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05 novembre 2008

Un bouquet, place d'Alésia

Au nom de l’écologie triomphante et du discours inquiétant tenu à propos de l’échauffement de la planète, posons la question qui peut faire consensus : la place d’Alésia ( aujourd’hui place Hélène et Victor Basch) ne se verrait-elle pas fleurie, arborée, et ses abords végétalisés ? Pourquoi ce carrefour si agité, si pollué ne serait-il pas agrémenté de quelques élégantes charmilles, de quelques cerisiers du Japon, de quelques gloriettes fleuries ? Utopie… fantaisie… rêveries de poète ?

Devant le fleuve inquiétant de la gente automobile, que sommes-nous devenus, nous les piétons, dont les narines souffrent de tant d’effluves pétroliers ? Voyez la foule en attente de traverser les passages réservés ; elle a le visage de celles et de ceux qui sont foudroyés par la danse des feux vert, orange et rouge, tandis que les regards goguenards des conducteurs de scooter, nous toisent pour mieux nous tétaniser ! Alors, que faire ?

Ici, nous le disons bien fort : il y a un besoin urgent de grands et massifs et beaux bouquets de fleurs , afin d’effacer le stress et la dépression rampantes ! Et ce ne sont pas les quelques palmiers chétifs et maigrichons, que la municipalité nous accorde pour tout faire-valoir, qui pourront nous faire croire que la place d’Alésia est devenue une oasis opulente ! Oasis, en devenir, où l’on pourrait trouver paix, sérénité, où l’air parfumé au jasmin envelopperait les sources et les ruisseaux limpides, où la fraîcheur des nuits capterait des musiques séraphiques, où des oiseaux multicolores cueilleraient les étoiles pour les répandre au pied d’une déesse… où les tapis seraient volants !

Non, la place d’Alésia, ou plutôt le carrefour éponyme, ne sera jamais cette oasis des Mille et une nuits. Il y a longtemps, elle portait le nom de la « Croix des Sages ». La sagesse, il n’en est plus question. Quant à l’ambiance bucolique, passons ! Sur la route d’Orléans, autrefois, les rouliers s’arrêtaient à l’auberge du « Puits Rouge», sise à l’emplacement actuel de l’agence B .N.P. Un godet de vin aigrelet vite avalé, et ils reprenaient la route. L’époque était aux guinguettes fleuries, aux servantes accortes, aux rires, aux chansons un peu légères…

Bouquet Alesia.jpg

 

Mais aujourd’hui, si vous désirez éviter le temps et le manège des essieux fous, alors, asseyez-vous à la terrasse du «  Bouquet d’Alésia » le dernier vrai café de la place. Commandez-y une « noisette », un pastis ou une limonade selon vos goûts, et laissez-vous habiter par le rêve, celui qui vous conduira vers l’époque lointaine où les lapins habitaient la garenne toute proche, où les nombreux moulins ronronnaient, où un certain « Moulin vert » faisait tourner ses ailes au-dessus des champs, et où le ciel était encore bleu comme un lac de montagne… Alors, votre récompense sera d’apercevoir la place d’Alésia transformée en prairie, une prairie fleurie de toute part, et le petit Montrouge redevenu le grand, c’est-à-dire le « Rubeo Monte » des origines !

Aujourd’hui, il n’y a pas d’obligation à croire à ses rêves, mais ceux-ci sont assez puissants pour vous aider à venir fleurir d’un modeste bouquet, les marches usées du temps qui passe et qui s’ enfuit !

R.Rillot