un patronage, des logements sociaux, des activités caritatives.

ferme,montsouris,75014,parisA la mort de l'abbé, en 1986, la propriété revient à l'archevêché de Paris qui décide de vendre à un promoteur, ce qui déclenche des polémiques. L'abbé Keller avait demandé, dans son testament, que les bâtiments restent au service de la paroisse du lieu, Saint-Dominique. C'est alors que des associations entrent en scène. Elles se réunissent en « Collectif de Port-Mahon et de la ferme de Montsouris », souhaitent conserver la ferme, et préserver la carrière qui se trouve à 17 mètres sous le sol.

En 1994, le collectif remporte une première victoire : la carrière de calcaire du 14e siècle, restée  intacte depuis le Moyen Age, est classée monument historique. Cette décision a une conséquence très concrète. Désormais, il est strictement interdit de bâtir de nouvelles constructions sur le terrain, car les fondations nécessaires risqueraient d'altérer l'état de la carrière.

Le promoteur qui avait acheté le terrain, estimant qu'il a payé trop cher un espace désormais non constructible, jette l'éponge. La propriété est alors reprise en 2003 par la Soferim, une autre société de promotion. La Soferim détruit des bâtisses qualifiées de « ruines ». Puis elle qui présente un projet ambitieux, fort bien décrit sur son site internet « les jardins de Montsouris ». Au programme, la construction de 80 logements dont 25 % de logements sociaux, la préservation de l'ancienne grange, de la grande porte charretière donnant sur la rue de la Tombe Issoire, la plantation d'un espace vert et la préservation de la carrière...

Mais tous les permis de construire, attaqués en justice par les associations, sont refusés, les uns après les autres. Thomas Dufresne, le président du collectif de Port Mahon depuis vingt ans, justifie cet activisme. Cet artiste peintre, amoureux du vieux Paris, et ses amis ne veut pas qu'un des derniers pans de l'activité rurale de la capitale disparaisse, que la carrière subisse les effets de gros travaux, pour cause d'appétit d'un promoteur. « Si nous gagnons tous nos procès, c'est bien qu'il existe un problème de fond, explique-t-il. Nous avons du mal à comprendre pourquoi les protagonistes du dossier, ministère de la Culture compris, s'entêtent à déposer ou à cautionner des autorisations illégales. »

Le collectif affirme qu'il existe des solutions alternatives. Un projet présenté par l'association Emmaüs, de réhabilitation de l'immeuble existant, sur la rue, pour en faire des logements sociaux, a été écartée. L'ancien maire du 14e, Pierre Castagnou (aujourd'hui décédé) souhaitait que la ville achète le terrain. Mais sa demande de préemption, attaquée par le promoteur, a été refusée. La mairie du 14e semble maintenant s'être retirée du jeu. Laurànt Deutsch, amoureux du vieux Paris et auteur du best-seller « Métronome », a déclaré, en 2011, qu'il aimerait racheter la ferme avec Yannick Alleno, l'ancien chef cuisinier de l'hôtel Meurice, à Paris, pour en faire une ferme-restaurant. Le collectif d'associations de défense milite pour la création d'une ferme pédagogique. Avec, à terme, la possibilité de visiter la carrière.

A la mi-février, dernier rebondissement. La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a validé une autorisation de travaux dans la carrière déposée par le promoteur. Une première étape pour construire ensuite. Les associations hurlent au scandale, suivies par les élus écologistes de l'arrondissement, dénoncent un non-respect d'une décision de justice. Elles annoncent qu'elles vont déposer un nouveau recours.

En attendant, les immeubles encore debout menacent ruine. Il faudra un jour sortir de ce guêpier. Soit demander de déclasser la carrière et construire. Soit renoncer un fois pour toute à toute nouvelle construction, rénover la ferme et la mettre en valeur. Dans les deux cas, il faut un courage politique, qui fait défaut.

Contactés par La Voix du 14e, la mairie de Paris et la Soferim n'ont pas donné suite à nos demandes d'interview.

Gérard Desmedt

Commentaires

Je laisserais carte blanche à notre amoureux de Paris Lorant D. avec l'appui des associations pour que la rénovation se fasse dans la réconciliation et le maintien de la batisse et des terrains.

Écrit par : marie-josée | 03 mars 2013

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