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02 novembre 2007

Pavé pas mort

De nos jours,  exceptionnelles sont les rues où apparaissent, déformés et rugueux, les bons vieux pavés de jadis.

Ils faisaient de nos chaussées de périlleuses pistes de danse, montagnes russes où le pied de nos élégantes se tordait, non de rire mais de douleur.

Il faut faire preuve d'une belle patience, pour découvrir parmi les quartiers - villages du 14ème, les trop rares ruelles ou impasses qui portent encore les traces de ce revêtement antédiluvien, propre à émouvoir l'humeur nostalgique du promeneur - poète.

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Car les ZUP, les ZAC et les ZAD  sont passées par là et les pavés ont trépassé. La nostalgie n'a plus pignon sur rue. Le pavé est le SDF du macadam, témoin impuissant de la nouvelle pauvreté. Sa démarche chaotique, hallucinée par les gaz délétères des voitures immobiles, s'apparente plus au tangage provoqué par une marée d'équinoxe échevelée, que par le profil épuré de l'autoroute du soleil.

C'est ainsi que j'ai découvert, rue des Thermopyles, passage de la Tour de Vanves, Villa d'Alésia, rue des Artistes, Passage Rimbaut, Passage d'Enfer, rue du Commandeur, rue de la Saône, passage Montbrun, etc… des chaussées dignes héritières de celles qu'ont pu construire les Romains en notre doulce et bucolique Gaule. Et encore ! Ces conquérants connaissaient-ils le pavé ? Négligeant les PLU et les POS, leur seule préoccupation était de couper sans état d'âme  et en ligne droite, plaines, collines et vallons, afin d'imposer dans le paysage la "Pax Romana".

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Aussi, cher pavé mon frère, bouleversé par l'indifférence générale et m'attachant à tes pas, ai-je juré pour ta survie, de poser dorénavant avec délicatesse ma sandale, sur ton épiderme blessé à vif… sachant que l'enfer peut être parfois "pavé" de bonnes intentions !

Sois assuré que je serai toujours attentif aux herbes folles qui folâtrent à la lisière de ton crâne lisse et poli. Qu'elles soient l'ultime couronnement de ta présence distinguée et d'une émotion partagée avec celles et ceux qui rêvent à ton destin à jamais scellé par l'oubli.
Non, pavé de nos rues, tu n'es pas mort, puisque tu résonnes encore sous mes pas en faisant fleurir le parfum délicat d'un Paris disparu.

                                                                                                                                                                 R.R.