23 mai 2021
La plume brave les masques
Eugénie et Marie-Lize Gall, mère et fille, un duo poétique.
Habituées des cercles poétiques franciliens, quercynois et bretons, leurs 2 textes sur le thème du « masque » - actualité oblige - ont été choisis par la Revue Anamzer - La Lune en carré, pour son numéro de juin.
La tradition des poèmes d’Eugénie inspirés par les œuvres de son mari, le peintre François Gall, se perpétue avec les poésies et illustrations de leur fille Marie-Lize.
La plume brave le masque
Masquée, la rage Coronavirus court le monde.
Dans la nuit sauvage et sombre
Piquée de vaccins-chagrins
De givre et de gel,
Les blouses - blanches veillent et soignent,
Silhouettes courbées
De toutes les prières du monde.
Viendra l’arc dans le ciel
Embraser la mappemonde.
Pauvres roses fanées,
Tristes regards des êtres déjà oubliés.
Par delà les gestes barrières et masques confinés
Plus de soleils d’automnes d’étés,
Seuls de longs moments à tenter de sauver,
À mezza voce.
Sous le masque ouaté
D’un carnaval facétieux,
La rage du virus court le monde.
On ne perçoit qu’horribles ondes
Colportées par tornades guerres ouragans.
L’Homme coupable songe
Comprenant trop tard le Pourquoi le Comment
Lourd de remords et de ressentiments.
Et la maladie poursuit sa course sauvage et sombre
Dispersant de par le monde virus et variants
Piqués de vaccins-chagrins.
Eugénie Gall
Vite, bas les masques !
De villes en cantons
d’Est en Ouest,
de mers en déserts
du Nord au Sud,
de lacs en collines,
un lourd silence hébété
semble installé à jamais
sur le monde.
Ici et là bas
à la frise de l’horizon
par deçà champs et murailles,
l’effet papillon du virus invisible
plane sur les frondaisons
trouées des frasques du vent.
La voici donc, elle, l’inattendue
la Covid jamais vue,
maladie d’un jour, maladie pour toujours ?
Tout autour d’un rictus masqué
aux regards flétris,
d’un pauvre sourire caché
aux paroles étouffées,
se déroulent rubans de douleurs
sur la litanie des jours.
De fils en fils, de maux en mots,
s’accrochent les verbes claquants
d’un confinement installé.
Claquemurer, cloîtrer, cantonner,
enfermer, séquestrer, verrouiller,
boucler, se taire ...
Las, las, ne plus se taire, remercier les soignants,
respirer, secouer la chape du couvre-feu,
retrouver le goût du café, du vent,
la fragrance du parfum, les festivals joyeux.
« L’or du temps » de Breton,
temps impatient de s’ébrouer en chansons,
transformant le plomb des jours
en instants solaires.
Rire, embrasser, applaudir,
vite, l’appel à la joie,
haut le regard en cœur de vie.
Vite, vite, ici et là, bas les masques !
Marie-Lize Gall
Illustrations
1)Vite, bas les masques, il atteste de « l’effet papillon » de la propagation du virus, avec une encre de Chine gouachée de ce lépidoptère, sous forme d’un masque bigarré, autour duquel s’accrochent des rubans. Y sont inscrits 55 verbes évoquant les 55 jours de notre premier confinement.
2)La plume brave le masque, encre de Chine gouachée, avec ses joyeux coloris et où les hautes plumes finement ciselées et conquérantes, autour d’un visage en clair-obscur, ont bravé le masque - tous les masques - qui est tombé.
3) Vite bas les maques agrandie, 55 verbes évoquent les 55 jours du premier confinement
Ces poèmes et illustrations prendront place dans l’exposition collective de l’association Arzazou, prévue du 6 au 13 juin rue de Gergovie, dans le cadre de la manifestation « Prendre l’art » proposée par le comité des Fêtes Plaisance-Pernety. Il en sera question dans notre prochaine parution.
01:59 Publié dans 1- Edito, poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
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