11 janvier 2007
Le tramway de Noël
J'ai pris le tramway direction Porte d'Ivry. Sur le quai, un vieux papy algérien entama la conversation. " Tu viens d'où, toi ? ". "Je suis d'ici ! Avenue Jean Moulin ". "Ah! t'habites là ?". "Oui "." Tu vas où?" - ""Porte d'Ivry !" ." Ah!" .
Il portait un ample manteau fatigué mais confortable , couleur camel. Ses cheveux blancs, ses yeux plissés pleins de sourires, son ton chantant m'évoquaient un Père Noël méditerranéen , ensoleillé. La voix d'un enfant surgit soudain d'un immeuble en face du quai du Tramway. C'était comme des appels ou un dialogue avec un interlocuteur absent. Je pris le Père Noël à témoin, il ne parut pas étonné le moins du monde, pendant que les interpellations enfantines continuaient de jaillir de l'immeuble. Un garçonnet était au balcon du 2ème étage, mais ses lèvres ne bougeaient pas. Il rentra dans l'appartement, la fenêtre restant ouverte. Les gazouillis mystérieux avaient l'air de sortir des arbres. Après tout, c'était veille de Noël, le merveilleux avait droit de cité, surtout aux abords du Tramway.
Le train arriva , coupant court à mes interrogations. Lumineux et soyeux, il glissait sur la chaussée avec un petit air de triomphe. En route tout le monde. Je montai dans la rame du milieu. Le tramway avançait comme un serpent agile et bienfaisant le long d'un boulevard des Maréchaux nettoyé et pimpant ; dans les voitures les gens étaient silencieux, un peu impressionnés. Un groupe d'enfants chaudement emmitouflés m'entourait, les grand-parents avec eux.
Arrivé Porte d'Orléans, le train fit halte, puis ,lentement, commença à gravir le boulevard Jourdan à petite vitesse. Dehors, le jour était déjà, à trois heures et demi de l'après-midi, plutôt gris , les gens qui arpentaient le boulevard paraissaient comme des ombres.
Au stade Charletty, la vitesse augmenta un peu jusqu'à la Porte d'Italie. Puis la Porte de Choisy, et enfin arrivée Terminus Porte d'Ivry. Quelle sympathique façon de voyager! Pas de bruit , juste un glissement soyeux, pas de descente hasardeuse, pas d'odeur ni de fumée. Je pris la direction du périphérique vers Ivry, pas rapides dans l'air glacé, je serrais la poignée de mon grand sac de Mère Noël. Boulevard Maurice Thorez, une petite fille de 2 ans attendait sa poupée avec impatience. Emma! J'accélérai le pas. Noël pour un enfant , je n'avais plus rien d'autre en tête.
Marie-Josée Carita
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