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31 janvier 2009

L'Alpenage de Knobst de Jean-Loup Horwitz

alpenage de Knobst.JPGLe théâtre est un miroir, miroir qui renvoie au spectateur sa propre image, et qui déplie devant lui le tissu du drame ou de la comédie que propose la vie. Ce miroir nous fascine parce que nous sommes sans défense devant cette mise à nu.

Et si ce miroir se brisait ? Si nous devenions soudain nous-même notre propre miroir, où les acteurs deviendraient spectateurs et le spectateur, acteur, c’est-à-dire témoin, placé au centre de la scène et qui se dévoilerait à lui-même l’architecture complexe de la réalité, notre réalité, celle de la vie mêlée à celle du théâtre, c’est-à-dire confrontée au double que nous portons tous en nous ?

Dans une salle de théâtre abandonnée, quasi en ruines, où la vétusté des lieux accompagne la déshérence de six personnages, dont deux couples opposés par leur culture et leurs origines, auxquels se joindra un troisième couple formé d’une infirmière et d’un acteur débutant…, le spectacle doit commencer d’un instant à l’autre, mais les acteurs qui doivent entrer en scène ne sont pas arrivés, ils sont absents. Le rideau de fer a été baissé, la grille d’entrée du théâtre s’est refermée, le directeur est parti en emportant la clé… Il reste six spectateurs-otages - (acteurs) pris soudain au piège dans un huis-clos définitif. La seule présence sensible qui peu à peu se fait jour dans une atmosphère glauque et progressivement tragique, est la mort qui sournoisement tisse son filet.

Le lieu du théâtre devient alors maudit, puis la salle peu à peu s’écroule. Tout semble revenir à la poussière, au chaos initial du néant. La fin semble inéluctable. Soudain du balcon à demi effondré surgit le directeur. Mais est-ce vraiment le directeur ? Peut-être un Juge suprême, le Sauveur , celui qui explique, qui reprendra en main la situation. On ne sait.

A ce stade de la pièce, la métaphore est puissante, car si le théâtre est parodie de la vie, la vie est peut-être une illusion. Devons-nous la subir, ou pour le moins agir au mieux de nos impressions, de nos intuitions ? La vérité de chaque vie se situe-t-elle au-delà de la simple réalité ou bien la réalité n’est-elle qu’une approche toujours imparfaite de nos désirs, de nos passions, de notre destinée toujours en sursis ?

Dans une langue volontairement faite de banalités et de lieux communs, où les clichés de langage sont fréquents et souvent en prise directe avec l’actualité, la pièce est aux antipodes de la convention théâtrale et dérangera les esprits cartésiens ou conservateurs, mais elle a le mérite de réveiller nos consciences, de secouer, d’ébranler nos certitudes, et en premier lieu celles qui définissent le confort parfois trop douillet de nos vies !

R.Rillot

Théâtre 14 Jean-marie Serreau - 20, avenue Marc Sangnier – Tél : 01 45 45 49 77 - jusqu’au 7 mars 2009 . e-mail : theatre14@wanadoo.fr

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