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30 juillet 2007

« De la rue à l’engagement solidaire» - Entretien avec Joseph Lebèze

C’est après avoir entendu le témoignage de Joseph Lebèze à une table ronde sur l’exclusion, organisée par la Mairie du 14ème, que j’ai lu son récit autobiographique : « C’est si beau d’être aimé ».(voir la note) Ayant appris qu’il habitait le 14ème, j’ai eu envie de le rencontrer.

Joseph Lebèze m’a très gentiment accueilli dans son studio : lumineux et d’un ordre méticuleux.

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-L.V : Qui vous a conseillé d’écrire ce livre?

-J.L : C’est Tim Guénard que j’avais rencontré à l’école d’évangélisation des communautés de l’Emmanuel. Il était l’auteur de « Plus fort que la haine » et d’autres ouvrages édités aux Presses de La Renaissance. J’avais déjà témoigné plusieurs fois, cela m’a paru intéressant.

-L.V : Quel est votre métier actuel ?

-J.L : Après avoir travaillé aux pompes funèbres, je suis actuellement chauffeur pour des personnes handicapées ou des touristes et cela me plait.

-L.V : Comment s’est fait votre « reconstruction »?

-J.L : La première étape c’est la rencontre avec le curé de l’église voisine du banc où je m’étais installé depuis des mois. Grâce à l’amitié de ce prêtre et des personnes qu’il m’a fait rencontrer, j’ai découvert l’espoir de pouvoir me sortir de la boisson et de la rue. La 2ème étape, c’est ma retraite à Châteauneuf de Galaure où j’ai trouvé la foi et donc, une espérance. J’ai pu alors pardonner à mon père. Pour moi, la foi et la vie sont devenues indissociables.

-L.V : Il me semble que vous êtes aussi très engagé dans des activités associatives ?

-J.L : En effet, j’ai participé à une association LAC (lien d’animation culturelle qui était dans l’ancien centre social situé rue Maurice Bouchor). Maintenant, j’essaye de résoudre des conflits de voisinage ou d’éviter des expulsions grâce à une amicale de locataires. J’ai rencontré à plusieurs reprises monsieur Castagnou au sujet du quartier Porte de Vanves et du Centre social qui est en construction.

On me demande aussi de témoigner dans des établissements scolaires, des conseils de quartier…

Mais mon principal engagement est d’être parrain à la Fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil : je me rends dans des foyers. J’y demeure parfois plusieurs jours afin de donner des conseils à des jeunes.

-L.V : Vous qui avez été S.D.F., pouvez-vous dire comment aider ceux qui vivent cette épreuve ?

-J.L. : C’est un sujet pour lequel j’ai rencontré beaucoup d’hommes politiques et de responsables d’associations humanitaires.

Le SDF a tout perdu, même l’amour de soi. Ce n’est pas seulement un hébergement qu’il faut proposer. C’est d’abord le soutien d’accompagnateurs attentifs et respectueux qui est indispensable. On ne peut pas bousculer la réinsertion, le temps consacré à établir un dialogue et une relation de confiance c’est du temps gagné pour répondre aux problèmes qui ont entraîné cette détresse...

Un des moyens très efficace, c’est la création de pensions de famille : là, on trouve l’appui d’une assistante sociale, une adresse, une boîte à lettres, c’est le début de l’autonomie, on peut, alors, trouver un travail et se réinsérer.

L.V. Il faut un courage immense pour parvenir à sortir de la rue !

J.L. : Il faut, en effet, une grande persévérance et des amis solides. C’est très lourd aussi pour l’accompagnateur qui doit avoir de l’humilité et de la patience. Pour moi, c’est la Foi qui me donne la force de tenir.

Monique Garrigue