16 novembre 2006
Désaccord parfait
Une comédie sentimentale
L'humour anglais joint à celui de l'esprit français, donne à ce film une tonalité particulière. Lorsque Alice d'Abanville (Charlotte Rampling) doit remettre au cinéaste Louis Ruinart (Jean Rochefort) le "Batar" d'honneur pour son œuvre, on entre tout de suite dans un univers où fleurissent les petites phrases assassines, les rancoeurs en tout genre, les répliques vachardes accompagnées de banderilles bien placées.
Autrefois, Alice et Louis ont vécu une grande passion, voici de cela trente ans. Puis ils se sont séparés. Aujourd'hui, les règlements de compte alimentent l'acidité de leurs propos, et montrent que les plaies du passé ne sont pas toutes refermées. Mais au delà de ce nouveau face à face, les sources de la tendresse ne sont pas taries. Gestes et paroles révèlent l'âme de chaque personnalité dans une possible et probable réconciliation qui serait à venir, mais qui pour l'instant est bien fragile et aléatoire. A ce stade, le film semble vouloir donner raison à un certain, sinon désenchantement, du moins détachement de chacun, face à l'ambivalence des sentiments.
Dès le début, un cocktail savoureux et décalé se met alors en place, illustrant les situations, où la fantaisie, le burlesque l'emportent sur le comique convenu ; cocktail soutenu par l'ironie et les sarcasmes d'Alice dont l'image s'oppose à celle de Louis, celle-ci un brin surréaliste, déjantée, en un mot poétique.
Le spectateur retrouvera ici, tant dans les dialogues que dans les situations, le schéma traditionnel de la comédie sentimentale, celle à laquelle nos parents, nos grands-parents adhéraient sans réserve. A vous d'en évaluer le juste équilibre.
On pourra regretter cependant qu'Antoine de Caunes n'ait pas cru devoir prolonger au delà des premières scènes le rythme tonique des premières images, et rendre ainsi les séquences suivantes plus dynamiques. Par moment, on s'assoupit… Dommage.
R. R.
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23 octobre 2006
L'éventail...
L'éventail de Lady Windermere d'Oscar Wilde au Théâtre 14
La toute jeune Lady Windermere, très éprise de son mari, apprend par la rumeur répandue par ses amis " très " bien intentionnés " qu'il rencontre régulièrement et semble même entretenir une femme dont la réputation est scandaleuse… Comble de l'indécence, il l'invite chez eux ! Lors de la rencontre avec cette personne mystérieuse et très séduisante, Mrs Erlynne, on frôle le drame…
Oscar Wilde décrit avec un humour grinçant la bonne société anglaise de la fin du XIXème siècle aux conventions étouffantes et totalement hypocrites. Le dialogue est toujours spirituel, et le spectateur savoure les réparties cinglantes dites sur un ton léger. Le fond est plus profond qu'il n'y paraît car on peut y retrouver la solitude de tous ceux qui sont en marge des règles dictées par leur milieu social.
Cette brillante comédie est servie par le jeu des acteurs : chacun incarne parfaitement son rôle et en particulier Geneviève Casile, éblouissante Mrs Erlynne ! Tout est réussi : la mise en scène, les décors, les costumes absolument splendides. Bref, une soirée délicieuse dans un théâtre où l'on se sent bien.
Monique Garrigue
Cette pièce se joue jusqu'au 4 novembre au Théâtre14-Jean-Marie Serreau -20 avenue Marc Sangnier 75014-Tarif réduit pour les habitants du 14ème.
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25 juin 2006
La Cité Internationale Universitaire
La Cité internationale universitaire de Paris et ses 38 maisons
Une collection d'architecture en plein air
Véritable exposition d'architecture du 20ème siècle, la cité internationale universitaire de Paris est implantée dans un parc de 34 hectares. Les bâtiments construits entre 1925 et 1969 illustrent des courants architecturaux d'une grande diversité et expriment les particularités des pays ayant concouru à leur édification. Parmi ces bâtiments, la Fondation Deutsch de la Meurthe ( Lucien Bechmann) la fondation suisse ( le Corbusier et Pierre Jeannet) la maison du Brésil ( Lucio Costa et le Corbusier), le collège néerlandais ( Willem Marinus Dudok sont classés ou inscrits au titre des monuments historiques. D'autres édifices comme la fondation Avicenne, signée Claude Parent ou encore la Maison Internationale, inspirée du château de Fontainebleau, aux allures néo-Louis XIII, illustrent l'éclectisme architectural de la cité internationale. Quelques aménagements intérieurs des maisons sont dus à des artistes comme Charlotte Perriand ou Jean Prouvé.
Chronologie de la construction des Maisons 1925.
La Fondation Deutsch de la Meurthe , composée de six pavillons résidentiels et d'un pavillon principal a été conçue par Lucien Bechmann. Son style s'inspire à la fois du dispositif typique des universités anglaises et de l'architecture du Moyen Age en France, avec son beffroi et ses pavillons groupés autour d'un jardin rectangulaire. Chaque pavillon porte le nom d'un savant français ou d'un recteur de l'Université de Paris. Sur la façade du pavillon central se trouve le texte scellé dans la première pierre de la Cité Internationale.
1926 La Maison des étudiants canadiens a été la première résidence étrangère implantée à la cité internationale. Conçue par les architectes Emile Thomas et Georges Vanter, le bâtiment a subi un premier agrandissement en 1967/1968 et possède une salle de lecture. Le salon Wilson, du nom du donateur d'origine, est une salle destinée aux manifestations culturelles diverses, s'ouvrant sur une terrasse. Cette maison a entièrement été rénovée en 2006, grâce au financement des autorités canadiennes et au comité de soutien de la Maison, basé au Canada.
1927 La Fondation Biermans-Lapôtre, dessinée par l'architecte Armand Gueritte, a été financée grâce à une donation de Jean Hubert et Berthe Biermans-Lapôtre. Ce bâtiment conjugue des éléments flamands et wallons. Sa grande salle des fêtes possède une statue de la reine Astrid, réalisée par le sculpteur français Raymond Couvegnes. Dans cette salle, se trouvent également des fresques représentant les villes de Bruxelles, Anvers, Liège et Namur.
1928 La Fondation Argentine, première maison non francophone de la Cité internationale, a été conçue par trois architectes, deux Français et un Argentin, Tito Saubidet. L'architecture aux références argentines ( arcades, auvent, entrée à colonnes…) reflète les vieilles "estancias" de la pampa. Elle fut financée par le gouvernement argentin et par une donation d'Otto S.Bember
1928 La Maison de l'Institut National Agronomique, première maison d'école d'élèves ingénieurs de la Cité internationale, a été réalisée par l'architecte René Patouillard. Ce bâtiment en U s'élève sur cinq niveaux, sa cour intérieure, où se situe l'entrée principale, est dotée d'un jardin, dans lequel se trouve une sculpture d'un couple de paysans au travail.
1929 La Maison du Japon, financée par Jikei et Jirochatchi Satsuma, fut construite par l'architecte Pierre Sardou. D'inspiration japonaise, son porche d'entrée est orné d'un panneau en bois sculpté représentant le soleil levant. Deux grands tableaux de Foujita : "Les chevaux", et "Arrivée des occidentaux au Japon", sont accrochés dans le hall et dans la salle des fêtes.
1930 La Maison des étudiants de l'Asie du Sud-est a été inaugurée sous le nom de "Maison d'Indochine". Les architectes, Pierre Martin et Maurice Vieu, ont conçu un bâtiment exprimant clairement ses racines asiatiques. Un dragon, inspiré de celui de la pagode de Huang Lung couronne l'édifice. Dans la salle des fêtes au décor oriental, une partie du film "Indochine" de Régis Wargnier a été tournée. 1930 La Fondation des Etats-Unis, donnant directement sur le Boulevard Jourdan, fut créée par l'architecte Pierre Leprince-Ringuet. Fruit de l'amitié franco-américaine, évoqué par des éléments décoratifs intérieurs et extérieurs, elle fut financée par un comité France-Amérique à l'initiative d'Homer Gage. Le grand salon est orné de cinq fresques de Robert Lamontagne Saint Hubert.
1930 La Maison des Etudiants Arméniens fut édifiée grâce aux dons de Boghos Nubar Pacha qui souhaita la baptiser du nom de son épouse Marie Nubar. L'architecte Léon Nafilyan, français d'origine arménienne, s'est inspiré du patrimoine religieux arménien ( monastère d'Etchmiadzine pour la forme et l'église d'Aghtamar pour les motifs sculptés) pour dessiner cette bâtisse. ( à suivre)
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18 juin 2006
la Cité internationale universitaire
La Cité internationale universitaire de Paris: un projet né d'une utopie
Fondation de droit privé, la Cité Internationale universitaire de Paris, toujours sans exemple comparable dans le monde, est née d'une utopie. Au-delà du souhait d'André Honnorat de créer un véritable espace de sociabilité" interculturelle",la guerre de 1914-1918 avait appauvri l'enseignement français. L'ambition de faire de la France une capitale intellectuelle et cosmopolite nécessitait d'améliorer les possibilités de logement offertes aux étudiants du monde entier.
La mobilisation des fondateurs
Ce projet ambitieux requit toute la ténacité et la volonté d'André Honnorat, rejoint dans cette aventure par Paul Appell, mathématicien, recteur de l'Université de Paris et cofondateur de l'Association Française pour la Société des Nations. Ce rêve commença à prendre forme alors que Paul Appell, d'origine alsacienne, rencontra l'industriel Emile Deutsch de la Meurthe, issu de la même région. Ce dernier proposa d'offrir dix millions de francs or à l'achat de terrains et à l'édification d'une première maison. La fondation Emile et Louise Deutsch de la Meurthe fut ainsi construite en 1925 et put accueillir les 350 premiers "étudiants. Pendant près de cinq années les initiateurs de ce projet se mobilisèrent sans relâche pour susciter l'adhésion d'hommes d'Etat de tous pays, rencontrer des personnalités internationales et recueillir des souscriptions importantes. David David Weill, premier trésorier de la Cité Internationale, finança ainsi l'acquisition de nouveaux terrains, tout comme la famille Rothschild. Très actif, André Honnorat multiplia les conférences et les voyages afin de requérir le concours du plus grand nombre : le mécène d'origine belge, Hubert Biermans Lapôtre, finança ainsi la création en 1926 de la Maison des Etudiants belges, le sénateur Joseph Marcellin Wilson, celle de la Maison des Etudiants canadiens. La Maison Internationale, financée par John D. Rockfeller junior, fut achevée en 1935. Elle abrita progressivement un restaurant, une bibliothèque, une piscine et bien d'autres lieux d'activités pour les étudiants.
La fondation Emile et Louise Deutsch de la Meurthe
Les statuts
Dès juin 1925, la Cité Internationale Universitaire de paris fut reconnue d'utilité publique,par décret du Conseil d'Etat. L'utopie devint réalité avec des statuts fixant les missions de la Cité encore d'actualité aujourd'hui.
Les principaux buts étaient et son toujours de :
- Favoriser les échanges entre étudiants de toutes nationalités, choisis à un niveau élevé de leurs études (…) en leur fournissant un accueil (…)
- Accueillir les chercheurs, professeurs, artistes (…) poursuivant en France des missions temporaires de recherche ou d'enseignement supérieur, ou y accomplissant des stages…
- Fournir le support matériel (…) pour l'organisation de congrès, colloques, séminaires et réunions à but scientifique, en donnant la priorité à celles (…) de caractère international.
19 maisons construites avant la deuxième guerre mondiale
Dix neuf fondations et maisons furent édifiées entre 1925 et 1939 avec néanmoins un ralentissement des constructions lors de la crise économique mondiale. A la veille de la deuxième guerre mondiale, la Cité Internationale totalisait dans ses 19 maisons environ 2400 lits. A ceci s'ajoutait une maison sur l'île de Bréhat ( Bretagne) léguée par le poète Haraucourt. La deuxième guerre mondiale faillit être fatale à la cité. Dès 1938, de nombreux résidents la quittèrent. Vidée en 1940 de ses étudiants et réquisitionnée par les troupes d'occupation, elle souffrit de dégradations diverses, tandis que le mobilier fut en grande partie détruit. A nouveau occupé après la Libération, elle repris lentement son activité en 1946. La vie associative recouvra une nouvelle jeunesse avec la création, en 1946, de l'association sportive de la cité universitaire, de l'association internationale des anciens résidents et enfin, en 1948, du centre culturel international.
17 maisons érigées entre la fin de la deuxième guerre mondiale et 1969
Douze nouvelles maisons furent crées dans les années cinquante, et cinq autres dans les années soixante. En 1969,la Fondation Avicenne, à l'origine maison de l'Iran fut la dernière maison édifiée au cours du 20ème siècle. En 1969, la Cité Internationale comptait 37 maisons, avec celle de l'île de Bréhat, représentant un total de 5500 lits. Les mouvements estudiantins de mai 68 constituèrent un tournant pour la Cité Internationale. Plusieurs maisons furent occupées et la mixité jusque-là interdite devint la règle.
Le renouveau de la Cité Internationale à la fin du 20ème siècle
A l'approche de la fin du 20ème siècle, certaines maisons ferment, d'autres sont délabrées et beaucoup d'entre elles ne correspondent plus ni aux standards d'accueil ni aux normes de sécurité. Pour pallier cette situation, le Conseil d'Administration de la Cité Internationale lança notamment un vaste plan de réhabilitation de son patrimoine architecturale. Dans cette perspective, un premier contrat d'établissement fut signé avec le Ministère de l'Education Nationale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. La Cité se rapprocha parallèlement de la Région Ile-de-France et signa une convention avec la ville de Paris. Lors du passage au 21ème siècle, 16 maisons ont été ponctuellement rénovées. Depuis 2000, six maisons ont été rénovées et quatre autres le seront dans les prochaines années. ( à suivre )
09:00 Publié dans Sites du 14e | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : université, vie culturelle, paris, 75014, cité universitaire | Facebook | | Imprimer |