28 juin 2015
La tête haute , film d' Emmanuelle Bercot
Un petit garçon de 6 ans est abandonné à la juge pour enfants lors d'un contrôle éducatif de la mère. Les années ont passé, Malony, jeune homme de15 ans maintenant (Rod Paradot) , a la passion des voitures. Il les vole et fait des rodéos avec sa mère et son frère dans Dunkerque. Il est envoyé en internat surveillé et s'adonne à des actes répétés de violence qui le ramènent régulièrement chez la juge - Catherine Deneuve, attentive et ferme. Ingérable, il fait la connaissance de la fille de sa prof de français au foyer. Une relation se noue dans la violence. La jeune fille tombe enceinte et il s'oppose à son avortement en faisant le mur pour la sortir du bloc opératoire. Ayant trouvé ses marques, il s'amende et fête ses 17 ans avec ses potes du foyer. Plus tard encore, il revient avec son bébé dans les bras dire adieu à la juge qui l'a si bien suivi.
Entre amour et haine un révolté précoce, exemple de ratage relationnel initial, voit enfin -grâce à la compétence et au doigté d'une justice des mineurs humaine- son horizon s'éclaircir.
Point noir : trop de concessions à la violence sociale, verbale (constante) et sexuelle. Hymne ambigu à la brutalité, Le cinéma vu comme un documentaire...Voyeurisme latent. Cela enlève de sa puissance à cette rédemption sans lyrisme et pour certains peut- être sans grâce. Un beau moment : l'orage qui apporte un peu d'apaisement à cette fresque tragique.
Marie-Josée Carita
J’ai été très frappée par la véracité qui émane de ce beau film. Emmanuelle Bercot prend son temps pour décrire l’itinéraire chaotique de Malony de son enfance à l’âge de 18 ans. Dès sa petite enfance, on le voit à la fois aimé et rejeté par sa mère très jeune, immature et trop seule (Sara Forestier). Il ne trouve une attention compréhensive et une autorité susceptible de canaliser ses impulsions que lors des rencontres avec la juge (très bien incarnée par Catherine Deneuve).
Sinon, ce sont les éducateurs spécialisés qui ont la charge très lourde d'encadrer cet adolescent qui n’admet aucune contrainte. Et pourtant, celui-ci a un besoin vital d'autorité et de stabilité. La réalisatrice sait montrer les difficultés immenses auxquelles sont confrontés les travailleurs sociaux qui doivent apporter la discipline, les règles, mais aussi la patience nécessaires à des adolescents "écorchés vifs" et violents. Benoit Magimel évoque avec sensibilité l’implication et les angoisses de Yann, le référent de Malony.
Rod Paradot (Malony) dont le joli visage enfantin contraste avec un regard buté et des colères soudaines et brutales, s’impose par la justesse de son jeu. Il est tout à la fois attirant et terrifiant.
La Tête haute est film dur mais très émouvant : les personnages, dont la belle photographie cueille les sentiments au plus près des visages, sont tous attachants. Le récit comporte des touches de douceur aussi : la tendresse de la jolie Tess (Diane Rouxel) pour Malony, la tablée joyeuse dans le centre pour fêter un anniversaire… Et l’issue laisse un espoir même s’il est fragile…
Monique Garrigue- Viney
05:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emmanuelle bercot, catherine deneuve, benoit magimel, rod paradot | Facebook | | Imprimer |