27 avril 2010
Alice au Pays des Merveilles . Film de Tim Burton.
Tim Burton , le réalisateur, s’est frotté à l’œuvre majeure de l’imaginaire britannique pour nous proposer sa vision et son interprétation des aventures d’Alice au pays des questionnements (wonderland).
La petite fille du chef -d’œuvre de Lewis Carroll a grandi , elle a maintenant 19 ans , et, son père mort, sa mère (que l’on soupçonnait déjà de ressembler à la « reine de coeur ») la prie d’accepter la proposition de mariage d’un Lord peu ragoûtant, mais …elle n’aura pas toujours le charme de la jeunesse pour plaire à d’autres n’est-ce pas, lui rappelle sa maman. Alice, grandie, a gardé son horreur de toute contrainte, de toute convention humiliante …Que peut-elle faire? Heureusement, son allié, le Lapin Blanc va l’extraire à nouveau de son monde d’apparences trompeuses pour la ramener à celui où tout apparaît au grand jour. Là-bas, les personnages stagnent depuis sa dernière visite dans l’attente d’un libérateur. Le royaume parallèle vit dans l’urgence de se débarrasser de la tyrannie de la reine rouge. Chacun se soumet ou devient fou. Repassent les images suspendues dans le temps du Jardin des Fleurs soudain ravagé par l’irruption d’un monstre halluciné de rage….le Bundersnatch! Ce monstre (chien gigantesque) est suivi du Chevalier Noir, l' âme damnée de la reine Rouge faisant prisonnière tout créature vivante trouvée sur son passage pour l’amener au palais. Alice, réchappée de justesse, revoit les protagonistes du fameux Thé chez les Fous d’autrefois: le Loir, le Lièvre de Mars et le Chapelier Fou, grandiose Johnny Depp, avec son nœud de cravate rose assorti à son mythique chapeau haut de forme. Ce dernier personnage lui viendra en aide et lui demandera d’ intervenir une dernière fois après avoir pris les ordres de la chenille bleue détentrice du savoir sur l’avenir -déjà écrit- du royaume. Alice vaincra la Reine Rouge et tuera le «Jabberwocky »grâce à l’épée « Vorpaline » dont elle deviendra le champion pour le retour de la Reine Blanche.
Ses aventures, tirées d’un heureux mélange des Aventures d’Alice au Pays des Merveilles et des autres contes de Lewis Carroll ( de l’Autre côté du Miroir) associés aux trouvailles picturales de Tim Burton plairont beaucoup aux psychanalystes et aux mâcheurs de rêves de tout poil que nous sommes.
Des scènes d’une grande beauté et poésie graphiques et dramatiques se succèdent à vive allure (car il court le Lapin Blanc avec sa montre enragée)! La chute d’Alice dans le terrier sans fin, les métamorphoses corporelles d’Alice, les rencontres dans le jardin des fleurs, Tweedeldee et Tweedeldum, les jumeaux de la confusion, le Cheshire Cat et son sourire sans solutions, le Bundersnatch, le Chapelier Fou, l’arrivée au château de la Reine Rouge, La furie mégalomaniaque de cette dernière, la fuite chez la Reine Blanche, le combat final, la victoire suivie du retour dans le monde des humains. Certaines scènes rappelleront la quête et la scénographie du « Seigneur des Anneaux »par exemple , mais les figures et le déploiement de l’action restent très originaux et les images neuves.
Image ultime de la patte de Tim Burton, survit dans le spectateur, longtemps après le mot Fin inscrit sur l’écran, la sombre mélancolie d’un Chapelier Fou au top (hat) du baroque le plus échevelé portant en lui un indéfinissable mélange d’espièglerie, de rouerie, de désespoir et d’insurrection, et qui littéralement électrise le spectacle, laissant loin derrière la figure pâle et inquiète d’une Alice russe qui a bien du mal à prendre une décision! C’est pourtant bien elle qui nous ressemble, hésitant que nous sommes à manier l’épée qui couperait avec nos tyrannies.
Marie-Josée Carita
06:01 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alice au pays des merveilles, tim burton, film | Facebook | | Imprimer |
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