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04 avril 2009

L'art de la récup... ou devons-nous éviter le gaspillage

Il y avait les compressions de César, le « minimal-art », les «conceptuels», le « noir » Soulages, le futurisme de Marinetti, la peinture métaphysique de Chirico, sans parler du Cubisme et du Surréalisme, qui sont devenus eux, de grands classiques intouchables.

Aujourd’hui, nous avons l’Art de la récup… qui deviendra sans doute plus tard "l’Art-Récup", une nouvelle façon d’accommoder les restes, les miettes d'une imagination défaillante que certains « artistes » au souffle court, déposent sur le piédestal  de leurs lumières , là où leur art a une certaine propension à s’affaisser, et  à laisser pantois le quidam naïf devant tant d’obscures clartés !

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Car enfin, si je considère la brosse à dents comme étant digne de paraître au Panthéon des arts, où dois-je situer l’œuvre de Praxitèle ? Et la Vénus de Milo ? La pauvre, elle ne pourra jamais plus nous prendre dans ses bras pour nous consoler de la médiocrité de notre époque, à moins que le génie génétique ne lui redonne une nouvelle chance !

L’art-Récup, Ké-Cà- Ko ? C’est la simple décision de l’artiste de déclarer que n’importe quel objet banal et quotidien a droit à l’estime d’un regard sensible et complaisant. Exemple : une boîte d’allumettes, une boîte de conserve, un peigne cassé, une couverture mitée, etc…etc… peuvent faire l’affaire. Vous avez compris. L’art est à la portée de tous, et il suffit de vider nos poubelles sur le trottoir  et de proclamer dans un geste ostentatoire, autoritaire et définitif que nous sommes les « nouveaux créateurs », ceux qui s’approprient le monde et ses  déchets, pour en faire ressusciter l’émerveillement, la splendeur… A ce stade, guidés par une exceptionnelle clarté de l’esprit et de subtiles expressions ourlées d’un maniérisme décadent , nous voilà pénétrés par une sensibilité éthérée et quasi mystique !!

Ouf ! Je dérive… J’hallucine…  J’ai dû faire un AVC !!

Que nenni, ma doulce âme ! L’art de la récup est en marche, à notre porte, en l’occurrence à la Porte d’Arcueil, au terminus de l’aqueduc de la Vanne, en face d’une entrée du parc Montsouris, desservie par le tramway des Maréchaux. Et que voyons-nous ?

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Un vaste rectangle d’aluminium bouchonné, froissé qui reflète le va et vient des autos qui passent et des passants téméraires qui osent lever la tête et voir les éclats de leur visage, projetés sur ladite surface réfléchissante. Ils n’en reviennent pas. L’effet kaléidoscopique est saisissant. On leur a tiré le portrait en leur faisant éclater la tête !! Et vous vous dites : "Mais qu’est-ce qu’elle a ma gueule » ? Cela vous rappelle une célèbre réplique ! Quant à la femme aimée qui vous accompagne, vous ne pouvez plus lui dire : « T’as d’beaux yeux, tu sais »… C’est la catastrophe, la Bérézina de vos amours !

Oui, cette « œuvre » issue sans doute d’une longue et profonde macération de l’esprit de l' artiste, certainement sincère et qui a gardé une approche toute ludique des jeux de l’enfance, nous rappelle les tablettes de chocolat protégées par un papier d’aluminium qui faisaient la joie de notre lointaine enfance. L’art se serait-il réconcilié avec la société de consommation. Les supermarchés seraient -ils devenus les nouveaux panthéons modernes ?

Pour conclure ce propos, et garder le sourire, je vous propose une recette, ma recette « d’artiste »: mélangez du lait de "Bobo à gogo", de  la poudre de chocolat, quelques œufs frais, un peu de farine « artistique », faites cuire à feu doux, vous obtiendrez un gâteau sans prétention, qu’il sera bien temps d’élever au rang d’œuvre d’art , si ma cuisinière consent à y mettre tout son coeur, son savoir-faire et la modestie de son ego. Elle, au moins, ne se prendra pas pour un génie. Elle aura raison, et me rappelle volontiers, qu’en toute chose, il faut être inspiré pour réussir un chef-d’œuvre, même un modeste gâteau au chocolat !

R. Rillot

02 septembre 2008

César à la Fondation Cartier

Depuis la nuit des temps, l’art est exploration, tentative de l’homme de débusquer la lumière au détour des chemins de l’inconnu, et ce, quelles que soient les formes ou les choix retenus. Les fresques de Lascaux sont autant de points d’interrogation forgés dans la nuit de l’histoire humaine, que celles figurant au plafond de la chapelle Sixtine. L’art n’explique pas, il donne à voir l’invisible.

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Et César est de ces artistes qui extraient du temps éphémère, les rares pépites de soleil sur lesquelles l’homme accroche son regard et remet en cause le dogme de ses certitudes artistique ou autres.

César réorganise les relations entre la matière et le geste qui transformeras cette matière : masses d’acier concentrées, densifiées, enchevêtrées, pliées, où la contrainte joue avec le passé utilitaire du matériau d’origine. Il libère la présence du travail de l’homme, depuis que celui-ci a découvert l’outil, et par conséquent l’empreinte quasi indélébile qu’il laisse dans le temps, de son passage sur Terre.

Le corps humain est aussi l’autre référence « césarienne », à travers l’expansion de poings, de mains, de doigts, et de seins. César nous présente à travers son kaléidoscope anatomique,  la spécificité ontologique propre à l’unicité de toute l’espèce humaine. Par là-même, il décrypte et résume le monde si diversifié, si abondant du vivant.

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Enfin, il y a cette fascination pour la matière "molle", oublieuse de la forme telle que la pratiquait les sculpteurs dits « classiques », à partir du matériau « noble » - marbre, calcaire, terre cuite… , et qui soudain, à travers l’utilisation de la mousse polyuréthane, le polyester, le plastique expansé, se voit  transformée par une mutation technologique radicale. Le hasard accompagne celle-ci. Des coulages, des gonflements, des glissements, des échappements  conférent alors à l’œuvre une destinée aléatoire. Dès son ébauche, l’œuvre évolue vers un achèvement  imprévisible, guidé uniquement par l’intervention graduée et progressive de l’artiste, celui-ci restant maître de la forme définitive à imprimer à la matière. La chimie moderne rejoint ici l’alchimie de l’imaginaire...

Avec César, nous assistons à la libération de cette matière qui délivre alors ses forces telluriques cachées.  Mais in fine, celles-ci sont toujours conduites, accompagnées, pacifiées par la main intelligente de l’homme. L'esprit reste  le maître-d'oeuvre, incontournable vainqueur du chaos.

 R. Rillot –

Fondation Cartier pour l’Art contemporain – 261, bd. Raspail. Tél 01 42 18 56 50. Exposition jusqu’au 26 octobre 2008.