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23ème dimanche du temps ordinaire
Année Saint Luc 
7 septembre 2025 

DÉPOUILLÉ ?! 

La parabole de l’évangile de ce dimanche est déroutante : par deux fois, on nous présente la réflexion d’un homme qui vérifie s’il est suffisamment équipé (en richesses, en soldats) pour mener son projet à bien et la conclusion invite à un dépouillement : « celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient… » Alors devons-nous être équipé ou dépouillé ? 

Pour sortir de la contradiction, il faut introduire la notion de disponibilité : comment s’équiper efficacement si l’on est, en fait, encombré ? Il arrive bien souvent que des éléments accessoires empêchent de s’armer de l’essentiel. Ayant pérégriné cet été sur la Via Lauretana - d’Assise à Lorette (159 km) -, j’ai expérimenté très concrètement cette problématique : qu’était-il nécessaire de conserver ou d’écarter pour, à la fois, supporter la marche et que le sac ne dépassât pas 12 kg ? 

Être disciple de Jésus jusqu’à participer à sa résurrection met en œuvre la même logique : il ne suffit pas de le suivre, il faut encore que chacun porte sa croix. Et pour que cela soit possible, il nous faut recevoir la grâce de l’Esprit Saint. Sans elle, nul ne peut prétendre porter cette croix qui est déjà là dans notre vie (notre fragilité de créature mortelle, notre histoire blessée, notre complicité avec le péché…) jusqu’à ressusciter. 

S’il en était autrement, il n’aurait pas été indispensable que le Verbe se fît chair, mourût sur la croix et ressuscitât ; nous aurions pu nous débrouiller seuls. 

Cette grâce de l’Esprit Saint demande une disponibilité de notre cœur pour se déverser en nous. Ainsi, il est bon de nous examiner en ce dimanche pour identifier ce qui encombre l’espace de notre cœur. Peut-être en deux directions : premièrement, qu’est-ce que je convoite tant ordinairement qui me fait oublier même de désirer l’Esprit ? Deuxièmement, le temps dont je dispose est-il judicieusement utilisé ou se retrouve-t-il en fait saturé par des activités peu fécondes ? Bon discernement ! 

Père Gabriel WÜRZ, curé +

PAROISSE SAINT-PIERRE DE-MONTROUGE

Textes de l'année C:
Sg 9,13-18: Dieu donne la Sagesse.
Ps 89, 3-6, 12-14.17 : Apprends-nous la sagesse.
Phm 9b-10.12-17 : Ton esclave est un frère.
Lc 14, 25-33: Renoncer à tout pour le Christ.

Dimanche 7 septembre
23ème dimanche dans l'année

Nos frères Carlo et Pier Giorgio

« Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère... et même à sa propre vie.., celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite, ne peut pas être mon disciple » ; Jésus, dans un premier temps, nous appelle à un renoncement radical, presque surhumain, à un amour de Lui plus fort que tous les attachements. Dans un second temps, paradoxalement, Il nous enjoint de réfléchir : « Qui veut bâtir une tour, ne s'assied-il pas d'abord pour calculer la dépense ? » Jésus ne propose ni l'insouciance ni l'épreuve insensée, mais une réponse généreuse et mûrement réfléchie, où le coeur et la raison collaborent pour répondre à l'appel du Seigneur.

Il s'agit donc d'une aventure de foi exigeante, une "folie", mais une folie éclairée — donc pleinement humaine et pleinement divine. C'est une invitation à lâcher prise sur ce qui nous retient, pour bâtir avec le Christ, et marcher à ses côtés dans la réalité de nos vies.

Dans ce même esprit, nous célébrons ce dimanche un événement exceptionnel : la canonisation de Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati, deux jeunes laïcs italiens dont la sainteté trouve une résonance particulière en notre époque. Notre Saint Père le pape Léon XIV préside la messe solennelle aujourd'hui même, place Saint-Pierre.

Carlo Acutis, adolescent de notre siècle, passionné d'informatique, créateur d'un site sur les miracles eucharistiques, illustre merveilleusement cette alliance entre renoncement et raison. Il mettait son talent numérique au service de l'Évangile, vivant une foi joyeuse et contagieuse au coeur du monde moderne.

Pier Giorgio Frassati (1901-1925), montagnard, attaché autant à la justice qu'à la fraternité, dévoué aux pauvres et aux jeunes de sa région turinoise, personnifie l'engagement social animé par l'espérance chrétienne.

Ces deux figures incarnent une sainteté tangible, accessible, qui n'oppose pas « l'autre monde » à la réalité concrète de nos vies. Leur mort prématurée nous montre la fécondité d'une vie pleinement donnée, sans appréhension et sans retour. Leur trajectoire illustre le verset de la Sagesse : « parvenus à la perfection en peu de temps, ils ont rempli une longue carrière. » Leur brève existence nous rappelle que suivre le Christ ne signifie pas fuir le monde, mais y entrer pleinement, armés de notre liberté, de nos talents, de notre foi réfléchie.

Leur exemple nous inspire, leur fraternité nous stimule et leur intercession nous soutient : que nos renoncements soient éclairés, nos engagements mûrement pensés, et nos vies entièrement offertes à Celui qui, dans un mystérieux amour, nous invite à le préférer à tout.

Père Jean-Philippe Fabre