05 mars 2007
Michou d'Auber
film français de Thomas Gilou et Messaoud Hattou.
Voici un film où l'émotivité est forte sans être ridicule, où les bons sentiments ont le goût de l'honnêteté. Cela se passe en 1960, en pleine guerre d'Algérie. Un enfant kabyle est laissé à la DDASS par son père dont la femme est mourante, avec son frère aîné. L'enfant, Messaoud, est pris dans une famille vivant en pleine campagne française, le Berry ; lui est un ancien militaire traumatisé par la guerre d'Indochine, elle est femme au foyer n'ayant pas pu avoir d'enfant.
Toute l'histoire porte sur l'intégration de cet enfant " arabe " dans un milieu particulièrement hostile, enfant que l'on fait appeler " Michel " ou Michou pour les intimes, qui va au catéchisme après avoir dû s'efforcer de ne plus parler d'Allah. Le film est touchant par l'amour que développent ces parents adoptifs, amour qui grandit en passant les barrières des a priori, des idées toutes faites, grâce en grande partie à l'extrême intelligence vive et aimante de Messaoud-Michel.
Son frère, placé dans une famille plus frustre se montrera vite rebelle. Mais ce qui donne un relief tout particulier au film est le contexte politique de la guerre d'Algérie. Les blessures morales des soldats rentrés, l'action des membres de l'OAS, le racisme affiché, crée une ambiance générale tendue pendant qu'à Paris se multiplient les émeutes.
Et pourtant, chaque personnage du film est le témoin de la complexité humaine, des multiples facettes de toute personnalité qui font que ce n'est pas si simple que cela le racisme ou la différence…Comme le dit le père adoptif à un moment donné, après avoir été reçu -à contrecœur- comme un prince par une famille fêtant l'Aïd, " c'est quoi être arabe ou ne pas être arabe, c'est un peu plus d'un côté, un peu moins de l'autre, et puis çà change quoi…rien pour l'Autre, là-haut " (de mémoire). Les comédiens sont magnifiques et très convaincants.
Isabelle Loutrel
09:25 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : michou auber, film, paris 14e, baye, depardieu, samir seghir | Facebook | | Imprimer |
03 mars 2007
L’italien
De nos jours, dans la campagne enneigée de la Russie , un couple d’Italiens vient choisir pour adoption un enfant recueilli dans un orphelinat avec un grand nombre d’autres malheureux perdus ou abandonnés .Aussitôt leur choix fait, en attendant que les papiers soient remplis, l’enfant devient pour ses camarades dépités « l’Italien ».
Nous avions entendu parler de ces orphelins de Russie et le talent du réalisateur nous les fait rencontrer et suivre au long de leurs journées communautaires remplies de violence, car dans cette société close, la loi du plus fort est sans pitié, mais surtout d’attente . Qui viendra? Des parents potentiels pour ces enfants ?Ou leur mère, prise de remord?
Ce qui force l’admiration , dans ce film,,outre le jeu fascinant du jeune Vania ( Kolia Spiridonov), c’est le parti pris du réalisateur, Andrei Kravchuk de jouer la sobriété de ton. Le malheur des enfants n’est jamais souligné, il est suggéré. Les personnages des adultes responsables de cette « Institution » particulière sont remarquablement saisis, dans leur avidité de gain et leur lâcheté. Mais c’est compter sans l’ingéniosité et l’héroïsme de Vania, parfaite figure de résilience, qui a décidé, lui, qu’il avait droit au bonheur. Une merveilleuse leçon de ténacité et de liberté.
MJC
19 février 2007
La Môme
Marion Cotillard est impressionnante de vérité. Elle s'incarne et incarne l'âme et le physique de Piaf. Elle apporte une troublante copie à l'image sans retouche de l 'original, tandis que le montage du film avec ses flash-back incessants donne au film un rythme haletant, parfois brouillon mais toujours puissant.
La tentation de donner à l'ensemble une vision mélodramatique est certaine, et on aurait apprécié de voir plus marquée l'importance de certains personnages secondaires, ceux-ci n'apparaissant qu'en filigrane, sans doute pour ne pas affaiblir l'icône flamboyante de la star.
Ce film est une biographie attachante qui renforce l'image vivante du mythe d'une vedette toujours éternelle, et dont la chanson était sa seule raison de vivre.
R.Rillot
10:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : edith piaf, mome, film, cotillard | Facebook | | Imprimer |
06 novembre 2006
The Queen, ou la fragilité du pouvoir
La mort accidentelle de Lady Diana, survenue le 31 août 1997, et qui bouleversa autant le peuple anglais que de nombreux admirateurs dans le monde entier, a permis à Stephen Frears de montrer avec délicatesse et beaucoup de tact, que derrière le "mur" du pouvoir, l'être humain, qu'il soit Reine d'Angleterre ou Président d'une nation, peut être, face à la raison d'Etat, sujet aux atermoiements, aux hésitations dans les décisions à prendre, et cela devant une opinion publique, plus encline à exprimer ses émotions immédiates, qu'à privilégier les impératifs de la raison.
L'enjeu est ici autant sentimental que politique, car la monarchie britannique, lors de cet événement improbable, a failli perdre sa crédibilité. Elisabeth II, interprétée d'une manière géniale par Helen Mirren, est au centre d'un conflit à la fois d'ordre privé et politique, où Tony Blair joue finement sa carrière.
L'émotion est toujours présente dans ce film. Partagée entre les conventions d'une éducation rigide, passéiste et les élans du cœur, Elisabeth finira par accepter d'aller au devant de ses sujets afin de partager avec eux, leur chagrin et ainsi retrouver in fine, auprès de la nation britannique le prestige d'une monarchie malmenée dans ses fondements.
Ce film est une belle réalisation qui oriente notre réflexion sur les réalités du pouvoir, ses faiblesses, ses incertitudes, mais aussi sur le charisme d'une reine désireuse de retrouver l'affection de son peuple.
R. Rillot
09:50 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spectacles, culture, cinéma, film, the queen, paris 14 | Facebook | | Imprimer |
05 octobre 2006
" Le vent se lève " de Ken Loach, palme d'or 2006
Au cours de la première guerre mondiale, un traité est signé dans l'urgence entre le nouveau gouvernement irlandais et le roi d'Angleterre. Ce traité maintient le pouvoir anglais en Irlande du Nord. Une partie des combatants de la jeune république acceptent le traité et doit se retourner contre ceux de leurs frères d'armes passés à la lutte armée clandestine pour la libération totale du pays. Un film âpre et fort qui joue de situations extrêmes voire inhumaines pour le salut supérieur du groupe. L'individu lui est sacrifié. La politique telle qu'on ne la connaît plus en Europe! Les scènes de violence truffent ce film pour le situer dans la vérité de ce que fut le combat et ce qu'était la barbarie de l'occupant anglais . L'actualité nous rappelle que la guerre est toujours laide et sale. Ames sensibles s'abstenir.
Marie-Josée Carita
13:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, paris 14, kenn loach, le vent se lève, cinema, irlande | Facebook | | Imprimer |
30 septembre 2006
Cinéma: Little Miss Sunshine, l'heure de vérité!
Si vous désespérez d'arriver à guérir de votre ras le bol de films et séries américaines, avec violences, machoires crispées et dialogues stéréotypés, vous pouvez peut-être essayer la méthode du contre-feu. Vous savez, on allume un feu en avant du feu qui progresse, et l'incendie s'arrête, faute de combustible, parce qu'il rencontre du terrain déjà brûlé. Pour ça, allez donc voir un autre film américain, My little shunshine.Vous y rencontrerez une autre Amérique, celle de l'intérieur, Albuquerque en l'occurence, qui vit comme elle peut, comme nous. Une famille américaine, à commencer par la mère (Toni Collette) qui soutient tout, son mari pas très futé, inventeur d'une méthode de réussite imparable mais dont personne ne veut, son beau-père cocaïnomane, gueulard et anar, son fils retranché dans son silence et enfin sa fille d'une dizaine d'années, la seule qui croit dans la fameuse méthode et veut gagner avec un prix de danse et beauté en Californie, little miss Shunshine. Et lui tombe dessus son frère gay, plaqué et suicidaire, spécialiste de Proust. Tout ce beau monde, s'empile dans le tas de ferraille qui fait office de véhicule familial, et traverse le désert pour aller au concours. Après beaucoup de péripéties, ils y parviennent, et y trouvent une effrayante et débile caricature de l'Amérique qui gagne. Et là, en plus du fossé qui les sépare de cette Amérique, ils héritent du testament du grand-père en forme de règlement de compte avec la civilisation américaine, révèlé par sa chère petite fille à son insu.
Ce portrait au vitriol, signé Jonathan Dayton et Valerie Faris, est supposé basé sur un rythme soutenu et un enchainement de gags, mais il manque un peu de souffle. Néanmoins, il est assez jubilatoire et on y rit volontiers. Les comédiens, Toni Collette (la mère), Grag Kinnear (le pére), Steve Carelle et la petite Abigail Breslin s'en tirent bien et forment un ensemble cohérent et efficace.A.C.
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, little sunshine, paris 14, film | Facebook | | Imprimer |
25 septembre 2006
cinéma: Quand j’étais chanteur : hommage à la roucoule
Dans un dancing provincial, au pied des volcans auvergnats, un chanteur de bal cinquantenaire pousse la romance en regardant les couples se faire et se défaire. Un soir, apparaît une jeune femme déboussolée, qui entre dans sa vie. D’un point de départ assez courant dans la fiction cinématographique - la rencontre improbable - Xavier Giannoli a tiré un très joli film, à la fois euphorisant et mélancolique. Il creuse dans l’âme des deux protagonistes sans aller trop loin, sans tout révéler. Il leur laisse - et c’est très bien ainsi - une part de secret, procédant par suggestions et par ellipses.
Avec la même tendresse sans mièvrerie, qu’il accorde à ses personnages, le réalisateur décrit un univers d’orchestres de province, de chanteurs qui se produisent dans les fêtes et les restaurants, d’artistes qui font tranquillement leur métier, sans se soucier d’être vus à Star Academy. Les chansons sentimentales qui rythment le film - il ne faut surtout pas rater le générique de fin, soit dit en passant - instaurent un climat particulier, à mi-chemin entre l’émotion et la jovialité.
Face à Cécile de France, toute en retenue et en finesse, Depardieu (qui chante soi-même les rengaines nostalgiques formant le répertoire de son personnage) est splendide : un vrai festival, qui n’exclut pourtant ni la pudeur, ni l’humanité.
Un film de Xavier Giannoli, avec Gérard Depardieu et Cécile de France.
Josée Cathala
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, film, paris 14, quand j'etais chanteur, depardieu | Facebook | | Imprimer |
16 septembre 2006
Fair play : place à un univers impitoyable
En servant d’exutoire aux perversions qui hantent la vie de bureau , le squash, le golf et l’aviron trouvent une fonction que le baron de Coubertin n’avait pas imaginée. Si l’essentiel est de participer, ce concept revêt une drôle de signification ici, tous les coups bas de la manipulation au chantage étant permis, dans le but non de gagner mais de rester à bord.
Les personnages sont des archétypes : le chef odieux a bénéficié d’une nomination de complaisance, la jeune femme harcelée essaie de protéger son père, le jeune arriviste prêt à tout et le cadre manipulateur jouent les faux amis pour mieux se tirer dans les pattes
Or, ce n’est pas un hasard. Lionel Bailliu manie la caricature et le symbole pour traiter des thèmes qui sont généralement abordés sous l’angle du réalisme le plus strict : dénonciation de l’univers du travail transformé en lieu de guerre, mise en cause de la course systématique au profit, bref critique sociale.
Sur ce, il met ses personnages à l’eau. Au sens propre. Tout le monde en stage de canyoning. Le film bascule alors, mais il serait fort dommage de dévoiler ce qui va suivre.
Il en résulte une œuvre qui ne devrait laisser quiconque indifférent. On peut lui reprocher des maladresses, au niveau technique par exemple ( les dialogues, sur la fin, sont difficilement audibles), ou ne pas apprécier le mélange de genres, ou en vouloir à l’auteur de sa férocité nihiliste, mais sauf exception personne ne devrait s’endormir.
Un film de Lionel Bailliu, avec Benoît Magimel, Marion Cotillard, Jérémie Rénier, Eric Savin, Mélanie Doutey, Jean-Pierre Cassel et Malcolm Conrath.
Josée Cathala
08:05 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, fair play, paris 14, entreprise, caricature, canyoning | Facebook | | Imprimer |
13 juillet 2006
Un "titi" de Paris
On s'interroge parfois sur l'origine des noms de rues, portés sur les plaques identifiant celles-ci. Ainsi, à l'intersection des rues Hallé et Ducouëdic, la place Michel Audiard, d'ailleurs très modeste par sa superficie, retient l'attention.
Elle nous évoque l'histoire de ce "tonton flingueur" que fut Michel Audiard. Celui-ci était né dans le 14ème au 2, rue Brézin, le 15 mai 1920. Il a vécu longtemps dans nos quartiers, puisqu'on le retrouve habitant chez un oncle au 27bis de l'avenue du Parc Montsouris ( Av. Coty de nos jours).
Quand on sait qu'il obtint un C.A.P. de soudeur à l'autogène, on peut se demander par quel hasard, il put approcher le milieu du journalisme et plus tard celui du cinéma en tant que dialoguiste en 1949. Sa rencontre avec Jean Gabin en 1955 fut déterminante, ainsi que celle avec J.P. Belmondo.
Pour se fixer un des aspects du personnage que fut ce "titi", le plus parisien de tous, on se rappellera quelques répliques savoureuse qui font flores parmi tant d'autres, ainsi : " Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche" - "Il vaut mieux aller la tête basse que les pieds devant" - "Une minute d'écart, ça peut se transformer en une année de placard". La liste de ces aphorismes n'est pas exhaustive, chacun pouvant aller à la pêche et en ramener une merveilleuse "friture" de formules savoureuses.09:00 Publié dans En flanant dans le 14e | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : audiard, michel, paris 14, film, dialogue, scenario, tonton flingueur | Facebook | | Imprimer |
16 juin 2006
Cinéma: bonnes nouvelles du front
La fréquentation des salles obscures de France est en hausse. Plus de 20% de croissance par rapport à la même période de 2005, les cinq premierts mois de l'année.
Mieux encore, la part des films français affiche, elle aussi, une meilleure santé, passant, dans cette même période, de 45,5% à 49,3% . (rien à voir bien entendu avec l'article de la constitution du même nom, le célèbre 49.3 !)
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinema, paris, film, spectateur, hausse | Facebook | | Imprimer |
05 juin 2006
Le caïman : les voies de la satire
Quand le film de Nanni Moretti est sorti, annoncé comme virulente critique de Silvio Berlusconi, celui-ci était encore au pouvoir. Le film a tout de suite soulevé l'enthousiasme. Mais, après la chute de Berlusconi, certains ont pensé qu'il n'était plus utile de dire que le film était bon. Nous avons donc d'autant plus de plaisir de le dire ici. N.D.L.R
« Le Caïman » fait partie de ces films dont on ne décèle pas toutes les qualités à la première vision, mais qui vous hantent discrètement, et donnent envie de les revoir. C’est une œuvre très originale, qui juxtapose intelligemment et sans esbroufe plusieurs thèmes et différentes techniques narratives.
La séquence d’ouverture, éblouissante, nous plonge au beau milieu d’un de ces films de genre envahis de meurtres sanguinolents, popularisés par le cinéma italien sous le nom de giallo. C’est l’occasion d’introduire le héros de l’histoire, Bruno, producteur spécialiste de ce genre de films, qui traverse une sombre période : sa femme et lui se séparent, et il n’a eu aucun projet sérieux depuis dix ans – si ce n’est «le retour de Christophe Colomb », qui vient de lui passer sous le nez. Sa seule consolation est de conter à ses deux petits garçons les aventures improbables d’Aidra, héroïne de ses productions.
Lorsqu’il reçoit d’une apprentie cinéaste un scénario, ses déboires personnels expliquent qu’il tarde tant à voir ce qui saute aux yeux du spectateur le moins averti – c’est-à-dire n’ayant pas ouvert un journal ou regardé la télévision depuis trente ans – à savoir qu’il s’agit d’une biographie de Silvio Berlusconi.
On peut être dérouté par le mélange de genres, qui promène le public de la parodie de série Z au film politique, du conte noir à la romance. Cet aspect touffu n’amoindrit pas la satire, au contraire. Elle passe par l’éveil à une forme de conscience du producteur, jusque-là fort indifférent à la politique.
De plus, en jouant sur les images d’archives (le vrai Berlusconi), les visions nées de la lecture du scénario, où apparaît Elio de Capitani, les répétitions avec Michele Placido, et enfin le résultat final (le rôle étant cette fois-ci tenu par Nanni Moretti), le réalisateur nous invite non seulement à une réflexion politique, mais aussi à une promenade dans le processus de création cinématographique. Les comédiens lui servent de complices : Silvio Orlando, exubérant et nuancé, Margherita Buy, surprenante, Jasmine Trinca, très crédible en réalisatrice débutante.
Josée Cathala
Un film de Nanni Moretti, au Gaumont Alésia et aux Sept Parnassiens.
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : caïman, film, moretti, berlusconi, critique, cinema, paris 14 | Facebook | | Imprimer |