Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01 septembre 2009

III -Un survol historique de Survol historique de la paroisse Saint-Pierre de Montrouge

Un éphémère culte dissident

On était alors en 1840, et un singulier phénomène venait de se manifester au Petit-Montrouge : un disciple de l'abbé Châtel y avait établi la chapelle d'un culte dissident "l'Eglise catholique française", séparée de l'Eglise romaine et fondée au lendemain de la Révolution de 1830 par un prêtre né en 1795, l'abbé Châtel. Celui-ci, après avoir été vicaire, puis curé en province, était devenu aumônier du 23e Régiment d'Infanterie et du 2e Régiment de Grenadiers de la Garde royale sous la Restauration. Nous n'avons pas à entrer ici dans l'examen de sa "doctrine", qu'il disait fondée sur la seule raison, mais nous noterons qu'il célébrait ses offices en français et préconisait le mariage des prêtres. Sa succursale du Petit-Montrouge était établie à l'actuel n° 70 de l'avenue du Général-Leclerc, dans un grand local spécialement construit - qui devait par la suite devenir un entrepôt, un magasin, puis le Théâtre de Montrouge et, enfin, l'actuel cinéma "Le Mistral".

On a voulu minimiser le développement local de ce nouveau culte, et diverses notices disent ou sous-entendent que "l'Eglise catholique française", au Petit-Montrouge et dans ses autres succursales, "ne fit pas recette", ou encore ne connut qu'un "succès de curiosité". C'est une double erreur, d'ailleurs contradictoire : une part de curiosité est vraisemblable, mais la revendication d'une paroisse - avec son église - est historiquement prouvée comme l'expression d'un besoin insatisfait par suite des bouleversements politiques de la première moitié du XIXe siècle.

En fait, sur notre grande avenue-route d'Orléans, l'entreprise de l'abbé Châtel allait apparemment assez bien pour que le Conseil municipal de Montrouge lui allouât des crédits importants (les maîtres-carriers étaient riches), et se préparât à lui offrir un presbytère, mesures auxquelles le sous-préfet de Sceaux opposa son veto. Ce fonctionnaire appliquait évidemment une consigne ministérielle, dont la mise en oeuvre fut efficace. En effet, privé de subsides officiels - son culte étant censé gratuit - le desservant de l'église de Châtel ne put régler les mémoires des entrepreneurs qui avaient bâti sa chapelle, et le local fut vendu, terrain compris, par autorité de justice. Au même moment, les autres églises de Châtel furent fermées par la police.

1847 : Premier Saint-Pierre-de-Montrouge.

L'émotion causée par cette dissidence n'avait pourtant pas abouti à doter le Petit-Montrouge d'une église et, à défaut d'une paroisse, d'une succursale de celle de Saint-Jacques-du-Grand-Montrouge. Ce ne fut qu'en 1847 qu'une ordonnance royale constitua cette succursale, tandis que l'Archevêque de Paris nommait un curé, l'abbé Comte, mais en l'invitant purement et simplement à bâtir une église. Le nouveau curé, ne disposant pas d'une baguette magique, ne put que prier le grand éditeur-imprimeur catholique, l'abbé Migne, de lui concéder provisoirement une dépendance contiguë à ses immenses ateliers de la chaussée du Maine, ce que celui-ci fit volontiers. Mais le lieu était si incommode qu'il fallut, bientôt, pour pouvoir célébrer le culte, solliciter le prêt de la chapelle de la Maison de La Rochefoucauld. Cette solution de rechange dura jusqu'aux derniers jours de décembre 1847, où fut enfin inauguré un modeste bâtiment qui fut la première église Saint-Pierre-de-Montrouge.

Cette église était située entre l'actuelle rue Thibaud (alors rue d'Amboise) et le passage Rimbaud, exactement aux angles de ces voies sur l'avenue du Maine. L'entrée se trouvait, précédée de trois petites maisons de faubourg, sur la rue Thibaud. Une porte latérale s'ouvrait à la hauteur de l'actuel n° 195 de l'avenue du Maine.

R.-L. C