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27 janvier 2012

Le (très) difficile logement des classes moyennes

Enfin une brèche dans l’ « omertà » sur le logement des classes moyennes : oui, il y un problème, à Paris, et en Ile de France. Le CESER (Conseil économique, social et environnemental régional d’Ile de France) l’affirme dans un rapport publié il y a quelques jours. Les ménages à revenus moyens sont coincés par la pénurie, et il est de grande urgence de construire à leur intention 100.000 logements en 10 ans.

Car si la difficulté à se loger pour les plus pauvres est un problème national, la région capitale présente la particularité de ne pouvoir loger près de 500.000 ménages «trop riches» pour le social mais pas assez pour le parc privé, soit près de 10 % des Franciliens. "Nous parlons de ménages avec des revenus moyens de 3 800 euros mensuels, c'est-à-dire par exemple un couple d'un instituteur et une infirmière", explique Marie-Anne Belin, rapporteuse du rapport. Dans cette tranche "revenus moyens", 300 000 d'entre eux sont éligibles au logement social, mais en sont exclus parce que les places manquent ou sont déjà occupées.

Alors, ces ménages, ou bien s’entassent dans des logements trop petits et n’ont que 1 ou 2 enfants, ou vont en périphérie, ou quittent l’Ile de France. Or, souligne le rapport : "ce sont justement les actifs dont l'économie de la région a besoin". La priorité actuelle est de faire face à la plus grande précarité, et "Toute la chaîne est bloquée par manque de logements, notamment en location", souligne le Ceser, qui plaide depuis presque vingt ans pour des constructions massives, et pas seulement dans le « social ». Il faut construire 10 000 logements par an pendant dix ans, 5 000 dans le social et 5 000 dans le privé, fléchés vers cette population, soit un effort financier de 1,8 milliard d'euros par an. Pour cela, il faut faire revenir les investisseurs institutionnels et réorienter certaines aides publiques vers la création d'un parc locatif intermédiaire ; il faut également orienter une partie de l'épargne du livret A, de l'épargne d'entreprise et d'Action Logement (ex 1% logement) vers ce même type de construction.

Une nouvelle gouvernance?

Pour y parvenir, il faut un changement radical de "gouvernance" et la création d'une "structure de coordination régionale du logement", qui pourrait être étendue à l'habitat et l'urbanisme, à l'image de ce qui a été fait pour les transports.

On en est malheureusement bien loin, et de meilleures conditions de logement pour les classes moyennes en Ile de France ne sont pas pour demain.

A.C