14 juin 2021
Myriam Feune de Colombi (1940 La Carneille-2021- Paris ) Comédienne, directrice de théâtre, l’une des icônes de Montparnasse.
L’église Saint-Roch fleurie de blanc, aux senteurs de lys, de roses et d’aubépine, a vibré de l’émotion des inconditionnels de Myriam Feune de Colombi, admiratifs du talent de la comédienne aux multiples rôles, dont Marianne, Léonore, Dorimène et l’admirable Célimène chez Molière, La Duchesse chez Alfred de Vigny, Euphrosine chez Marivaux. Et tous reconnaissants pour sa constante implication dans la défense du théâtre durant 37 ans, comme le rappelaient dans l’homélie, Bertrand Thamin et Ghislain de Lassus Saint-Génies.
Officier dans l’ordre national du Mérite, elle en fut récompensée par le grade de chevalier de la Légion d’honneur, et de celui des Arts et des Lettres. Elle nous a quittés ce 21 avril, suite à une maladie qu’elle tentait de vaincre avec l’opiniâtreté que nous lui connaissions.
Formée par Henri Rollan et Fernand Ledoux, elle est applaudie durant 11 ans au Français, et co-dirige ensuite avec Bertrand Thamin « sa » maison, la Comédie Française, pendant 24 ans.
Puis elle change de scène et franchit la Seine, une chance pour notre arrondissement et la rue de la Gaité, où elle acquiert avec son époux Jean-Louis Vilgrain, le théâtre Montparnasse en 1984. Il sera l’enfant qu’ils n’ont pas eu, le transformant et lui ajoutant le Petit-Montparnasse qu’ils réhabilitent.
Pédagogue dans l’âme, celle que tout un chacun appelait « maman » et qui fut présidente des Moliéres, tenait à choisir des textes inattendus, en parler « en famille » avec l’auteur, les comédiens, les techniciens. Pour mémoire et parmi tant de réussites, « La Vérité », « La Parisienne », « L’un de nous deux. Mandel/Blum » une formidable leçon politique, qui fut honorée d’une reprise en septembre 2020 au Petit Montparnasse.
Un de ses plus fidèles acteurs, Pierre Arditi, longtemps habitant du 14e, confie « [Myriam] est une nature que l’on ne voit plus […] Elle se bagarrait pour tout. Pour moi c’était le dernier directeur de théâtre ». « Elle se mettait au service des textes, c’est son legs », confirme Jean-Marie Besset, directeur du Théâtre des Treize-Vents à Montpellier. Elle ajoute ainsi son nom à la lignée de ses prédécesseurs, hommes, femmes, créatifs et ambitieux pour leurs salles.
L’accompagnant en son denier repos, tous les directeurs de ces lieux parisiens et provinciaux ont descendu les marches, sous les applaudissements. Il y eut les mêmes applaudissements et la même émotion, ce 26 mai pour la première de « Saint-Exupéry à New York ». Oui, « 6 mois d’abstinence ça suffit ! » clament les messages autour des programmes, le théâtre est toujours vivant, comme Myriam Feune de Colombi, puisque nous la retrouverons dans le prochain film d’Edouard Baer « Adieu Paris ». Adieu, au revoir, c’est égal, la revoir, c’est certain, titre prémonitoire.
Marie-Lize Gall
13:00 Publié dans 6- Art, Culture, Patrimoine, Figure de quartier, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : myriam feune de colombi, théâtre montparnasse rue de la gaité, petit montparnasse 75014 | Facebook | | Imprimer |
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