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16 juillet 2008

Sagan...

3705782fba2cf8dd9825ee11f21ce625.jpgA la sortie du film de Diane Kurys, que restera-t il pour ceux qui ne connaissent pas Françoise Sagan ? Pas seulement le fait, j’espère, qu’elle aimait les femmes…

Françoise Sagan était avant tout un grand écrivain sensible, fragile…Très tôt emportée par le tourbillon de l’argent, de la facilité… « Bonjour Tristesse » son premier roman a été vendu à 1 million d’exemplaires en quelques semaines. Le succès est considérable.

Sagan aimait la nature, les chats, qui apparaissent comme une ponctuation dans le film, comme le chaton sur ce genoux, alors qu’elle n’est plus qu’une épave sur son fauteuil roulant, les chiens, les chevaux qu’elle décrit si bien dans le livre «  Et toute ma sympathie », Elle y parle d’Hasty Flag », dont on raconte l’histoire dans le film : « comme il était beau, modeste, et brillant sous son écume dans le soleil …de temps en temps je rêve de lui » . Les chevaux, elle les aime tant, qu’il y en avait un dans le parc à jouer de son fils Denis, quand il était petit. Elle a galopé des journées entières, sur le Causse du Lot sur Poulou, « il m’est arrivé de dormir dans le cou de mon cheval quand il faisait froid »

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Son premier mari la trompe dès le premier jour, le père de Denis, Bob Westhoff, beau sympa…aimait les hommes. Rien de facile pour Françoise…

Son fils Denis, elle l’aimait, elle voulait « qu’il y ait un lien entre la vie et lui »…

Françoise Sagan, pseudonyme inspiré de la princesse de Sagan dans « A la recherche du temps perdu » de Proust), Quoirez de son vrai nom, est née à Cajarc, dans une maison lovée au creux d’un méandre du Lot… un jour d’été, le 21 juin 1935.L’été, le soleil, qu’elle aimera toute sa vie…

On parle beaucoup de Saint-Tropez, mais Françoise retourne souvent à Cajarc, les mois d’août.

Il y a beaucoup de repères dans le film, visuels, phoniques, la voix off est très importante et nous rappelle que Françoise Sagan était avant tout écrivain. La solitude était sa pire ennemie, son angoisse, le film fait bien ressentir cela. Pour ceux qui ne connaissent pas bien Françoise Sagan, ces repères sont ils suffisants ?

Sylvie Testud, est incroyable de ressemblance avec Françoise Sagan, les gestes, les mots la voix si particulière. BRAVO mille bravos Françoise Sagan aurait été satisfaite de se voir dans « Ce miroir égaré ». Seule, cette façon de manger les mots, pour plus vite finir les phrases, était difficile à reproduire, mais ce n’est rien vu la réussite de la prestation à si bien incarner un personnage si particulier, « Un certain sourire »et cela tout en délicatesse.

Une petite musique singulière, comme les titres de ses livres : « Aimez- vous Brahms ? » ; « Un piano dans l’herbe », « Musiques de scènes », « Les violons parfois »

Françoise Sagan avait l’art de raconter la légèreté des choses graves de la vie.

Cette vie sulfureuse, ses fuites en avant, cachaient une timidité maladive…mais elle voulait « mourir en route »…

Elle est morte le 24 septembre 2004, à Honfleur, près de la mer…

Elle a été inhumée au cimetière de Seuzac, à quelques kilomètres de sa ville natale de Cajarc. On l’a alors saluée comme « figure éminente, flamboyante et mélancolique »…Un « Orage immobile » planait sur le Causse ce jour là.

Marie Belin, dont la maison de famille est à Viels Loupiac, juste en face de Cajarc…sur le Causse, avec vue sur le Lot…

05 juin 2006

Le caïman : les voies de la satire

medium_le caiman.jpgQuand le film de Nanni Moretti est sorti, annoncé comme virulente critique de Silvio Berlusconi, celui-ci était encore au pouvoir. Le film a tout de suite soulevé l'enthousiasme. Mais, après la chute de Berlusconi, certains ont pensé qu'il n'était plus utile de dire que le film était bon. Nous avons donc d'autant plus de plaisir de le dire ici. N.D.L.R

 

« Le Caïman » fait partie de ces films dont on ne décèle pas toutes les qualités à la première vision, mais qui vous hantent discrètement, et donnent envie de les revoir. C’est une œuvre très originale, qui juxtapose intelligemment et sans esbroufe plusieurs thèmes et différentes techniques narratives.


La séquence d’ouverture, éblouissante, nous plonge au beau milieu d’un de ces films de genre envahis de meurtres sanguinolents, popularisés par le cinéma italien sous le nom de giallo. C’est l’occasion d’introduire le héros de l’histoire, Bruno, producteur spécialiste de ce genre de films, qui traverse une sombre période  : sa femme et lui se séparent, et il n’a eu aucun projet sérieux depuis dix ans – si ce n’est «le retour de Christophe Colomb », qui vient de lui passer sous le nez. Sa seule consolation est de conter à ses deux petits garçons les aventures improbables d’Aidra, héroïne de ses productions.

Lorsqu’il reçoit d’une apprentie cinéaste un scénario, ses déboires personnels expliquent qu’il tarde tant à voir ce qui saute aux yeux du spectateur le moins averti – c’est-à-dire n’ayant pas ouvert un journal ou regardé la télévision depuis trente ans – à savoir qu’il s’agit d’une biographie de Silvio Berlusconi. 

On peut être dérouté par le mélange de genres, qui promène le public de la parodie de série Z au film politique, du conte noir à la romance. Cet aspect touffu n’amoindrit pas la satire, au contraire. Elle passe par l’éveil à une forme de conscience du producteur, jusque-là fort indifférent à la politique. 

De plus, en jouant sur les images d’archives (le vrai Berlusconi), les visions nées de la lecture du scénario, où apparaît Elio de Capitani, les répétitions avec Michele Placido, et enfin le résultat final (le rôle étant cette fois-ci tenu par Nanni Moretti), le réalisateur nous invite non seulement à une réflexion politique, mais aussi à une promenade dans le processus de création cinématographique. Les comédiens lui servent de complices : Silvio Orlando, exubérant et nuancé, Margherita Buy, surprenante, Jasmine Trinca, très crédible en réalisatrice débutante.

Josée Cathala

Un film de Nanni Moretti, au Gaumont Alésia et aux Sept Parnassiens.