18 juillet 2015
Un jardin, mais quel jardin ?
Qui n’a jamais rêvé d’une résidence pour l’éternité située dans un jardin qui serait à la fois le nid douillet où les rêves se posent, la résidence bucolique où les fleurs et les arbustes s’emploient à composer une symphonie fantastique de couleurs et de parfums, la demeure historique aux vastes perspectives, que rythment fontaines et parterres en une parfaite harmonie, et dont l’ordonnance de beauté accompagnerait votre désir secret d’être « non égal à tous » ?
D’autres penseraient à un jardin imaginaire où l’imprévu rejoindrait les fantasmes d’un esthète prolixe et décadent, mégalomane à ses heures, et sans doute dément, cultivant sa folie comme d’autres protègent leurs allées de roses… On y verrait alors des arbres aux feuilles d’or et d’argent, des plantes carnivores dont les mâchoires seraient celles de loups, des insectes violoncellistes dont les airs captureraient les échos lointains des lamentations d’une princesse d’Orient, perdue dans un palais des Mille et une nuits !
Il y aurait des oiseaux amateurs de « Bel Canto », des papillons joueurs de harpe, des vers luisants titubant parmi les touches d’un piano à queue et à plumes ! Que sais-je encore ? Mais qui n’a jamais souhaité être surpris par l’apparition sous sa fenêtre, un matin, d’une modeste bande de gazon, posée simplement là, humectée de la douceur d’une rosée nocturne que l’aube bienveillante aurait parsemée sur un lit modeste d’herbes folles ?
Je dois avouer que mon jardin est modeste, et même minuscule. Il passe inaperçu et n’est pas inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ! Il est urbain, parisien pour être précis. Sous mes fenêtres, il donne sur le boulevard, un certain boulevard Brune. Il s’agit d’une bande de gazon étroite, longue de plusieurs kilomètres. Clairsemé il est , et le trèfle se mêle au gazon. Quelques boutons d’or bavardent entre eux. Leur seule richesse est cette couleur, volée au soleil qui lui, fut très distrait pour laisser échapper un peu de son or , et le confier à des inconnus !
Mais où suis-je ? Tiens ! j’entends le tramway qui passe, c’est le T3a, celui qui vient du Garigliano et s’en va du côté de Vincennes ! C’est cela mon jardin. Chaque matin, j’y vois des étourneaux qui cherchent pitance. Ils font les fous entre deux rames de tram. C’est un peu leur jardin d’Eden ! Un jardin vivant sous leurs pattes. Sur mon balcon, je contemple mes parterres, j’ai un jardin à mes pieds. Raison de plus pour rester chez moi, et si je veux, j’ai le tram pour voyager !!
En attendant, bonnes vacances à tous ! ! R. Rillot
10:21 Publié dans Humeur, poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Le texte est charmant, merci. Mais combien d'arbres ont été abattus pour ce jardin, combien d'heures d'embouteillages envolées le long de ses allées, quelle ceinture dorée jetée par dessus les moulins, quand la Petite ceinture pouvait encore servir Paris ?
Écrit par : Jean-Claude Soulié | 23 août 2015
merci à une époque consumériste de nous rappeler que
"le bonheur est dans le pré"!....
Écrit par : marie | 23 août 2015
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