29 septembre 2010
La Villa Mallebay
La Villa Mallebay offre la pente douce
D'une plage, au sentier fugitif du regard.
Des pavés ébréchés, tels des galets rugueux
Flottent à la lisière d'un trottoir disloqué.
Quel étranger, ou quel architecte étourdi
A posé ici des maisonnettes bancales ,
Rochers imaginaires à l'assiette furtive
Face au strident ressac de vagues trop barbares ?
On se plait à imaginer de lourds vaisseaux
Aux membrures rehaussées d'un très vieil ivoire
Echoués là, chargés d'épices de l'Orient,
D'exotiques bijoux, et d'étranges trésors.
Mais non .Au fond de cette impasse, aucun galion
N'est entré en ce port asséché, où survit
Seulement une maigre toison d'herbes folles
Que secoue le balai échevelé du vent.
Villa Mallebay, un océan improbable
A brisé le sautoir d'un rêve évanoui
Il aura replié ses draps imaginaires
Sur le sarcophage blafard des illusions.
R.R
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27 septembre 2010
La rue Marguerin
Cette rue fait partie du lacis de petites voies ouvertes à la Belle Epoque dans le triangle de terrains vagues délimité par l'avenue d'Orléans (du Général Leclerc) et les rues d'Alésia et Sarrette et bâties de beaux immeubles de pierre de taille qu'un siècle entier a épargnés. Elle a reçu, à la veille de l'Exposition universelle de 1900, le nom d'un universitaire aujourd'hui bien oublié : Emile Marguerin ( 1820 - 1884 ), professeur de Littérature et d'Histoire à la Sorbonne.
Courte comme toutes ses voisines ( moins de cent mètres), cette rue a néanmoins été habitée par deux personnalités marquantes qui par chance, ont chacune une plaque commémorative :
- au N°3, Louis Pergaud ( 1882 -1915), écrivain de la génération fauchée par la Grande Guerre (devant Verdun), prix Goncourt 1910 pour « de Goupil à Margot », auteur d'autres oeuvres consacrées à la vie animale, et aussi de « La Guerre des Boutons » , un des rares grands romans humoristiques français, qui fut porté à l'écran après la dernière guerre.
- Au N° 9, Géo André, l'un de nos plus célèbres champions olympiques d'athlétisme en 1908 et 1924 et un exemple des plus hautes qualités morales. Né en 1889, il mourut lui aussi pour la France, mais au cours de la Seconde Guerre mondiale ( après avoir fait le Première), à la tête de sa compagnie devant Tunis en 1943.
NDLR. - Documentation extraite du numéro 39 de la S.H.A.
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24 septembre 2010
Fête des jardins les 25 et 26 septembre 2010
Cette année, une vingtaine de communes et collectivités seront de la Fête et proposeront aux promeneurs d'élargir leur parcours pour découvrir des jardins de la métropole : Aubervilliers, Clichy-La-Garenne, Colombes, Conseil Général des Hauts-de-Seine, Grand Paris Seine Ouest, Levallois-Perret, Maisons-Alfort, Nogent-sur-Marne, Plaine Commune, Puteaux, Saint-Mandé et Sceaux.
Pendant tout le week-end, le programme sera riche et varié : visites et promenades guidées, conférences, présentation de l'abeille comme auxiliaire des jardiniers pour veiller à la biodiversité, démonstrations de bouturage et de greffe, art floral, dégustations, expositions, ateliers pour les enfants, spectacles, concerts, jeux...
18:26 Publié dans 3- Vie des quartiers, En flanant dans le 14e | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer |
16 septembre 2010
Le Moulin de la Vierge
Le Moulin de la Vierge
Fut-il heureux le temps ancien où sur la plaine de Montrouge, sur le plateau de Vanves et jusqu'aux limes d'Issy-les-Moulineaux, tournaient les ailes des moulins ? Aux portes de Paris, qui s'arrêtait alors au mur des Fermiers Généraux, ces moulins furent très nombreux, une soixantaine, peut-être plus dit-on.
Largement ouvert aux vents prometteurs et musclés venant de l'ouest, tout l'espace, compris entre la barrière du Maine ( niveau de la rue de la Gaîté aujourd'hui ), et les territoires de Vanves et de Montrouge, accueillait ces moulins dont on peut encore voir un spécimen dans l'enceinte du cimetière du Montparnasse. Malheureusement ce rescapé est orphelin de ses ailes ! Il reste le seul témoin d'une époque où le quartier de Plaisance était encore une garenne, une campagne...
Seul, le nom d'une rue de ce quartier peut intriguer le passant attaché à faire revivre par l'imaginaire, les images jaunies et désuètes du passé. Il s'agit de « la rue du Moulin de la Vierge ». Quelle est l'histoire du lieu ? Nul ne le sait. Sans doute, placé sur une motte de terre, ce moulin avait la fierté du bon travailleur qui remplit sa tâche, en offrant aux Parisiens d'alors, la belle farine qui ferait le bon pain. Mais une question se pose quant à l'origine de son patronyme : pourquoi le moulin de la Vierge ? Perpétuait-il un souvenir ? Celui d'une jeune fille habitant ce terroir ancien ? A moins que ce ne fut l'évocation de la Vierge Marie, la mère de Jésus ? Nul ne le sait. Les témoins ont disparu. Seules quelques pierres enfouies sous les fondations et les caves des habitations alentour, pourraient nous dévoiler le secret. Une histoire que se racontaient les meuniers, à propos d'une belle meunière, ou simplement d'une jeune fille d'honnête vertu que chacun admirait pour sa tenue, son charme, sa gentillesse, sa beauté simple, sa fraîcheur encore toute enfantine.
Pur hazard ? Fantasme ? Chacun décidera selon son imagination. Mais quel est le magicien qui saura faire parler les vieilles pierres enfouies à jamais sous les pieds du passant ?
R.R
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22 août 2010
la rue Campagne Première et son poète
Cette rue est remarquable par le souvenir qui s'attache au passage furtif d'un poète : Arthur Rimbaud.
Au coin de cette rue et du boulevard Raspail, existait une vieille maison de faubourg qui fut démolie en 1936, et remplacée par un vaste hangar, puis ensuite par un lycée professionnel et aujourd'hui par un lycée hôtelier. Cette vielle maison abritait encore en 1925, un bistrot où se tenait un petit cercle littéraire : le Caméléon, que la comtesse de Noailles fréquenta quelque temps.
A l'adresse du 14 de la rue Campagne première, le jeune Rimbaud y vécut trois mois, de janvier à mars 1871. Derrièe ce lieu existait en outre une vaste remise pour fiacres et omnibus, seuls moyens de transport à cette époque. Et non loin de là, rue Delambre, était un grand marché aux fourrages, pour l'alimentation des très nombreux chevaux de trait. Max Jacob, un autre poète, raconte qu'ici, les cochers faisaient la course avec leurs fiacres, à la manière des chars romains... Ce devait être assez spectaculaire !
Mais revenons à la présence ici, d'Arthur Rimbaud. Après avoir rencontré Verlaine le 10 septembre 1871, et après avoir changé plusieurs fois de logement, cela en dépit de l'assistance offerte par Charles Cros, Verlaine, Théodore de Banville, puis de la visite rendue à Victor Hugo ainsi qu'au photographe Etienne Carjat, Rimbaud emménagea en janvier 1872, au 14 de la rue Campagne Première, dans une misérable chambre partagée avec le dessinateur Forain. C'était une chambre sordide aux murs crasseux, avec une seule fenêtre « à tabatière ». C'est l'hiver, et Rimbaud se réfugie souvent au bistrot du rez-de-chaussée, fréquenté par les cochers dont nous avons déjà parlé...
On connaît la suite. Rimbaud, en fin d'année, retrouve Verlaine en mai 1873. C'est successivement Londres, puis Bruxelles en juillet 73. Avec Verlaine, c'est le drame, le coup de revolver donné à son « ami », la rupture définitive, et in fine, avec la poésie. Le 9 novembre 1891 il décédera à Marseille, à l'âge de 37 ans, après avoir été pendant des années , le vagabond illuminé que l'on sait, parcourant l' Indonésie, Chypre, l'Arabie et l'Abyssinie, « homme aux semelles de vent, voyant inspiré ».
Souvenons-nous. La rue Campagne Première est un lieu où Rimbaud s'est posé un court instant, instant essentiel dans la vie orageuse d'un grand poète ayant flirté avec l'enfer !
R.R - Documentation extraite du N° 52/53 de la revue de la S.H.A du 14e.
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14 août 2010
Le visage de nos rues,
Affairé par ses préoccupations ou le trafic anarchique de la circulation, le passant, le flâneur ont-ils encore le loisir de découvrir le vrai visage de nos rues ? Nos rues, n'est-ce pas l'âme de la ville qui se révèle à travers un autre univers pressenti et toujours ressuscité, en dépit des mutations inévitables survenues au cours des siècles ?
Ainsi, les rues et les immeubles qui les bordent, les commerces et leurs vitrines, tout ce qui représente le décor urbain, cette scène d'un théâtre, où la ville révélant ses coulisses, laisse filtrer parfois des trésors oubliés ou perdus, seraient-ils si anonymes, sans couleurs, sans atmosphère ?
Nos quartiers du 14è sont encore les survivants fragiles de lointains faubourgs. Ils portent témoignage de lieux-dits disparus aujourd'hui, ainsi : rue des Plantes, impasse du Rouet, rue du Moulin vert, passage de la Tour de Vanves, rue de la Tombe Issoire, la Voie verte ( rue du Père Corentin), rue du Moulin de la Vierge, la barrière d'Enfer...
Brimborions que tout cela ! Sans doute. Mais ce qu'on ne voit plus ou mal est toujours un trésor caché qui reste toujours à re...découvrir !
R.R
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11 août 2010
La plus grande nécropole du monde
« Au delà de ces bornes ils reposent en attendant la vie bienheureuse » est-il écrit en latin à l'entrée des catacombes de Paris, où se trouvent les restes de plus de 6 millions de Parisiens.
Il y a beaucoup de différence entre les Catacombes de Paris et de Rome. Ces dernières étaient selon l'expression de Jean-Paul II de « véritables lieux de repos communautaires, où tous les frères chrétiens, indépendamment de leur rang et de leur profession, reposaient dans l'attente de la résurrection».
Celles de Paris sont dues à la surexploitation des carrières de pierre et au surpeuplement des cimetières parisiens. Longues de 250 km, sous 9 arrondissements, à 35 m de profondeur, elles constituent un véritable labyrinthe. D'abord à ciel ouvert sous les Romains, les exploitations sont devenues souterraines. Pendant des siècles les carriers vont vider Paris de son sous-sol, en ne respectant aucune réglementation. Le premier accident grave s'est produit en 1774, rue d'Enfer, où 14 maisons sont englouties, selon le processus des cloches de Fontis : le plafond d'une galerie s'effondre, constituant une « cloche » » qui remonte par éboulements successifs comme une bulle qui atteint la surface. L'Inspection des Carrières est alors créée par le Roi et va réaliser un gigantesque travail. Elle cartographie tous les vides et consolide le sol sous les voies publiques.
En 1780, le Lieutenant Général de Police Lenoir propose d'y enfouir les ossements qui encombraient les cimetières de Paris, dans un but d'hygiène publique. On a commencé par le Cimetière des Innocents. C'était un véritable charnier. De longues files de chariots funéraires étaient vidées dans les anciens puits d'accès. On supprima d'autres cimetières. C'est ainsi qu'on ne sait pas où sont les dépouilles de La Fontaine, Molière, ou Robespierre, Marat et bien d'autres, sinon dans les catacombes.
Beaucoup de légendes sont attachées à ces lieux. Au 12ème siècle des malfrats s'installent sous le jardin du Luxembourg où se dressait l'hôtel de Vauvert. Pour la population, le diable habitait là, d'où l'expression du « diable vauvert ».
Des évènements dramatiques s'y déroulent aussi. En 1871, les violents combats de la Commune forcent les fédérés à se réfugier dans les catacombes où les Versaillais pénétrèrent par la barrière d'Enfer. Ils furent tous tués sur place ou faits prisonniers. Plus tard, les Catacombes ont servi à la construction d'abris, ou de bunkers par les Allemands ou utilisés par la Résistance (Rol-Tanguy à Denfert-Rochereau).
Depuis les années 60, les Catacombes sont fréquentées par une population très diverse. Des fêtes illégales y sont organisées. Le nombre de « visiteurs » a diminué, en raison de la lutte entre l'Inspection des Carrières murant des entrées et les cataphiles en rouvrant à quelques mètres. Le quartier Daguerre reste une zone d'accès privilégié.
A C.
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10 août 2010
Les Atlantes
Le passant distrait qui ne lève jamais la tête, ne pense pas un seul instant à la position inconfortable des deux Atlantes du 20bis de la rue d'Alésia. Ceux-là ne bronchent, ne faiblissent ni ne murmurent. Seuls, les habitants des étages leurs sont reconnaissants, car sans eux, ils ne retrouveraient peut-être pas leur logis. Mais écoutons les confidences de ces mystérieux Atlantes.
"Nos épaules sont lasses, nos muscles meurtris, nos vertèbres écrasées, nos os brisés et nos cervelles asphyxiées. Nous sommes des esclaves. Parfois, il nous vient à l'esprit de tout laisser tomber... mais que diraient les propriétaires ? Alors nous continuons silencieux à contenir notre souffrance au cœur de la pierre. Passants, n'entendez-vous pas nos cris? Soyez compatissants, faites-nous un petit sourire en passant."
Ce que je fis immédiatement, et ils m'en remercièrent par un clin d'œil !
R. R
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28 juillet 2010
L'oasis d'une villa
Lieu minéral par excellence, la ville laisse survivre parfois, par oubli ou par simple générosité sans doute, des espaces incertains, qui semblent appartenir à une époque effacée, à un autrefois qui continuerait de repousser avec une patiente obstination, le béton gris d'un urbanisme moderne, si désespérément affligé de médiocrité.
Ainsi, la Villa Deshayes. Ici, le vocable irradie une sorte de musique bucolique, quasi aérienne. Elle offre au flâneur le souvenir d'une mélodie surannée, si tant est que le promeneur égaré puisse se laisser apprivoiser par le silence et la grâce , jointes à une sérénité toute provinciale. De petits immeubles sans prétention, quelques villas, des jardinets pour marionnettes d'où s'échappent une glycine, quelques lilas, des touffes élancées de bambous, et tout au fond de l'impasse, un grand arbre - je crois qu'il s'agit d'un sapin nordique - confèrent à ce lieu l'atmosphère d'une thébaïde reculée, où seul un ermite inspiré offrirait le goût de la méditation au promeneur égaré ; celui-ci, soumis à l'éveil et à la floraison du silence, de son propre silence intérieur, poursuivrait son chemin, soudain illuminé par une joie intime, assistant ainsi à sa propre renaissance.
L'apaisement ressenti convie chacun, à espérer que le rêve ne s'effacera pas au contact de l'écho turbulent de la rue Didot, toute proche. A cet instant, vous retenez votre souffle. L'éternité n'est pas loin de vous submerger.
R.R
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27 juillet 2010
Richard Wallace (1818 - 1890)
Le Fontainier de Paris
Chaque Parisien connaît les « Fontaine Wallace, ornant nos places et offrant au promeneur assoiffé la possibilité de se rafraîchir sans débourser un Euro !
Mais qui était R. Wallace ? D'origine anglaise, il était le fils naturel de Lord Seymour-Conway, marquis de Hetford. Son père, lui donne le goût des œuvres d'art, des faïences anciennes, des bibelots et des objets divers, allant du Moyen Age au XIXème siècle.
Richard parcourt ainsi l'Europe entière pour assouvir son goût de chineur averti et enrichit ainsi la collection Wallace. 1848 le voit de retour en Angleterre, puis le voici à Boulogne-sur-mer provisoirement, avant de rentrer à Paris.
Les événements de 1830, 1848, et surtout la guerre de 1870 lui firent comprendre que la collection Hetford et la sienne ne pouvaient être à l'abri qu'en Angleterre. C'est ainsi qu'il fit construire à Londres une demeure qui rassemble aujourd'hui la plus grande collection privée, la plus homogène en matière de mobilier et tableaux, allant du Moyen Age au XIXème siècle.
Mais les fontaines ? Pendant la guerre de 70, il est à Paris. Par pur souci de générosité, il ouvre plusieurs hôpitaux provisoires, pour les malades et les blessés de Sa Majesté Britannique. Il offre également des « bons de soupe et de nourriture » aux Parisiens affamés. Les journaux de l'époque l'appellent « le bienfaiteur de Paris ».
Durant la période de guerre et de « la Commune », l'état d'hygiène des Parisiens était dans un extrême délabrement. De plus, l'alcoolisme régnait chez le petit peuple et jusqu'aux plus jeunes. Wallace prit conscience qu'il fallait faire quelque chose en déposant auprès de la Préfecture, une demande d'autorisation pour créer des fontaines d'eau potable, car à cette époque seule la confrérie des porteurs d'eau était habilitée à distribuer de l'eau à Paris.
Ainsi, la première fontaine fut inaugurée en septembre 1872. L'idée était d'en disposer deux dans chaque arrondissement de la Capitale. Le modèle fut créé par Charles Le Bourg, sculpteur. 50 fontaines purent être mises ainsi en service dès 1872. Aujourd'hui Paris en compte 88. A l'origine, un gobelet de fer étamé, retenu par une chaînette était immergé dans une vasque. En 1952, ce gobelet fut supprimé par mesure d'hygiène. Quant aux cariatides soutenant le dôme duquel coule un mince filet d'eau, elles symbolisent quatre vertus : la Simplicité, la Sobriété, la Bonté, la Charité... Tout un programme !
Maintenant, vous savez tout ou presque sur les fontaines Wallace, qui ornent si joliment nos avenues et nos places. Sachez que le 14e arrondissement en compte sept, raison de plus pour les découvrir au fil du hasard ou de vos flânerie urbaines. Bonne promenade !
R.R - ( Documentation extraite de la Revue d'Histoire du 14e . N° 52/53.)
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26 juillet 2010
(XIX) les Voies de traverse
Villa Virginie, un lierre grimpe jusqu'au bout du ciel.
Alpiniste sans complexe,
Collé à la paroi lisse de l'immeuble,
La lente patience l'a récompensé.
Je le regarde, il domine du sixième étage
La Villa Virginie et ses pavés descellés.
Ebouriffé de prestige, impérial d'orgueil,
Il contourne avec précaution et lenteur
Les paupières entr'ouvertes des fenêtres,
Accrochant ses griffes touffues
Sur les plis profonds de la pierre.
Tissant sa toile d'ombre et de géant
Guettant le souffle court du dormeur,
Il s'est élevé jusqu'au toit de l'étoile.
Le ciel médite sur le prédateur,
Araignée vive aux racines de mort.
La Villa Virginie est sa dernière demeure.
R.R
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12 mai 2010
Quelques idées de promenades dans le 14ème
Jeudi 13 mai, de 8h à 18h : Vide-greniers sur la place Maurice Noguès.
M° et T3 Porte de Vanves. Renseignements et réservation : 06 64 66 29 56. www.brocaparis.com
Samedi 15 mai, 10h30 : visite de la Maison du Fontainier
Les parcours conférence sur l'eau organisés par la société Eau de Paris et ses partenaires vous font découvrir la Maison du Fontainier. En visitant les sous-sols de l'un des principaux témoins de l'Aqueduc dit « de Marie de Médicis », pivot de l'alimentation en eau de la Ville de Paris entre le XVIIe et le XIXe siècle, découvrez, des Romains à nos jours, les grandes périodes de l'histoire de l'eau à Paris. Inscriptions au 01 42 24 54 02 ou par courriel pavillondeleau@eaudeparis.fr. Tarifs : 7 € / 5 € / gratuit pour les moins de 12 ans.
Samedi 15 mai, 14h30 à 22h : Du côté du Moulin à café, sur le thème du commerce équitable
Rencontre toute la journée avec des producteurs de café du Chiapas, jeux, films, contes, repas... de la musique et de la poésie (avec Kaledoïk Connexion et Jean Tadié), et bien sûr de la nourriture équitable.
Place de la Garenne. Pernety.
Dimanche 16 mai, 10h à 12h : Eki'mode, tour du monde de la mode équitable, rue Daguerre
Défilé de mode avec les stylistes d'Ignacio Mejia (Mexique), de Kolam (Inde), et de Salamata Kiemtoré (Burkina Faso). Rue Daguerre.
13:13 Publié dans 3- Vie des quartiers, En flanant dans le 14e, Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vide-greniers, paris 14, maison du fontainier, moulin à café, daguerre | Facebook | | Imprimer |
10 mai 2010
(XVIII) Les voies de traverse
( XVIII) Les voies de traverse
Il est un passage ainsi nommé comme étant celui des Arts. Mais est-il encore un passage ? La direction n'est pas donnée. A l'évidence, le but ne sera jamais atteint. Car, qui dit passage, dit relation entre deux points : un départ, une arrivée. Ici, la vue est si restreinte, si étroite, que le ciel se fait sentier, l'air et la lumière n'ont d'autre solution pour survivre et s'imposer, que de sauter par dessus les toits. A Paris, les toits ont toujours su sauver la lumière, car le ciel qu'ils reflètent, s'enflamme à la première averse de pluie. Mais le passage des Arts semble n'avoir jamais connu cette liberté d'aller et venir entre les reflets des nuages sur quelques flaques d'eau disposées là pour capter les sourires changeants du ciel.
Ainsi, le passage cultive son énigme personnelle, une sorte de mystère jalousement gardé. Et si d'aventure un artiste venait à passer ici, l'écho de ses pas ne lui renverrait peut-être que l'image d'un passé révolu ou celle d'une guinguette de faubourg. Quelques rapins en goguette croqueraient la servante enjouée ou la maîtresse des lieux, habiles toutes deux à vivifier l'esprit, les cœurs et les corps...
Heureux le temps où le faubourg cultivait la gaîté simple et bon enfant pour quelques sous oubliés sur la table d'un cabaret enfumé. La saveur aigre-douce d'une piquette acidulée faisait l'affaire.
Ainsi, le passage des Arts n'est pas prêt d'oublier les heures chaudes du Montparnasse tout proche, où dans la nuit de l'été , les couples dansaient dans un tourbillon d'étoiles enguirlandées de rires et de baisers volés. Le chahut prenait alors la couleur criarde de la liberté, la liberté de vivre à sa guise selon les couleurs du printemps et de l'automne réunies.
R.R
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04 mai 2010
(XVI) Les Voies de traverse
Ouest-Ceinture était une petite gare
Où les vents d'ouest et d'ailleurs
S'arrêtaient quelques instants
Pour décharger sur les quais déserts
Leurs effluves d'algues et de varech.
Aujourd'hui, les vents d'ouest
Débarquent du TGV, à Montparnasse
En faisant du 300 à l'heure.
***
Délicieuse est la petite place Jules Hénaffe
Où souvent les joueurs de boule
Se rassemblent en congrès.
Certains afin de gagner un point de bonheur
Préfèrent rêvasser le long des réservoirs de la Vanne
A une rivière qui coulerait de la Lune.
***
Rue Maison Dieu ?
Mais où loge le céleste locataire de ce lieu ?
Aucun indice ne permet de situer
Le domicile du Créateur.
Sa maison ne s'inscrit pas dans la pesanteur du jour
Quelque part sans doute entre le néant et l'infini.
R.R
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24 avril 2010
(XV) les Voies de traverse
Villa d'Alésia
Il y avait là autrefois un patronage
Où tous les enfants du quartier
Savaient qu'ils y trouveraient
L'asile bienfaiteur d'un cœur chaleureux
Le bienveillant sourire de « l'abbé »
La paix réparatrice d'un lieu
Où l'autre était un frère
Et ce frère un autre toi-même.
***
A l'octroi de la Porte de Vanves
Le gabelou Rousseau
Hante encore les talus du chemin de fer de l'Ouest.
Quelques arbustes et herbes folles
Ignorant la luxuriance des forêts tropicales
Paradent dans les plis d'une maigreur d'ermite.
Ici un chat peut prétendre faire la course
Avec un guépard imaginaire
Il sera toujours prisonnier de l'une de ces toiles
Que le maître a peinte avec le pinceau enflammé de l'imaginaire.
R.R
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17 avril 2010
(XIV) les voies de traverse
Qui prétendra que le passage Tenaille
N'a d'autre fonction que de relier
L'Avenue du Maine à la rue Gassendi ?
L'atmosphère de solitude qui y circule
Incite le flâneur à penser
Que le trait d'union que ce passage propose,
Ne fait qu'accentuer la tristesse qui s'en dégage,
En dépit de la couverture légère de feuillages
Qu'apportent les maigres tilleuls bien alignés en ce lieu.
Celui-ci n'offre pour tout partage que le désert de sa nudité.
**
Ah ! la place Flora Tristan !
Un îlot une île un rocher
Un parfum de village oublié
Trois platanes et le tour est joué
Deux bistrots une laverie
Et le peuple ici retrouve
La poésie du faubourg
Celle du jour qui se lève
Le poème unique d'un bonheur mélancolique
Quand à l'ouest le soir le soleil tire sa longue révérence.
R.R
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20 mars 2010
(XIII) les Voies de traverse
Deux aqueducs aux tracés anciens
Forment deux traits parallèles au pied du pont du chemin de fer de Sceaux.
Ici, les rues de la Sibelle, de l'empereur Julien et Valentinien
Font résonner les musiques oubliées de l'Antiquité.
Ce quartier est tout neuf, austère, limpide, et la lumière y est reine.
Le passé lointain y survit encore par ses racines,
A la façon d'une ruine
Qui annoncerait la mémoire vivante d'une antique cité.
L'eau ne coule plus au sein de ces aqueducs délaissés
Car le courant interrompu a scellé la mémoire têtue
Et rustique de quelques pierres solitaires et abandonnées.
**
Au pied de la gare Montparnasse, la rue du Commandant Mouchotte
Montre du doigt la place de Catalogne,
Cernée par le demi-cercle des immeubles de Ricardo Bofill.
Les parfums venus du Sud se mêlent aux vents d'ouest
Que le remugle des TGV charrie à perdre haleine.
Au centre de la place, une fontaine, face contre ciel,
Capte les nuages et les fait s'enlacer avec langueur
Sur le filet tendu par les fées invisibles de la Tour Eiffel.
R.R
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13 mars 2010
(XII) les voies de traverse
Le grand cimetière du sud, le long de la rue Froidevaux, laisse filer des musiques anciennes, dont la mélodie sourde réveilles des nostalgies enfouies.
Quand, venant du boulevard Raspail, je regagnais par le rue Emile Richard, le logis de mes parents, c'était toujours le soir, à la nuit venue, que la voix des morts, venant de l'au-delà du mur, rythmaient la cadence de mes pas.
Alors, seulement, je me sentais bien en vie...
***
La rue Daguerre est une ligne droite, légèrement creusée en son milieu. Au loin, on aperçoit l'avenue du Maine ,barrant le ciel d'un trait charbonneux..
Et l' on peut imaginer que prospéraient ici les pépinières, les jardins de quelques maraîchers, installés là depuis que la campagne s'arrêtait devant le mur des Fermiers Généraux.
Aujourd'hui, une ancienne auberge ,la Bêlière possède son piano bar. On y rencontre des artistes, on y fait de la musique. La Bêlière a bien failli mourir. Sauvée ?
On trouve aussi, rue Daguerre, un marchand d'accordéons. Il les répare, et vous propose des cours de musique et de solfège. Mais où sont les bals populaires d'antan ?
Aucune jardinière, aucune fleur au balcon, ne remplaceront les printemps d'autrefois, où chantait l'alouette des champs, où des mains attentives forçaient le lilas, où la glycine ornait les portails, où le temps avait la couleur des aurores, lorsque la nuit écrivait sa petite musique pour accompagner une chanson...
***
Rue de la Santé, c'est l'hôpital Saint Anne, cerné de murs et de cris étouffés. La souffrance se reconnaît ici par les jardins semés de pavillon tristes, disséminés dans la nuit du silence. Le mal être et le délire sont parcourus par les brumes du soir et les cendres oubliées d'un antique mouroir.
R.R
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25 février 2010
(XI) Les voies de traverse
Place Denfert-Rochereau, au beau milieu du pavé luisant
Rugit un lion, fort, beau et grand, fier, solennel et puissant .
Il a une manière unique d'ordonner, de commander sans appel
Au passant, l'impérative direction - privilège de son empire - :
- Si tu veux aller à la Porte d'Orléans
Regarde-moi bien dans les yeux, et si tes pieds un peu lourds,
Sont à ce point abîmés, n'hésite pas, grimpe à l'instant
Dans un omnibus de la R.A.T.P ! Tu seras vite requinqué !
**
La gare du chemin de fer de Sceaux
Est ce lieu charmant et un peu désuet
Qui pourrait être un jouet
Pour l'enfant espiègle et rieur
A qui ses parents offriraient, à la place du moderne R.E.R ,
Quelques wagons en bois, tirés par une locomotive à vapeur.
**
Grande est la perspective du boulevard Saint Jacques
Aux belles harmonies classiques
Qu'approuverait un lointain Le Nôtre.
Soudain, débouchant de ses flancs
Surgit, conquérant sur les rails luisants
Le métro aérien, dont l'élan
Retenu par de vigoureux piliers d'acier
Trace sur la vallée de la Bièvre
D'électriques éclairs ; il se sent pousser des ailes
Jusqu'à vouloir se faire la belle.
A la station Saint Jacques, une oiselle gentille
N'en éprouve aucune gêne,
Car la demoiselle, griffant le ciel du bout de ses plumes,
D'une danse véloce et légère,
Honore ainsi par sa voltige aérienne
La jeunesse éternelle du métropolitain,
Jeune homme âgé de plus de cent printemps...
Oui, cela est déjà fort lointain !
On dira plus tard que le métro et l'oiselle
S'étaient rencontrés pour fêter les noces du ciel,
De la plume et d'un chemin de fer aérien
Qui aura toujours le nez en l'air
Et la tête dans les étoiles !
R.R
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24 février 2010
la rue Daguerre
La rue Daguerre est une ligne droite, légèrement affaissée en son milieu. Au loin, on aperçoit l'avenue du Maine, barrant le ciel d'un trait charbonneux.
Et l' on peut imaginer que prospéraient ici les pépinières, les jardins de quelques maraîchers, installés là depuis que la campagne s'arrêtait devant le mur des Fermiers Généraux.
Aujourd'hui, une ancienne auberge, la Bêlière, possède son piano bar. On y rencontre des artistes, on y fait de la musique. La Bêlière a bien failli mourir. Sauvée ?
On trouve aussi, rue Daguerre, un marchand d'accordéons. Il les répare, et vous propose des cours de musique et de solfège. Mais où sont les bals populaires d'antan ?
Aucune jardinière, aucune fleur au balcon, ne remplaceront les printemps d'autrefois, où chantait ici, l'alouette des champs, où des mains attentives forçaient le lilas, où la glycine ornait les portails, où le temps avait la couleur des aurores, lorsque la nuit écrivait sa petite musique pour accompagner une chanson...
R.R
09:44 Publié dans En flanant dans le 14e | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nos quartiers | Facebook | | Imprimer |
30 janvier 2010
( X) les Voies de traverse
Quelle généreuse République !
Une grande avenue pour un seul président... Ainsi, M. Coty fut de la sorte choisi. Il nous conduit sous une voûte de platanes, vers un grand parc bien vert, où toutes les souris trottent, trottent en prenant leurs quartiers d'hiver. Le Parc Montsouris ? Une île mystérieuse, où tous les oiseaux du monde font escale, où la campagne est à l'affût de Paris.
La rue du Saint Gothard doucement monte et puis descend comme un sentier de montagne. Ici, les pavés brillent comme des glaciers. La neige s'illumine d'étoiles de givre. Les nuages déplient leurs oriflammes. Et je vois sur le talus, le R.E.R. passer d'un air nonchalant, quand le soleil se glisse dans un lit de fleurs, au couchant.
Rue Saint Yves, il est une maisonnette qui offre ses pampres et ses vieilles tuiles au regard du flâneur montant la pente. Les volets sont fermés depuis longtemps et le crépis des murs est défraîchi. Autrefois, il y avait là un café, un marchand de bois et charbons, un bougnat. Aujourd'hui, il n'y a plus rien à emporter, ni vins, ni limonade, et tout le bois a brûlé. Jadis, la rue chantait un air d'hirondelle, et l'enfant distrait, regardait passer par dessus les toits, l'ombre que faisaient le merle moqueur et le moineau rieur.
R.R
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13 janvier 2010
(IX) Les chemins de traverse
C'est une rue où les façades sont bien mises
Mais quelques vitrines sont un peu grises.
Voyez cet enfant qui joue dans la cour
Le temps ralentit et s'arrête rue Liancourt.
*
Oui, la tour de Vanves chante ses souvenirs
Inscrits sur de vieux pavés luisants.
Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?
Car en ce passage, seuls les murs sont vivants.
*
Il pleut Villa Virginie
Un jour où l'averse amie
Fait reluire la pavé luisant.
Flâneur je suis, et l'heure passant
Glane les gouttes de pluie
Où naît la mélancolie.
*
Il ne reste du château qu'une rue étroite,
Des visages gris et des façades trop droites.
Mais ce lieu était juste une folie, jardin
Et maison ne sont plus, qu'un rêve bien lointain.
R.R
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08 janvier 2010
(VIII) les Chemins de traverse
La rue d'Enfer ne conduit pas aux Enfers
Seul le colonel Denfert-Rochereau a pu connaître l'enfer
Quant aux Catacombes, elles ouvrent leurs portes en fer
Aux vivants, curieux de visiter du décor l'envers...
*
La rue de l'Ouest a toujours regardé vers le Ponant
Ici le soleil couchant est moins brûlant
Que celui venu du Levant
Aussi à Plaisance les gens se couchent plus tard
Que les villageois de Ménilmontant.
*
On dit que les gens habitant la rue Hallé
Ont le teint moins clair
Que ceux résidant du côté de la Glacière.
C'est une opinion qui n'engage
Que celui qui ignore les brûlures de la glace
Ou les tourments sournois du désert.
*
Ici l'étal rutilant du poissonnier
Abonde de maquereaux ensoleillés
L'air y transporte des fragrances maraîchères
Le poisson a l'œil frais
La salade est accorte et primesautière
On est au cœur de la rue Daguerre.
R.R
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01 janvier 2010
Promenade dans le jardin Atlantique enneigé avec Marie Belin, décembre 2009
Marie Belin a fait très joli reportage photographique du le jardin Atlantique enneigé à la mi-décembre 2009, je vous invite à la suivre dans sa promenade, ses instantanés sont tout à la fois étonnants et malicieux...
18:24 Publié dans En flanant dans le 14e | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paris 14, jardin atlantique | Facebook | | Imprimer |
30 décembre 2009
(VII) les Chemins de traverse
Point n'est besoin d'être artiste
Pour parcourir la rue des Artistes
Tous les doigts du ciel dessinent une image
Où chaque jour des moutons noirs
Des moutons blancs l'aile d'un oiseau
Un cheval gris ou le nez de Cléopâtre
Naissent et meurent tout simplement là-haut
Parmi les nuages
Entre les épaules du soleil
Et la chevelure de la lune.
*
Depuis qu'elles ont élu domicile au Parc Montsouris
Ce n'est pas gentil de se moquer des souris
Car chaque nuit sous la lune blanche
Elles grignotent des reliefs de pique-nique
Que laissent les promeneurs distraits du dimanche.
*
L'avenue Reille est la mieux gardée de Paris
Car un ancien général veille tout près d'ici.
Une avenue sans soucis
Et c'est Paris qui nous sourit.
*
Au Parc Montsouris
Il fut indiqué pendant un certain temps
Sur la mire du méridien de Paris
Que ce fut Charlemagne qui inaugura ladite mire.
Mensonge ! Cela fut le fait de redoutables farceurs
Iconoclaste incultes et blagueurs
Car c'est sous le règne de Napoléon
Que le nom même de l'Empereur
Y fut gravé pour de bon.
R.R
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15 décembre 2009
(VI) les Chemins de traverse
Au temps jadis elle fut appelée « La rue du pot au lait ».
Aujourd'hui, un certain « Friant », général de son état,
Lui a prêté son nom.
Depuis longtemps le lait a été bu
Et les vaches ne remontent plus la rue
Car elles ont quitté la ferme et les prés qui l'entouraient..
***
Je ne sais si le jardin partagé de la rue de Coulmiers
Fleurira le ciel de roses et de lilas
Mais je sais que la salade et la fraise se portent bien
Et sont ici à leur aise.
Il faut cultiver son jardin avec son cœur
Et en amoureux.
***
Point n'est besoin d'avoir lu les Lettres de mon moulin
Pour parcourir la rue Alphonse Daudet.
Les chèvres n'y broutent plus.
Seule la Bouquinerie Alésia a le nez dehors
Et les livres invendus n'ont pas fini de se plaindre,
Triste sort offert à la littérature toute entière
Dont on entend parfois sous quelque porche complice
La plainte et les pleurs infinis.
***
La rue Sarrette est fort longue
Et de beaux tilleuls argentés fort bien plantée.
Fatigués de notre promenade nous pouvons aller nous asseoir
Sur un banc tout près de là
Et vérifier que le géant Isoré garde le carrefour
Où la rue d'Alésia flirte avec la rue de la Tombe Issoire.
R.R
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12 décembre 2009
(V) les Chemins de traverse
La Villa Brune est un chemin sans issue où fleurit l'ombre
Où chantent la sérénité et le grave silence de l'éternité.
C'est peut-être là qu'aboutissent et s'évanouissent
Les lentes caravanes des illusions perdues.
***
Les pierres de l'hôpital Notre Dame de Bon Secours
Ont gardé la mémoire de l'abbé Carton.
Elles portent les stigmates de la charité
De l'amour du prochain laissés ici en héritage.
L'abbé se promène-t-il encore
Sous les marronniers du jardin
Où longe-t-il les trottoirs de la rue
Qui accompagne son nom ? Qui sait ?
La solitude... la maladie... la souffrance... l'espoir
Est-ce là le vertige de la condition humaine ?
Ont-ils jamais reconnu en l'abbé
Un apôtre de l'Amour celui qui guérit..
***
Fuyant la porte de Châtillon vers Malakoff
Les vents d'ouest convient parfois
Les bruines accourues de Bretagne
Et plus souvent du périphérique la pollution.
***
C'était il y a bien longtemps
Lorsque Paris était à la campagne
Le chemin des Plantes
Voyait le long de ses berges
Passer des charrettes chargées de foin et de blé.
Aujourd'hui la rue a gardé en souvenir de son passé
La légère courbe bucolique d'un sentier
Qui semble encore bordé d'églantines et de lilas.
Sous les trilles du vent les peupliers frissonnent.
R.R
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28 novembre 2009
(IV) les Chemins de traverse
Chaque dimanche, sur l'avenue Ernest Reyer, des pigeons énamourés roucoulent.
Au premier coup de vent, ils se dispersent dans un froufrou d'étoffe mêlée.
***
Ah ! que de rosiers, que de lilas
Ont jadis ici et là
Parfumé l'étroite rue de Châtillon
Où l'on croit parfois apercevoir voleter en cet endroit
De légers et imprévisibles papillons
Qui n'ont d'autre ambition que de fleurir de leurs ailes arc-en-ciel
La nostalgie des jours de pluie
Ou la mélancolie des soirées sans soleil.
***
Flâneur du soir, entendez-vous encore, rue auguste Caïn
Le long du chemin de fer ceinture,
Le souffle de vieilles locomotives qui, cahin-caha
Tiraient des wagons, chargés d'âmes ou de marchandises.
Nos grands-pères les ont connues
Mais aujourd'hui, en ce nid oublié où la verdure se déploie,
La pluie s'écoule en tombant dru
Sur les traverses de bois nu, qui n'en finissent pas de mourir,
Nous offrant en catimini la petite musique de leur ultime chagrin.
R.R
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23 novembre 2009
Nicolas de Staël, la rue Gauguet...
Si vous êtes flâneur invétéré, alors, allez vous promener du côté de la rue de l'Aude et de la rue des Artistes. Vous découvrirez une rue "oubliée", propice à la rêverie, celle qui conduit là où vous n'avez jamais voulu aller. Vous vous laisserez ainsi porter par le sens de la marche, celle qui offre mille surprises.
Que peut-on voir rue Gauguet ? Un peintre ou plutôt l'atelier d'un peintre devenu célèbre, qui à 41 ans en 1955 a préféré quitter ce monde. Il s'agit de Nicolas de Staël.
Simple rue en impasse d'ailleurs. C'est là que Nicolas de Staël a donné toute sa démesure. En effet, l'atelier dont la hauteur de plafond atteignait les 8 mètres, permit au peintre de se "donner" à la peinture, celle-ci sauvage, à la mesure du physique de Nicolas. Délaissant le chevalet, accessoire suranné à ses yeux, il peint à même le sol, faisant exploser littéralement le cadre par trop conventionnel de ses prédécesseurs.
"Rue gauguet", Nicolas de Sataël, 1949, Museum of Fine Arts de Boston
Mais si la rue Gauguet focalise ainsi l'attention par son aspect un peu démodé d'une rue de province, elle se découvre comme la mémoire revivifiée par le vent invisible de l'Art. Et d'ailleurs, cette rue à travers une toile du peintre, n'a-t-elle pas déjà voyagé en s'expatriant aux Etats-Unis : le Museum of Fine Arts de Boston l'ayant recueillie ?
Mais là, ne s'arrête pas la seule découverte essentielle à notre flânerie. Ce quartier, si proche du parc Montsouris, a vu un autre "initiateur" de Nicolas de Staël : Georges Braque. Celui-ci en a été un des premiers admirateurs et a reconnu de suite la violence, la puissance qui émanaient des œuvres de Nicolas, le recevant dans sa maison située non loin, face au parc et baptisée rue Georges Braque...
Ainsi, de la rue Gauguet à la rue Georges Braque, un lien secret, une "correspondance" s'établit. C'est un couloir où l'imaginaire du promeneur peut se nourrir des ombres qui ont fui depuis longtemps, mais qui par la magie de leur écho, sont toujours aussi présentes à notre esprit. Le bruit de nos pas s'inscrit alors dans la longue marche de deux peintres, qui habitèrent en leur temps notre quartier et dont la renommée est devenue universelle.
R.R
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19 novembre 2009
Le jardin Atlantique, sur la gare Montparnasse
Le jardin Atlantique recouvre une surface de trois hectares et demi construits à 18 mètres au dessus des voies ferrées de la gare Montparnasse. Terminé en 1994, conçu par les architectes paysagistes François Brun et Michel Pena, ce jardin est une performance architecturale, en raison des lourdes contraintes qui pesaient sur le projet : création d'un parking de 700 places entre le niveau des voies ferrées et le jardin, nécessité d'une centaine d'ouvertures pour l'éclairage et la ventilation, problèmes de structure, d'ombrage, etc.
On y pénètre par la Place des Cinq Martyrs du Lycée Buffon (jeunes élèves fusillés par l'occupant en 1943), place ronde conçue par Jean Willerval, pour répondre à la place de Catalogne toute proche, dessinée par l'architecte catalan Ricardo Boffil. On y entre aussi par le square Max Hymans, 25 boulevard du Montparnasse ou par une entrée au sud de la gare.
Le jardin est bâti sur plusieurs niveaux autour d'une grande pelouse, épaisse et douce, carrée et d'accès libre. Une sympathique fontaine centrale, où il est agréable l'été de se rafraîchir les pieds, supporte des instruments de mesure de la force et de l'orientation des vents, de la pluviométrie, de la température et de la pression atmosphérique. Cet espace est fermé par les immeubles-barres qui l'isolent des bruits de la ville. Le décor est fait de grands mâts, de ponts promenade, de passerelles, d'espaces de sport et de repos. Il utilise des matériaux nobles comme le bois de Kapur ou le marbre de Macauba. Il est planté de végétaux venant de plusieurs continents, comme le micocoulier de Virginie, celui de Provence étant sûrement trop commun, aux yeux de nos grands jardiniers.
Au fond se trouvent le mémorial du Maréchal Leclerc et le musée Jean Moulin (ouvert tous les jours sauf le lundi, de 10 à 18 heures, entrée 2 à 4 €). Vous y trouverez aussi 4 tennis, bleus comme l'atlantique, ping-pong, et un long solarium en teck.
Alors, s'il fait beau, si votre train ou celui de vos chers petits a du retard, n'hésitez pas, allez vous y installer !
A.C.
05:16 Publié dans En flanant dans le 14e | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare montparnasse, jardin, montparnasse, paris 14ème | Facebook | | Imprimer |