Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12 février 2014

Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit

de Jean d’Ormesson

Dormesson.jpgC’est un roman inclassable, ou plutôt à classer dans le périmètre d’une œuvre où l’auteur raconte au passé, au présent et parfois dans le futur incertain de l’humanité, les avatars d’une vie, la sienne. Et cela avec un brio, une fougue, parfois un brin de fausse modestie accompagnée de notes mélancoliques où la joie de vivre soudain apparaît.

Bref, nous découvrons la saga d’un homme ordinaire qui aurait malgré lui la forte nostalgie d’une haute naissance, celle issue d’une famille d’aristocrates, dont la lignée est prodigieuse.

Mais à travers cette atmosphère de légèreté, d’insouciance apparente, il y a l’homme, le vrai. Celui qui doute, celui qui sait que la vie a un terme, dans la perspective que l’issue est dans la mort. Ce constat conduirait-il tout humain vers le néant ou la vie éternelle ?

Les pages du chapitre : « Il y a au dessus de nous quelque chose de sacré » sont particulièrement profondes et émouvantes. Ainsi : « … l’idée que notre naissance est une condamnation à mort est difficile à supporter ». De même le rapport au temps qui passe est superbement traité : « … nous avons le droit de croire autre chose qu’à ce temps et à ce monde, nous avons le droit d’espérer un destin éternel… ». Et plus loin : « … nous sommes de la poussière d’étoiles affinée par le temps ».

A ce stade, Jean d’Ormesson est amené à évoquer l’existence ou la non existence de Dieu. Ici, l’auteur se fait métaphysicien : « Dieu est absence, Dieu est silence. La seule idée que nous puissions nous faire de lui, dans notre misère d’ici bas, c’est sa création, ce sont les autres hommes ».

Les dernières pages sont d’une rare et exceptionnelle beauté sur le plan spirituel, lorsqu’il adresse une prière à Dieu et que Celui-ci lui offre en retour son pardon…

Un livre où l’émotion et la réflexion sont les archétypes d’une pensée d’esthète et de voyant

R.Rillot

Edition Robert Laffont- 19,95€- en Kindle 15,95€

12 janvier 2011

C'est une chose étrange...

jean d'ormesson_.jpgà la fin que le monde !  Jean d’Ormesson, avec la légèreté de ton  et avec l’intelligence qu’on lui connaît, celle-ci servie par le sérieux, la lucidité et ce brin provocateur, nous invite à partir en voyage – et quel voyage ! vers une destination inconnue : le pourquoi du monde, le sens de notre vie, ses hasards,  ses nécessités et  le sens caché de la Création.

Vaste programme, vaste question où les interrogations tiennent lieu de fil conducteur, où les idées et le discours de l’homme confronté au sens caché de la Création, obligent le lecteur à se tenir en équilibre fragile face à l’assurance d’une réalité incontournable – la vie sur Terre -  et à cette intuition  abyssale que sont l’infini et son corollaire, le vide absolu du cosmos.

Jean d’Ormesson n’hésite pas à chaque instant à instiller en notre esprit, sinon le doute, du moins l’interrogation primordiale : qui suis-je, que représente mon existence au milieu de ce cosmos dont le sens m’échappe ?

Dans un langage clair, loin de toute intellectualisme pédant et précieux, J.O. nous accompagne , tenant le rôle d’un guide attentif, sûr de la route qu’il a prise. Il nous conduit par la main vers des rivages inconnus, ceux où l’espace et le temps, le Dieu créateur et le néant, le désir de traverser le « mur », joint à l’impuissance de tout comprendre, se télescopent pour déboucher au sommet d’une montagne, où l’horizon nous fait découvrir un ciel infini. Les questions ne sont pas toutes suivies de réponses. Nous sommes confrontés à une étrange équation : le plus petit animalcule, la plus petite flore, sont aussi importantes pour notre vie que le passé et l’avenir des milliards de galaxies qui peuplent l’univers…

Jean d’Ormesson conduit dans son livre, un  gigantesque orchestre symphonique dont la partition n’est pas finie d’être écrite. La lecture en est d’autant plus captivante, éblouissante, que l’œuvre de la Création, n’est sans doute pas achevée ! Ce voyage est un voyage initiatique par lequel l’esprit assiste à sa propre naissance, et où celui-ci  est confronté au fantastique horizon qu’est la notion indéfinissable de l’infini.     R.R

-Ed. Robert Laffont

19 janvier 2010

Saveur du temps, de Jean d'Ormesson

saveurdutemps_.jpgSaveur ? Ce mot nous renvoie à celui de parfum, à l'odeur  née au siècle passé et qui se prolonge de nos jours. Le premier chapitre, qui est dédié à l'avenir du roman, date de décembre 1962 et a été publié dans le journal Arts, aujourd'hui disparu. Une autre chronique, écrite à propos de cette question : « Mais qu'est-ce donc qu'un bourgeois » , publiée dans le Monde , date d'octobre 1948 !.. Et le livre de jean d'Ormesson s'achève sur un écrit présenté dans le Figaro de juillet 2009, à propos d'un « Grand bond pour l'humanité » : l'alunissage du module «  Columbia », sur la lune en 1969 ...

A travers ce panorama d'une immense étendue, l'auteur fait défiler devant nos yeux étonnés, de multiples personnages et des événements reliés entre eux par une succession de faits de société particulièrement choisis, pour nous faire comprendre la complexité de notre monde contemporain.

Nous assistons ici à une sorte de globalisation de ce que représente tous les aspects de l'esprit humain à travers des personnalités qui ont toutes leur originalité. Ainsi, Jean d'Ormesson est capable de nous parler à la fois de Ronsard, puis de Chateaubriand, de Pierre Louÿs ou du marquis de Custine avec la même veine,  ses connaissances encyclopédiques apparaissant alors comme inépuisables.

Il peut évoquer Montherlant, ou l'écrivain brésilien Borges, il se cache dans les plis de l'âme de Soljenitsyne ou de Sadate, et nous fait rencontrer Simone Veil, sans oublier de Gaulle et même Edith Piaf... Il aborde Plutarque et Julien l'Apostat... Les snobs, les dandys du jour, les Parisiennes, les bourgeois n'ont pas de secrets pour lui, et en fin de compte pour nous aussi !

Nous sommes éblouis par tant d'intelligence, de culture, de perspicacité à vouloir démontrer les mécanismes intellectuels qui animent et irriguent les arcanes de l'esprit. Il nous livre le tableau des passions, il nous éclaire sur les élans, le ridicule, la mesquinerie, les faux-semblants, l'hypocrisie, le courage ou simplement le message prémonitoire que délivrent certains de nos  contemporains : hommes politiques, artistes, philosophes, écrivains, aventuriers, ou poètes parfaitement inconnus...

Oui, vraiment ce livre est une somme, la chronique du temps qui passe, où la vie du monde nous inonde d'images, les unes sublimes, les autre plus quotidiennes et personnelles, mais toutes brûlées au feu toujours régénérateur de l'esprit, l'esprit libre, l'esprit naviguant en haute mer, celle où se rassemblent les soleils flamboyants de l'âme humaine.

Une merveille d'écriture, un livre à lire de toute urgence, pour notre plus grand plaisir !

R.R

- Editions Héloïse d'Ormesson - www.editions-héloïsedormesson.com