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14 avril 2011

Le tabac des catacombes

Sans doute, l’avenue du Général Leclerc est-elle peu propice à l’exercice du grand art que devrait être tout flânerie, tant est oppressant cette agitation exsudant de toute part : piétons stressés, voitures hoquetantes, motos-fumigènes, etc…

L’enfer est à porté de nos yeux, de nos oreilles et de nos esprits assiégés ! Nous titubons presque lorsque, glissant notre regard – et sans y prêter attention - notre esprit est surpris par l’inscription portée au-dessus de la vitrine d’une boutique où se présente une annonce bien curieuse : « Le tabac des Catacombes » ! Qu’est-ce donc ? Doit-on comprendre que le tabac proposé ici est issu de souterrains mystérieux et tout proches, où l’empire de la nuit règne sans partage sur un paysage fait de zombis et d’ombres spectrales ? Devons-nous écouter la mélancolique mélopée  chantée par un visiteur malchanceux de ces lieux et, qui égaré à tout jamais, continue d’espérer de revoir la lumière, en fumant une pipe débonnaire et consolatrice ? Ainsi, le  tabac consommé accompagnerait-il  les propres cendres de l’étourdi flâneur cataphile, qui au fil des kilomètres parcourus en souterrain, aurait semé les petits cailloux de la distraction, ou ceux plus mystiques,  d’une éternité bien mal engagée ?

Mais ne soyons pas trop assujettis à nos hypothèses, gardons les pieds sur la terre, à défaut de laisser leurs traces en dessous… Nous sommes bien avenue du Général Leclerc, à Paris, dans le 14e, et si l’envie nous prend, nous pouvons pousser la porte de cette boutique pour nous y approvisionner de cigares et autre calumets, tirer sur une Gauloise, s’amouracher d’une Gitane, sucer le culot d’une bouffarde, ou s’envoler sur des nuages de tabac, en craquant une allumette. Cela nous mettra sur les routes de Cuba, du Brésil ou de la Virginie ! A cet instant précis, il ne sera plus question de Catacombes, mais de savoir apprivoiser, sans qu’elle nous tue, l’herbe à Nicot !   R.R

07 janvier 2008

mon bistrot sans mégot

C'en est fait. Le dernier mégot a rendu l'âme et la dernière cigarette est partie en fumée.

Sur le zinc du comptoir, on ne verra plus les cendres encore chaudes des gitanes et des gauloises, des brunes et des blondes, des havanes et des havanitos.

On ne fera plus de voyages exotiques en Virginie, au Maryland, ni du côté de Cuba, car la guerre est engagée contre l'ennemi du jour : le barbare tabac.

Alors mon bistrot est triste, très triste. Plus de rêves enfumés, plus de brouillards épicés, plus de fragrances miellées, plus de vagues lueurs rougeoyantes au bout du doigt taché de l'aficionado fumeur. La solitude du mégot est définitive, car le mégot est dorénavant refroidi... Le cendrier, sa dernière demeure, est elle-même menacée. Le chômage, c'est sûr, le rendra arthritique et ankylosé. Sans doute, quelques noyaux d'olive pourront donner le change pour quelques temps encore, mais après ?

J'ai fait un rêve. Tous les bistrots de France se tenaient par la main. Ils attendaient que la dernière cigarette fût consumée, pour entamer une ronde autour du dernier disciple de Nicot et lui murmurer : "Va, rejoins ta dernière demeure : le Panthéon du fumeur esseulé".

Mon rêve parti en fumée, je me suis réveillé, puis ouvrant ma fenêtre, je me suis dépêché pour en "griller une", en me disant "autant en emporte le vent". 

R. Rillot