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07 janvier 2008

mon bistrot sans mégot

C'en est fait. Le dernier mégot a rendu l'âme et la dernière cigarette est partie en fumée.

Sur le zinc du comptoir, on ne verra plus les cendres encore chaudes des gitanes et des gauloises, des brunes et des blondes, des havanes et des havanitos.

On ne fera plus de voyages exotiques en Virginie, au Maryland, ni du côté de Cuba, car la guerre est engagée contre l'ennemi du jour : le barbare tabac.

Alors mon bistrot est triste, très triste. Plus de rêves enfumés, plus de brouillards épicés, plus de fragrances miellées, plus de vagues lueurs rougeoyantes au bout du doigt taché de l'aficionado fumeur. La solitude du mégot est définitive, car le mégot est dorénavant refroidi... Le cendrier, sa dernière demeure, est elle-même menacée. Le chômage, c'est sûr, le rendra arthritique et ankylosé. Sans doute, quelques noyaux d'olive pourront donner le change pour quelques temps encore, mais après ?

J'ai fait un rêve. Tous les bistrots de France se tenaient par la main. Ils attendaient que la dernière cigarette fût consumée, pour entamer une ronde autour du dernier disciple de Nicot et lui murmurer : "Va, rejoins ta dernière demeure : le Panthéon du fumeur esseulé".

Mon rêve parti en fumée, je me suis réveillé, puis ouvrant ma fenêtre, je me suis dépêché pour en "griller une", en me disant "autant en emporte le vent". 

R. Rillot