10 mars 2008
Théâtre 14 : la Reine Morte
Un défi, un vrai challenge. Rendre à la lumière cette pièce de Montherlant, créée en 1941, lui donner un nouveau souffle, un nouvel élan, tout en privilégiant le respect dû à ce grand texte n’est pas donné au premier metteur en scène venu.
Jean-Laurent Cochet s’est lancé à l’assaut d’une forteresse difficile à prendre… Car, l’œuvre présente un miroir aux multiples facettes : un amour contrarié face à la raison d’Etat, la vieillesse du roi de Portugal occultant les aspirations de la jeunesse, l’ordre face à l’expression libre de la passion amoureuse, l’obéissance confrontée à la désobéissance, la force aveugle du pouvoir mise en parallèle avec sa propre faiblesse, traduite ici par la colère impuissante et les atermoiements de l’âme. Enfin, et pour clore une situation tragique : la mort bien réelle d’Inès de Castro accompagnant celle symbolique de don Pedro confronté à la disparition de son amour. En parallèle, nous assistons à la lente agonie du Roi, estocade finale. Alors, la vérité intime de chacun surgit dans l’émergence de la solitude, face à son destin et in fine à la mort.
Cependant dans un ultime sursaut, la rédemption proviendra du couronnement « post mortem » d’Inès, qui deviendra pour toujours : « la Reine Morte ». Jean-Laurent Cochet n’a pas hésité à donner la juste distance nécessaire au texte flamboyant d’intelligence de Montherlant, afin que l’humour subtil et caché parvienne à l’oreille du spectateur et qu’il capte toute son attention, tout en justifiant sa reconnaissance. La performance du metteur en scène scelle la réussite de la troupe et du spectacle.
R. Rillot –
Théâtre 14 - Jean-Marie Serreau – 20 avenue Marc Sangnier – 75014 - Paris –
Représentations jusqu’au 19 avril 2008 - Location : 01 45 45 49 77
11:05 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Montherlant | Facebook | | Imprimer |