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22 octobre 2009

(IV) - Les chemins de traverse : Vu du pont

Le parapet du pont, avenue Jean Moulin, est tout entier festonné de mousses et de lichens :  dentelles, que le vent et le soleil on déposé là, au bord du vide, afin que les yeux du passant fixent l'écriture révélant les premiers souffles de la vie.

Ce pont surplombe la voie du chemin de fer de Petite Ceinture. De là, en regardant vers l'est, longeant la rue de Coulmiers, la profonde tranchée en contrebas attire quelques plantes téméraires qui s'accrochent en amateur d'escalade. Ici, la voie ferrée, dans sa plus grande configuration, se présente sous un piteux état. Les traverses de bois malmenées par les assauts de la pluie et du temps, sont devenues peu à peu les vertèbres dénudées d'un animal antédiluvien. Surgit alors, de façon spontanée, l'image d'un squelette, témoin insolite offrant ses blessures en sacrifice, au regard d'un soleil indifférent, qui dans la nudité et l'apparence d'une dépouille abandonnée, reste le seul témoin silencieux du passé.

De l'autre côté du pont, on entend le chant aigu d'un oiseau invisible. Il est là, caché parmi l'effondrement de branches cassées qui pourrissent dans un labyrinthe chaotique d'herbes et d'arbrisseaux enchevêtrés. Instant insolite. L'oiseau partage son empire avec le brouhaha incessant que font les voitures glissant plus haut sur la chaussée. Je me penche par dessus le parapet. J'aperçois la voie. Les rails, se souviennent-ils encore du dernier chuintement d'essieu que des wagons tintinnabulants faisaient ? La rouille a posé d'un doigt protecteur son ultime vernis sur l'acier inerte, figé dans une pose hiératique. Voit-elle, la nuit, s'engouffrer dans la chambre humide du prochain tunnel, le fantôme d'un train sans voyageurs ? Et que dire des ultimes volutes de fumée des locomotives ? Ne déposent-elles pas encore leurs escarbilles sur les quelques fils téléphoniques abandonnés ça et là, dans le fossé tout proche ?

Vers l'ouest, et longeant la rue Auguste Caïn, on voit le long du talus, des arbres foudroyés qui achèvent d'expirer, tandis que le lierre monte à l'assaut des robiniers qui suffoquent dans la crispation d'une mortelle étreinte.

Tiens ! un chat... il attend, il surveille peut-être l'oiseau qui chantait tout à l'heure. Voilà un autre chat. Ils se tiennent à distance. Ensemble, ils jouent le rôle de sentinelle auprès d'une citadelle abandonnée et tiennent sans doute le registre de leurs chasses nocturnes, souris, mulots, oiseaux. Dans leur langage de chats, comparent-ils l'importance de leurs proies à l'aune de leur appétit ?

Vu de ce pont, le chemin de fer de Petite Ceinture est une sorte de cimetière au destin incertain, dont les âmes errantes courraient après le dernier train fantôme, celui qui passe aux stations sans s'arrêter, un train qui poursuivrait son voyage éternel, vers un terminus silencieux et infini, celui du temps...

J'achève ici mon voyage, en prenant garde de ne pas laisser mes bagages sur le quai. Quelque voyageur égaré dans le futur pourrait en disposer et profiter de ma présence invisible pour se souvenir que dans un passé lointain, je suivais la voie d'un chemin de fer devenu aujourd'hui parfaitement imaginaire.

R.R.

21 octobre 2009

(III) Les chemins de traverse : la Tombe Issoire

Toute droite, la rue de la Tombe Issoire a la maigreur sèche des ascètes éblouis. Un corset d'immeubles aux fenêtres étroites étouffe ses velléités d'émancipation juvénile. Souvent, il y fait noir, parfois soleil. Et la nuit, au creux des anfractuosités pierreuses, tous les rêves des étoiles se rencontrent à la recherche d'un nid douillet, propice aux voyages interstellaires.

Au pied d'un mur, fait de pierres sauvages et rudes, on voit une tapisserie de plantes grimpantes et frissonnantes où s'essouffle le vent dans l'air frais du soir. L'on voit aussi des vélos et des autos, jouets abandonnés au hasard du caniveau et attendant leur délivrance. Un jour, un enfant rieur et espiègle leur fera peut-être faire un tour de manège tout autour de la Terre, pour mieux vérifier que la porte de la liberté ne reste pas infranchissable.

Si on lève la tête, on voit dans le ciel des graffitis tracés avec le pinceau blanc des nuages. Ils nous font des signes, des sortes d'entrelacs sculptés, bas-reliefs qui se trouvent déposés sur la tombe fantôme du géant Isoré qui, il y  a longtemps, est passé par là, après avoir succombé à un combat surhumain et inégal. Sur le mur d'une école voisine, son effigie monumentale et disproportionnée défie la pesanteur et l'harmonie du lieu.

Rue de la Tombe Issoire, il y a des chiens qui promènent leurs maîtres, des maîtres qui sont perdus dans les rêves de leur chien,  tandis que  sur la ville, la pluie pleure sa détresse de chien perdu.

Beaucoup plus loin, là où la rue hausse ses épaules, les grands réservoirs de la Vanne retiennent l'eau de Paris, qui fait sa toilette, qui lave ses légumes, qui fait briller ses trottoirs. Ici, l'impur se laisse sombrer au fond de vastes bassins d'eau claire et chantante. Et les grands réservoirs ont l'air de beaux et grands châteaux-fort, qui depuis longtemps défendent du haut de leurs mâchicoulis invisibles, les portes  toujours ouvertes de nos soifs insatiables.

Oui, la rue de la Tombe Issoire est la plus antique, la plus mélancolique que nous a léguée Lutèce. Elle se souvient qu'elle fut bucolique en un temps lointain où ici, le chemin d'Orléans croisait les « Hautes Bornes », sommet à partir duquel le versant orienté en direction de la vallée de la Bièvre, conduisait le regard vers les hauteurs de Ménilmontant, et plus près, vers les îles, au milieu du fleuve qui enfanta notre cité, tandis que la colline de Montmartre nous invitait à visiter le lointain horizon de la Plaine de France.

Chacun de nous est un peu l'héritier de la rue de la Tombe Issoire. Elle retient sur le balcon vieilli de l'Histoire, les pas du flâneur où viennent mourir les vagues hésitantes de notre mémoire soumise aux coulées d'une poussière volatile.

R.R

08 octobre 2009

Cité U - la maison des Etats-Unis

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Cette fondation est construite comme un immeuble, avec ses 275 chambres et son entrée sur le bd Jourdan. L'architecte, Pierre Leprince-Ringuet, à qui l'on doit également la Maison des élèves de l'Ecole Centrale à Paris, les ateliers Michelin à Londres, les musées archéologiques de Beyrouth et plusieurs églises dans le Nord de la France, a mêlé la pierre et la brique afin de briser la monotonie de cette grande bâtisse.

La construction fut décidée en 1925 à l' initiative de Myron T. Herrick, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, qui réunit 400 .000 dollars souscrits par M. et Mme Homer Gage des universités américaines, de la Fondation Carnegie, de la Société des Amis de la Légion d'Honneur, du Comité France -Amérique et par des personnalités comme le banquier Morgan.

Elle  fut inaugurée en avril 1930.

A l'intérieur dans le hall, deux fresques aujourd'hui disparues  représentaient Lafayette contemplant l'Amérique nouvelle avec ses tours, et le général Pershing débarquant en France, prononçant les paroles historiques : « Lafayette nous voici  ". D'autres fresques et deux salons d'honneur meublés à l'origine en style Louis XV et Louis XVI donnaient un certain cachet à cette fondation.

S.E.

24 septembre 2009

(II) Les Chemins de traverse

Que penserait Antoine Chantin, le jardinier,

S'il voyait les immeubles bourgeois de sa rue, à l'allure sévère,

S'effacer et laisser place à nouveau, à des jardins de lumière,

Que le soleil fleurirait de roses trémières, de lilas blanc,

Embrassant de légères tonnelles aux visages souriants.

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Guinguette ou bal musette, rue du Moulin vert ?

On dit qu'autrefois un moulin déployait ses ailes de ce côté-là.

Il était ouvert aux quatre vents, à tous les vents que l'amitié rassemble.

Aujourd'hui, c'est autour d'un verre, que les amis se rencontrent

au restaurant du Moulin Vert.

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Arthur Rimbaud, le poète, dut s'égarer un jour en ce passage,

où il joua et perdit le « d » de son patronyme...

Beaucoup plus tard, cette lettre perdue fut remplacée

A propos d'un poème aux «  semelles de vent», par un « t », posé là, sans rime ni raison.

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17 septembre 2009

la rue Gauguet

Si vous êtes flâneur invétéré, alors, allez vous promener du côté de la rue de l'Aude et de la rue des Artistes. Vous découvrirez une rue "oubliée", propice à la rêverie, celle qui conduit là où vous n'avez jamais voulu aller. Vous vous laisserez ainsi porter par le sens de la marche, celle qui offre mille surprises.

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Salvador  Dali et et sa femme Gala s’installent au n° 7 rue Gauguet, dans le 14e, près du réservoir de Montsouris au mois de juillet 1932

Que peut-on voir rue Gauguet ? Un peintre ou plutôt l'atelier d'un peintre devenu célèbre, qui à 41 ans en 1955 a préféré quitter ce monde. Il s'agit de Nicolas de Staël, dont le Centre Pompidou a consacré une magnifique exposition en juin dernier.

Simple rue en impasse d'ailleurs. C'est là que Nicolas de Staël a donné toute sa démesure. En effet, l'atelier dont la hauteur de plafond atteignait les 8 mètres, permit au peintre de se "donner" à la peinture, celle-ci sauvage, à la mesure du physique de Nicolas. Délaissant le chevalet, accessoire suranné à ses yeux, il peint à même le sol, faisant exploser littéralement le cadre par trop conventionnel de ses prédécesseurs.

Mais si la rue Gauguet focalise ainsi l'attention par son aspect un peu démodé d'une rue de province, elle se découvre comme la mémoire revivifiée par le vent invisible de l'Art. Et d'ailleurs, cette rue à travers une toile du peintre, n'a-t-elle pas déjà voyagé en s'expatriant aux Etats-Unis : le Museum of Fine Arts de Boston l'ayant recueillie ?

Mais là, ne s'arrête pas la seule découverte essentielle à notre flânerie. Ce quartier, si proche du parc Montsouris, a vu un autre "initiateur" de Nicolas de Staël : Georges Braque. Celui-ci en a été un des premiers admirateurs et a reconnu de suite la violence, la puissance qui  émanaient des œuvres de Nicolas, le recevant dans sa maison située non loin, face au parc et baptisée rue Georges Braque...

Ainsi, de la rue Gauguet à la rue Georges Braque, un lien secret, une "correspondance" s'établit. C'est un couloir où l'imaginaire du promeneur  peut se nourrir des ombres qui ont fui depuis longtemps, mais qui par la magie de leur écho, sont toujours aussi présentes à notre esprit. Le bruit de nos pas s'inscrit alors dans la longue marche de deux peintres,  qui habitèrent en leur temps notre quartier et dont la renommée est devenue universelle.

R.R

15 septembre 2009

Cité U : maison des étudiants suédois

paris-cite-universitaire-internationale-29-suede.jpgCompacte, rappelant un peu le style des gentilhommières du XVIIIe siècle, cette Maison de la Suède ne compte que 40 chambres. Ne voulant pas dépayser les étudiants, les fondateurs lui ont donné une ambiance familiale et chaleureuse.

C'est à l'amitié franco-suédoise que cette Maison doit d'avoir été construite. Conçue par les architectes Peder Clason et Germain Debré, elle a quatre niveaux avec un toit percé d'oeils-de-bœuf.

Sa façade en brique enduite de ciment, ses fenêtres placées à la mode nordique à encadrements moulurés et aux volets bleus, en font une construction typiquement suédoise.

Au rez-de-chaussée, une petite salle de réunion ouvre sur une terrasse prolongée par le parc, enfin sur la façade, les armes de la Suède.

Cette jolie résidence fut inaugurée en 1931.Tout près, se trouvent les Maisons du Danemark et de la Norvège : une petite enclave scandinave dans la cité universitaire.

S.E

04 septembre 2009

A la Cité U, la Maison des Etudiants de l'Asie du Sud-Est ( ex Maison de l'Indochine)

 

Cette Maison des Etudiants fut inaugurée en 1930 sous le nom de Maison de l'Indochine.

C'est un comité présidé par M.Raphaël Fontaine, industriel au pays d'Annam, qui prit l'initiative de cette construction, répondant ainsi au désir des chefs de famille Annamites qui voulaient que leurs enfants deviennent plus savants et bien armés pour la vie mais qui voulaient en même temps qu'ils gardent les qualités et les traditions de leurs ancêtres et de leur civilisation.

« Cet état d'esprit était conforme aux principes de la colonisation française : gouverner l'Indochine sans en détruire les traditions »

Les fonds nécessaires à cette construction furent réunis grâce aux dons de résidents français, d'autochtones et du gouvernement local. La première pierre fut posée en juillet 1928 en présence de l'Empereur d'Annam, Bao Daï.

Les architectes, Pierre Martin et  Maurice Vieu, ont gardé les racines  indochinoises tout en étant moderne et de style métropolitain.

La bâtisse a 100 chambres sur cinq niveaux, avec un jardin aménagé au centre.

L'extérieur est ceinturé par des bandes horizontales blanches et ocres. Des éléments caractéristiques : large débord des toitures, angles relevés, guirlandes en grès vert, menuiserie rouge, couverture en tuiles rondes vernissées, enfin un superbe dragon, inspiré de celui de la pagode de Huang-Lung, apporte une belle ornementation.

L'intérieur rationnellement aménagé a un décor oriental pour une belle salle de réunion, une bibliothèque due au décorateur C.Richard  et une rampe d'escalier conçue sur le motif de la porte de la cour du The-Mieu au palais impérial de Hué. Une maison où il doit faire bon vivre.

S.E

 

21 août 2009

(I) Les chemins de traverse

 

La ligne droite n'est pas toujours le moyen adéquat pour découvrir un pays ou une ville. Le chemin de traverse est cette échappée qui brise les habitudes, le train-train, la paresse. Il permet de découvrir des horizons inconnus, il délivre les choses de leur état de réserve pour nous révéler leurs ombres secrètes. Il ouvre les portes à l'imaginaire, source d'émerveillement, il favorise la poésie du voyage, il flirte avec l'aventure.

Notre arrondissement avec ses rues, ses avenues et ses impasses peut-il être « traversé » en dehors de toute ligne droite ? Oui, sans doute, à condition que la curiosité nous accompagne, que le goût de l'insolite, la fantaisie du regard, la surprise de l'émotion ou tout simplement le geste gratuit qu'offre la poésie cachée sous le boisseau des apparences, se révèlent.

Les textes courts qui suivent pourront peut-être inciter le lecteur à visiter nos quartiers avec un œil nouveau, une approche originale de notre environnement urbain, et pourquoi pas lui permettre de nous confier ses découvertes sous la forme de textes que lui-même aura écrits, et que nous pourrions éventuellement publier. Alors, bonne promenade, nous attendons votre moisson d'impressions.              R.R

 

Qu'est devenu l'ancien chemin de Chevreuse ?

Ici, plane les ombres et le chant

de Jean Moulin le résistant.

La route est toujours droite pour celui qui accepte le sacrifice.

***

Place Hélène et Victor Basch

le clocher de l'église Saint-Pierre

régule la circulation à la verticale

d'un essaim d'automobilistes énervés.

***

Impasse du Rouet, le long du mur décrépi de l'ancienne auberge

s'ouvre le volet d'une fenêtre aveugle.

Alors, le temps passé s'enfuit

à bord d'un nuage célibataire et nostalgique.

***

Je ne sais si le jardin partagé de la rue de Coulmiers

fleurira le ciel de roses et de lilas,

mais je sais que la salade et la fraise

se portent bien et sont ici à leur aise.

***

19 août 2009

Inconnus et oubliés dont les noms sont inscrits sur nos murs : Henri LIORET ( 1848 -1938)

L'homme auquel nous consacrons cette "microbiographie" mériterait assurément le titre de prince des Oubliés. Et, pourtant, au cours d'une vie de huit décennies (abstraction faite de ses années d'enfance), il déploya une si prodigieuse activité que nous devons nous borner à une énumération chronologique :

Fils d'un horloger de Moret-sur-Loing (où il naquit en 1848, aube des temps modernes), il est élève dès sa 14e année à l'Ecole d'Horlogerie de Besançon et en sortira premier en 1866.

    Il "monte" alors à Paris et, vers la fin du Second Empire, il est à la tête d'un très important atelier d'horlogerie rue de Turbigo, où il emploie de nombreux ouvriers spécialistes.

      Après 1875, il installe dans notre Arrondissement une véritable petite usine en un bâtiment épargné par l'incendie (1868) de l'imprimerie de l'Abbé Migne, au N° 18 de la rue Thibaud.

        L'année 1893, il est chargé par le gouvernement de construire une pendule indiquant heures, jours, mois et saisons, qui sera offerte au Tsar Alexandre III en visite à Paris.

          La même année, il rend parlante la célèbre poupée "Jumeau" (du nom même du fabricant de ce jouet). Enregistrement sur cylindre, puis disque à gravure latérale.

            En 1894, Lioret sort le Lioretgraph : premier phonographe produit en France.

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              Les années de la fin du XIXe siècle et les premières du suivant, il travaille avec les Gaumont, Pathé, Laudet, Maret, Marage, Rousselot et Maréchal à des appareils pour toutes sortes d'enregistrements.

                Mentionnons encore en 1896 une des plus géniales inventions de ce pionnier hors pair : grâce au procédé de la galvanoplastie, il permet l'enregistrement à l'infini de la parole en continu au lieu de la production disque par disque. On a pu dire que Lioret avait été le précurseur du microsillon...

                  A l'Exposition universelle de 1900 (Paris), Lioret présente des disques d'enregistrement de la voix extrêmement perfectionnés par rapport aux cylindres primitifs. Toutes les vedettes du spectacle viendront chez Lioret pour y déposer leurs "archives vocales".

                    Après ce grand succès sur le plan international, Lioret transfère son établissement de la rue Thibaud au N° 270 du boulevard Raspail, toujours dans notre 14e arrondissement.

                      En 1911, associé avec Ducretet, il concentre ses recherches sur la réalisation du film parlant.

                        Pendant la Grande Guerre, il met au point des appareils permettant de repérer la position des canons ennemis ; puis, d'autres, celle des sous-marins...

                          Honnêtement cité dans le Grand Larousse encyclopédique, Henri Lioret est absent des autres ouvrages publiés en France avec même vocation. Mais il est salué de la mention bien justifiée : "Promoteur de l'industrie phonographique française" dans le "Dictionnaire universel des noms propres" des Editions "Le Robert".

                          R.L.C.

                          18 août 2009

                          la Cité U et la maison de l'Italie

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                          Tardivement construite du fait de la guerre, la maison de l'Italie fut inaugurée en janvier 1958. Sa belle architecture, fidèle aux années 30, est signée Portaluppi et Klein.

                          Typiques de l'Italie, les arcades du rez-de-chaussée, le fronton qui couronne le corps d'entrée, le porche à pilastres rappellent le style de ce merveilleux pays. Quelques fragments de ruines antiques placés dans le jardin, des pierres sculptées par Mario Nieddu ajoutent à l'ambiance romaine.

                          C'est à un "comité pour la maison italienne de l'étudiant à Paris" que revient l'initiative de cette construction. Le professeur Quaroni, fondateur de ce comité, réunit en 1953 les fonds en grande partie offerts par le Rotary italien.

                          Cette maison comporte 70 chambres et a été restaurée en 1981. C'est un peu de l'Italie dans le parc de la Cité.

                          S.E.

                          16 août 2009

                          Charles Louis du Couedic de Kergoualec ( 1739 - 1780)

                          Inconnus et oubliés

                          Dont les noms sont inscrits sur nos murs

                          kergport.jpgLe nom de cet héroïque marin (qui donna une ultime victoire navale à notre pays, dans les dernières années de l'Ancien Régime), pose plusieurs problèmes d' onomastique, car on y discerne la présence de diverses racines dont la "cohabitation" n'est pas évidente. Ce qui est certain, c'est que le mot "du", qui précède le patronyme "Couédic", n'est pas l'article français contracté ("de le"), mais bien l'adjectif breton qui signifie "noir" ; tandis-que, dans "Couédic", on trouve la racine du mot "ed", c'est-à-dire "blé"...

                          L'administration municipale, auteur de la "Nomenclature officielle des Voies publiques et privées" de Paris a, de toute façon, tranché le problème à sa façon, en dénommant "rue du Couédic" (tout court) notre rue du 14ème, en 1864... Mais, dans le texte de l'articulet intitulé pompeusement "historique", soit deux lignes, elle a tenu à développer les titre, nom et qualité de notre vaillant Breton : "Vicomte Charles Louis du Couédic de Kergoualec". Toutefois, le Grand Larousse encyclopédique ne le titre que chevalier, et orthographie avec un R final (et non un C) son petit domaine patrimonial...

                          Né en 1740, notre chevalier du Couédic était lieutenant de vaisseau en 1779, après vingt cinq années de mer, mais commandait une frégate, "la Surveillante". Par un beau matin d'automne - le 7 octobre - en pleine Manche, il vit une frégate anglaise, mettre le cap sur lui. Les deux vaisseaux étaient d'égale puissance de feu, et, s'observant depuis des mois, s'apprêtaient à engager le combat à la première occasion. Le vaisseau anglais était "le Québec", sous les ordres du commandant Farmer, excellent officier, expérimenté comme du Couédic. Deux cent soixante-dix hommes armaient chacun des deux vaisseaux.

                          surv1.jpgLe combat des deux navires (tableau de George Carter) dura tout le jour. Un boulet français bien placé finit par faire sauter la soute à munitions du "Québec" et couler ce vaisseau.

                          Du Couédic, atteint de multiples blessures, parvint à ramener sa "Surveillante" à Brest : ce n'était plus qu'une quasi-épave, maisl'étendard de la France y pendait encore sur un mat de fortune...
                          Louis XVI fit du Couédic Capitaine de vaisseau, mais ce grand marin ne survécut que quelques mois à sa victoire (printemps 1780).

                          R.- L. C

                          14 août 2009

                          Histoire de l'avenue jean Moulin

                          Indiquée en 1730 sur le Plan Roussel, sous le nom de « Grand chemin de Chevreuse », cette voie a ensuite porté celui d’Avenue de Châtillon, avant de recevoir celui du fondateur du Conseil National de la Résistance, Jean Moulin (1899-1943). Elle part de la place Victor Basch, aboutit Boulevard Brune et mesure 670 mètres (vous pouvez vérifier !)

                          Coïncidence tout à fait fortuite mais bien venue, il se trouve que ce quartier ne possédait pas moins de 60 moulins depuis le13ème siècle : le grain venait des plaines du sud de l’Ile de France : Brie et Beauce. Parmi les plus célèbres : Les moulins de Sans souci, Du Fort-Vestu, du Moque souris, de la Marjolaine, du Bel Air, de l’Alouette, des Lapins, et bien sûr, notre Moulin Vert sis à l’emplacement actuel du restaurant du même nom. Le seul rescapé siège toujours dans le cimetière de Montparnasse et se nomme « le Mouliniste » Il est surprenant de découvrir que ces moulins faisaient en plus office d’auberges ou de cabarets.

                          D’après ‘’Vie et Histoire du 14ème’’de L.R.C.

                          10 août 2009

                          De la Croix des Sages au puits salé

                           

                          Un lieu-dit, c'est, exprimé par un mot ou plus généralement un groupe de mots, un souvenir qui se perpétue, un parfum du passé qui persiste, la survivance poétique de décors ou d'êtres disparus. C'est un peu une main tendue par les générations mortes aux générations vives, une formule à la fois évocatoire et invocatoire

                          Dans l'essai d'inventaire de ce qui subsiste de notre patrimoine en appellation de lieux-dits dans le 14ème, nous avons commencé par un sujet demeuré populaire : les moulins.

                          Nous restons dans le voisinage des moulins pour examiner, du haut du clocher de Saint Pierre de Montrouge, un véritable nid de lieux-dits : nous sommes ici à celui des "Quatre Chemins", appellation qui désignait le carrefour de la route d'Orléans avec ses deux bras Nord et Sud ; de la Chaussée du Maine, ouverte par le duc du Maine, fils naturel de Louis XIV, pour se rendre à son château de Sceaux , et de la route de Chartres, dite aussi de Chevreuse. C'est la grande rocade de la rue d'Alésia qui est venue, sous le Second Empire, ajouter ses deux bras Est et Ouest au carrefour initial.

                          Mais un nom beaucoup plus ancien avait été celui du lieu-dit la "Croix des Sages". Celle-ci était implantée, pense-t-on, là où se trouve le parvis de notre église Saint Pierre du Petit-Montrouge, et il y a probabilité qu'il s'agissait de celle qui fut rompue là en Nivôse An II.

                          Deux puits, de dates très anciennes, se trouvaient non loin de là, et leurs noms restèrent longtemps attachés au lieu de leur situation après leur suppression : c'étaient le "Puits rouge" et le "Puits salé". Le nom du premier était à l'origine celui d'un estaminet de rouliers ; il était situé à la jonction de l'avenue du Général Leclerc et de l'avenue Jean Moulin *. Son nom fut repris par divers commerces avant de disparaître, après avoir été mentionné au cadastre. La couleur rouge était certainement une allusion à la terre du sol montrougien, comme le démontrent tous les travaux entrepris sous nos trottoirs. Quant au "Puits salé", il se trouvait de l'autre côté de l'avenue du Général Leclerc, immédiatement après l'église Saint Pierre. Il était situé au fond d'une courte impasse dite : "Rue du puits salé", donnant accès au magasin de fers d'une grande quincaillerie. Comblé dans ses profondeurs, il devait, dit-on, son nom au salpêtre revêtant ses parois.

                          R.-L. C

                           

                           

                          09 août 2009

                          D'un moulin à l'autre - Défense et illustration de nos anciens lieux-dits

                          Une promenade conduite par l'imaginaire nous fera découvrir un sujet demeuré populaire, celui des moulins qui longtemps ont été présents dans le 14ème

                          Il faut savoir que le nombre de ceux-ci, sur notre territoire, atteignit au cours des siècles, une bonne soixantaine. Une trentaine, plus ou moins exploités, subsistaient encore vers le premier tiers du 19ème siècle. Les minoteries, véritables usines à farine, les supplantèrent dans l'irrésistible mouvement de mécanisation qui caractérisa cette époque. Sur tant de moulins, seuls deux ou trois ne furent pas démolis : le moulin d'Amour (actuelle rue Ernest Cresson) qui devint un atelier de photographie (1) et le fameux moulin de la Charité, dit aussi "Moulin moliniste" (celui-ci très bien restauré il y a quelques années) dans le cimetière Montparnasse.

                          Nos voies, au hasard des décisions administratives, ont contribué à la préservation des appellations de plusieurs des lieux-dits correspondant à des moulins. Curieusement, une rue a disparu avec son moulin, celle dite du "Moulin de Beurre" ; tandis qu'une autre rue dite du "Moulin des Lapins" (2), était créée de toutes pièces dans l'aménagement de la ZAC Didot (1996), à hauteur du numéro 138 de la rue du Château.

                          Il est  regrettable que le beau nom de la rue du Moulin de Beurre, attestant de la qualité de la farine produite là jadis, n'ait pas été repris pour un ensemble immobilier nouveau du voisinage. A Plaisance, en revanche, la rue du Moulin de la Vierge, qui subsiste heureusement, a donné son nom (de même qu'une boulangerie) à un groupe de bâtiments modernes. La pérennité du lieu-dit semble ainsi être assurée.

                          Dans le quartier du Petit-Montrouge, la rue du Moulin-Vert pose problème. Cette voie de près de 700 mètres, qui relie très bizarrement l'avenue du Maine à la rue de Gergovie, mémorise certes un ancien moulin devenu une guinguette, mais il n'est pas démontré, à notre humble avis, que celui-ci se trouvait sur le généreux tracé que lui accorda Haussmann en 1863. En outre, elle est fréquemment confondue avec le célèbre cabaret des Romantiques de la Mère Saguet (qu'on peut vraisemblablement situer vers notre actuelle rue du Texel). Quoi qu'il en soit, des restaurateurs ont repris à diverses époques la dénomination du Moulin Vert sur leur enseigne, sous le patronage officiel de la rue par la Ville, et nul ne la  leur a contestée. Le Moulin de la Marjolaine - au joli nom - disparu de longue date, a néanmoins survécu jusqu'à nos jours dans l'enseigne d'une boulangerie, à la pointe constituée par la jonction des rues de la Tombe-Issoire et du Père Corentin.

                          Bien peu de passants se doutent que le passage de la Tour de Vanves, entre l'avenue du Maine et la rue Asseline, perpétue le souvenir du corps d'un moulin ayant depuis si longtemps perdu ses ailes, que son nom même était sorti de la mémoire collective : autre lieu-dit qui perdure comme un fantôme, grâce à la plaque bleue de l'une des plus modestes voies du 14ème (120 mètres de long, 3,80 mètres de large).

                          Il y a lieu de remarquer que l'industrie moderne, et notamment les minoteries mentionnées plus haut, bien que remontant à plus de 150 ans,  n'ont pas suscité l'apparition de noms de lieux-dits. C'est le cas, dans notre 14ème, des Grands Moulins de Montrouge, disparus dans l'entre-deux-guerres, dont la raison sociale, susmentionnée, ne permet qu'aux plus âgés de nos concitoyens, de se remémorer l'emplacement.

                          R.L.C.

                           

                          06 août 2009

                          le Moyen Age s'installe rue Friant

                           

                          La surprise est offerte à tout promeneur qui remonte la rue Friant vers la porte de Montrouge, lorsqu'il découvre « l'Echoppe médiévale », boutique modeste sans doute, mais qui recèle en son sein moult trésors insolites qui se rapportent tous à l'époque moyenâgeuse, dont nous avons tous perdu les traces visuelles.

                          Ici, nous faisons un bond en arrière de mille ans ! Dès l'entrée, nous sommes accueillis par une armure... une vraie ! et le local exigu regorge de blasons, d'étains, de tapisseries, de vêtements et de bijoux qui fascinent l'œil autant que l'esprit. La première surprise passée, vous êtes tenter d'échanger sur le champ vos habits contemporains pour ceux que portaient les preux chevaliers, les manants et les dames aux atours festonnés. Vous voilà, sans vous en rendre compte, portant déjà un heaume rutilant...Vous ne vous êtes aperçus de rien et cependant, vous avez changé de millénaire. Vous êtes dans une autre époque.

                          « L'échoppe médiévale » est au 10 de la rue Friant. Son téléphone (lui, est résolument contemporain) est : 01 45 49 12 71. ainsi que le site Internet : www.echoppemedievale.com

                          R.R

                           

                          13 juillet 2009

                          Lilliput et le jardin d'Eden

                          A contempler de près ces carrés de légumes, de fleurs, de plantes si diverses, l'œil se trouve saturé, inondé par un patchwork de couleurs, de formes et de volumes mêlés, où l'abondance profusede la flore le dispute au hasard heureux.

                          On se plait alors à rêver d'une terre qui pourrait devenir toute entière un jardin. Terre d'une éternelle et grandiose composition florale, où l'homme eut déposé sa signature d'artiste. Eden mythique ? Peut-être, mais déjà embryon d'un paradis aujourd'hui lilliputien au travers d'un jardin partagé, mais demain qui sait ?

                          Il est là ce petit paradis, près de chez vous, le long du chemin de fer de ceinture, rue de Coulmiers dans le 14ème arrondissement de Paris.

                          Derrière le grillage protecteur, fraisiers, salades, tomates, fines herbes, tournesols et même pampres de vigne se sont donnés rendez-vous pour évoquer en toute simplicité la Nature. O bien sûr, une nature maîtrisée, bien tempérée, lilliputienne, car nous ne sommes ni à Villandry, ni dans les bosquets de Versailles, encore moins dans le domaine de Beauregard, mais... l'esprit est là qui a conduit les doigts de quelques jardiniers inspirés et leur ont donné l'imagination nécessaire, assistée par une persévérance bienveillante pour offrir au flâneur des rues, le loisir de l'évasion gratuite, fortifiante, bien éloignée des émanations sournoises provenant de quelques moteurs diesel remontant l'avenue Jean Moulin.

                          Une lente méditation s'installe. Je contemple ce petit rectangle de nature que Paris sait parfois garder en cachette. La grande ville l'offre en catimini au regard bienveillant du passant rêveur, celui qui sait encore garder au fond de lui cette petite flamme tremblante, mais toujours libre et fidèle, qui fait que la plus minuscule touffe d'herbe, le plus discret des jardinets ont plus de sens et procurent plus d'apaisement que l'agitation redondante, le tintamarre éphémère, les vacuités médiatiques produits par le monde déjanté de nos contemporains.

                          Oui, une touffe d'herbe, posée là, le long du grillage d'un jardinet, me regarde, je lui souris...  nous nous comprenons ! Lilliput serait-il le prémonitoire et dévoué jardinier d'un éternel paradis à venir ? Seul le Temps sera peut-être le chef d'orchestre  inconnu pour diriger une nouvelle "Pastorale" encore non écrite...

                          R. R.

                           

                          12 juin 2009

                          Promenades et concerts

                          Samedi 13 juin, 10h30 La Maison du Fontainier. Parcours conférence de l’eau de Paris à travers le quartier Montsouris. Inscriptions : 01 42 24 54 02 - couriel: pavillondeleau@eaudeparis.fr. 5 € / 3 € / gratuit pour les moins de 12 ans.

                          Concerts Samedi 13 juin, 16h et dimanche 14 juin, 15h et 17h
                          Autour de Michel Lysight, compositeur en résidence. Concert des élèves samedi et des professeurs dimanche. Entrée libre. Conservatoire Darius Milhaud, 26 rue Mouton Duvernet. M° Mouton Duvernet

                          Dimanche 14 juin, 15h : Promenade découverte de la Place d'Alésia à la Porte d'Orléans, organisée par le Conseil de quartier Jean Moulin Porte d'Orléans. Rendez-vous sur la place Hélène et Victor Basch, devant la BNP. Gratuit.

                          10 juin 2009

                          Pleure pas grosse bête, tu vas chez Noblet !

                          pleure pas grosse bete.jpgUn charcutier - traiteur bien connu, une enseigne un peu provocatrice, mais non dénuée d’humour représentant un cochon allant au sacrifice, des décennies de présence au croisement de la rue d’Alésia et de la Place Victor Basch, voilà pour le décor. Aujourd’hui, tout est fini. Noblet n’est plus. Sur le billot de la rentabilité et du changement des modes de consommation, on verra s’installer bientôt, paraît-il, une «  sandwicherie » ! Quel vilain mot pour définir les nouvelles normes d’une « certaine gastronomie », en faisant oublier toutes les nuances du goût, et même du bon goût… Les rillettes de porc sont bien mortes ! Quant au pâté de canard, le volatile qui consentait à lui prêter sa chair, a sans doute pris la poudre d’escampette pour aller s’installer ailleurs, sur les berges du lac du Parc Montsouris, par exemple !

                           

                          angle avenue dorleans et rue dalesia 1b.jpg

                          C’est ainsi. Les lieux de nos quartiers changent comme les humains. Qui se souvient encore qu’il y avait un café, juste en face de chez Noblet : le café Biard, remplacé par une banque, que l’impasse du Rouet était flanqué à son entrée d’une petite auberge : l’auberge du Rouet, appellation bien bucolique, et qu’en face de cette auberge, une petite charcuterie était tenue par M et Mme Lapouyade ? Quant à l’agence B.N.P. située sur la place, à l’angle de l’avenue Jean Moulin et de l‘avenue du général Leclerc, elle a fait suite à une succursale  du C.N.E.P. ( Comptoir National d’Escompte de Paris), elle-même implantée dans les locaux vétustes d’une ancienne auberge et relais de poste : « le Puits Rouge ».

                          Je pourrais poursuivre ce pèlerinage, mais à quoi bon ? « Le cœur des villes se transforme plus vite que le cœur des hommes », disait un certain poète… Et en attendant la réouverture de Noblet, je vous invite à déguster un jambon persillé ou une savoureuse tranche de pâté de campagne. Bon appétit !

                          R.R.

                          14 mai 2009

                          Promenades de la découverte de la nature à Paris

                          Promenade de ruche en ruche : samedi 16 mai à 14h30
                          Simon-Pierre Delorme, apiculteur parisien, bourdonnera d’anecdotes en conduisant cette promenade de ruche en ruche de Port-Royal à Montsouris ;
                          Sur inscription au 01 71 28 50 56 du lundi au vendredi.

                          Atelier céréales équitables à la Maison des 5 sens samedi 16 mai et dimanche 17 mai de 10h30à 18h
                          Venez goûter de drôles de graines : quinoa, riz violet… Bonnes pour notre santé, ces céréales sont issues du commerce équitable.
                          Gratuit, inscriptions sur place pour l’atelier. Pour tous à partir de 5 ans. Maison des 5 sens, square Héloïse-et-Abélard, 22 rue Pierre Gourdault. 75013 Métro Chevaleret ou Bibliothèque François Mitterrand. Bus 27-62

                          Les arbres du quartier Montparnasse : vendredi 29 mai à 14h30
                          Promenade à la découverte de nombreuses essences dont certaines sont peu courantes à Paris en arbres d’alignement. Rendez-vous au métro Raspail.

                          29 avril 2009

                          Au siècle des Lumières, c'était notre 14e

                          L’actuel territoire du 14e se composait au XVIII° siècle de parcelles des villages de Vaugirard, de Vanves et de Gentilly (intra muros), ainsi que d’un territoire hors barrière formé par l’écart du village de Montrouge et qui avait pris le nom de Petit-Montrouge depuis le début du siècle.

                          Un plan de 1739 donne une idée assez précise de ce qu’était notre futur arrondissement. En partant du nord, au niveau de la rue de la Bourbe ( aujourd’hui disparue), nous reconnaissons l’abbaye de Port-Royal qui s’étend de la rue du Faubourg Saint-Jacques à la rue d’Enfer, jusqu’à la hauteur de l’Observatoire.

                          Face à l’édifice de Claude Perrault, fondé en 1667, sous Louis XIV, nous trouvons l’Institution ou Noviciat de l’Oratoire, transformé plus tard en hospice des Enfants Assistés.

                          Prolongeant la rue de la Bourbe ( actuel boulevard de Port Royal), et en bordure du domaine des Oratoriens, un chemin de terre deviendra le boulevard de Montparnasse. Ce boulevard faisait l’objet depuis 1704 d’un vaste projet des « boulevards du Midi », qui, des Invalides, devaient rejoindre l’est de Paris par le boulevard de l’Hôpital, près de la Salpètrière.

                          Le seul lieu d’habitat groupé au milieu de ces jardins est la populeuse rue du Faubourg Saint Jacques. La rue de la Santé longe l’enclos des Capucins. Plus loin, en pleins champs, se trouve «  l’hôpital de la Santé », aujourd’hui appelé : hôpital Sainte Anne.

                          Ainsi, notre arrondissement, à cette époque est traversé par les deux plus anciennes voies nord-sud de la capitale : la rue Saint-Jacques – Tombe-Issoire qui depuis le début du XVIIIe siècle commençait à être supplanté par la rue d’Enfer et le grand chemin de Bourg-la-Reine, devenue route d’Orléans, puis aujourd’hui avenue du Général Leclerc.

                          En 1860, après l’annexion des territoire situés entre le mur des Fermiers Généraux et les fortifications de Thiers construites en 1842, notre arrondissement s’agrandira du Petit-Montrouge et des parcelles des anciens villages de Vaugirard, Vanves et Gentilly.

                          R.R - Documentation extraite du numéro 45 de la S.H.A. du 14e.

                          28 avril 2009

                          Une rue pas si discrète, la rue Didot

                          Rue Didot … passé le boulevard, elle s’offre aux regards pour tracer une voie rectiligne et profonde qui invite à pousser jusqu’au cœur de la ville . Dès l’abord, une discrète cour annonce le programme. Le square Alice dévoile des merveilles qu’il faudra découvrir une fois dépassée la voie ferrée ou le verrou d’un ancien hôpital, centre de nombreux services : médical ou d’accueil, social ou culturel et sujet d’innombrables débats. … Ici court un parfum de province. De passages en villas, d’impasses en courettes, l’atmosphère est marquée du sceau indélébile d’un passé qui s’accroche aux murs comme au humeurs.

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                          Le voyageur curieux, aurait tout le loisir de flâner jusqu’aux terres brûlantes de G. Bruno l’hérétique, ou de s’émerveiller des richesses cachées de la rue de l’Abbé Carton. La « rue » l’aura déjà happé pour l’engloutir dans le tourbillon des ses échoppes et boutiques traditionnelles ou exotiques : cafés « branchés » ou non, restaurants qui distillent de multiples saveurs cosmopolites … et les soldeurs du bout de rue qui l’assimileraient à sa grande voisine si elle n’y prenait garde. Mais elle ne cesse de surprendre par ses lumières et sa chaleur et combien plus encore lorsqu’elle s’embrase des feux, scintillements et illuminations de fin d’année. Une foule dense et joyeuse s’y presse encore aux jours de ses braderies et animations locales...

                          Il y a de la vie dans cette rue où les initiatives se succèdent, comme celle conviant les résidents à fleurir les balcons. On aura vite compris que tout ceci résulte de la volonté et de l’engagement des riverains et commerçants. Des comités d’animation, de sauvegarde ou de développement en associations locales qui se mobilisent pour la défense de leurs intérêts ou celui de projets ambitieux, c’est tout le tissu citoyen et humain qui s’exprime. Alors, on ne s’étonnera pas de rencontrer au détour de la Villa Duthy ou de la rue Ledion, de fortes personnalités qui mènent ces combats et font vivre une rue offrant au promeneur des merveilles cachées qui nous retiennent encore, avant de plonger au delà d’Alésia, dans la ville anonyme.

                           

                          24 avril 2009

                          La rue du Château

                          Y a-t-il eu dans le passé un château sur le parcours de cette rue qui relie une partie du 15e arrondissement à notre 14e ? La toponymie est parfois fantaisiste et les légendes souvent, courent les rues ! Non, il n’y eut jamais de château , rue du Château …

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                          Son nom ne rappelle même pas un pavillon de chasse qu’aurait eu, à son voisinage, le duc du Maine (bâtard de Louis XIV), mais seulement une charmante « folie » baptisée «  Fantaisie », dont le propriétaire fut le grand ennemi de Voltaire : Fréron.. Ce dernier publia à partir de 1754 jusqu’en 1776 ses chroniques dans un recueil d’articles qui  furent édités sous le titre de : « L’Année Littéraire ». Voilà pour la petite Histoire. Il faut dire qu’au XVIIIe siècle, quelques « folies » parsemaient ces territoires voués à la chasse…  aux lapins ( voir la rue du Terrier aux lapins, notre actuelle rue Didot ) et que nous étions en dehors de l’enceinte des Fermiers Généraux, la campagne n’étant pas encore urbanisée de ce côté- là. Elle deviendra plus tard au XIXe  siècle, notre futur quartier Plaisance. Au début du XXe siècle, on note la présence d’un « phalanstère » fréquenté par les Surréalistes et qui se situait peu avant le pont des Cinq martyrs du Lycée Buffon, au numéro 53. Sans doute,  il s’agissait d’un des nombreux hôtels meublés qui dans les années 20 et 30 fleurissaient le long de cette rue populaire, commerçante et très animée, au contact de la gare Montparnasse toute proche.

                          Ainsi, cette rue ne peut que faire rêver le flâneur, celui dont l’âme est assez imaginative pour parcourir les vastes antichambres et pièces d’apparat d’un château fantôme qui n’a jamais existé !

                          23 avril 2009

                          l'Avenue Denfert-Rochereau

                          L’avenue Denfert-Rochereau, précédemment rue du même nom, et antérieurement à 1879, appelée rue d’Enfer dès 1569, pose par ses noms successifs, plusieurs énigmes historiques. Elle porta également entre autres, le nom de Chemin de Vanves… On voit mal comment elle pouvait se raccorder à l’actuelle rue Raymond Losserand (ex rue de Vanves). Mais il y a parfois des bizarreries dans la toponymie des lieux.

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                          Le bâtiment de l'octroi de Nicolas Ledoux

                          L’appellation « d’Enfer » est sujette à controverse. Il s’agissait d’une voie romaine secondaire, dite « via Inferior » d’où, par un jeu de mot involontaire « d’enfer » , voie conduisant à l’ancien château de Vauvert et à ses diables légendaires, dont le site se situait sur l’actuel jardin du Luxembourg. Mais peut-être cela relève-t-il de la simple légende car les historiens ne sont pas tous d’accord sur le sujet.

                          Longeant de tous temps de nombreuses communautés religieuses, cette artère fut placée en 1879 sous l’invocation militaire du colonel Denfert-Rochereau, mort en 1878, qui ne rendit Belfort avec les honneurs de la guerre qu’en 1871, qu’après quelques semaines de combat prolongeant la cessation officielle des hostilités. Ce qui permit à ce territoire de rester dans le giron de la France.

                          Il ne faut pas confondre l’ancienne rue d’Enfer, devenue notre avenue, avec l’ancien boulevard d ’Enfer, devenu le boulevard Raspail, lequel garde au niveau du numéro 247 un vestige de son antique appellation : le passage d’Enfer.

                          Quelques personnalités ont vécu avenue Denfert-Rochereau :chateaubriand-francois-rene.1191382188.jpg Chateaubriand, de 1826 à 1838 au numéro 92 (infirmerie de Marie-Thérèse) ;ledru-rollin.jpg Ledru-Rollin (ici à gauche) au numéro 81, Proudhon au numéro 83. Parcourant cette avenue, une ambiance provinciale se dégage et rappelle que ces lieux étaient au 18ème siècle empreints d’une atmosphère campagnarde et bucolique.

                          NDLR : documentation provenant du n° 33 de la SHA du 14ème

                          21 avril 2009

                          Oh ! la vache...

                          Autrefois, les vaches attendaient de voir passer le train de 8h 47 pour se mettre au travail, c’est-à-dire brouter… du trèfle ou les hautes herbes des prairies. Aujourd’hui, elles montent sur les toits, comme jadis un certain « bœuf », leur petit frère !

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                          Ainsi, si vous vous promenez rue Daguerre, vous verrez au-dessus de la boutique d’un fromager inspiré, sis au 5 de cette voie piétonne, une vache contempler la foule des passants de son œil languide. Notre fromager pour bien marquer l’identité originale de son commerce a disposé au niveau du premier étage de l’immeuble, la statuaire de ce bovidé au pelage éclatant de lumière. Ici, l’abondance et les fragrances de moult fromages s’entrecroisent, se marient, s’agglutinent pour créer un océan de senteurs puissantes et offrir à la narine experte et sensible que vous possédez, la vigueur chaleureuse du camembert premier, mêlée à l’arôme puissant du munster, tandis que la cancoillotte flirte avec le brie de Meaux en perspective d’épousailles éternelles.

                          Pendant ce temps, où vous êtes charmé par l’ambiance olfactive des lieux, notre vache paisible et sereine, convaincue de l’importance de son rôle, offre sa silhouette rassurante à nos yeux de flâneur surpris, tandis que le chaland distrait ou inculte se fait prendre au piège des parfums issus des terroirs fromagers de France et de Navarre !

                          Ainsi, cette vache « au balcon », si quelque peintre de talent se fut trouvé dans les alentours, eût pu devenir le modèle d’un tableau que le douanier Rousseau n’eût pas renié ; lui, qui s’entendait si bien à fixer les lignes d’une réalité «  émerveillée », et ceci sous les traits d’une dessin naÏf rehaussé d’aplats aux couleurs débarrassées de toute vibration impressionniste. Heureuse vache ! Je vous vois encore traversant les airs, propulsée par le pinceau fougueux d’un Chagall…à moins que les peintres de Barbizon eussent, eux aussi, pressenti toute la sensibilité contenue dans les courbes sinueuses de votre croupe épanouie !

                          Mais revenons à notre «  sujet » : la vache de la rue Daguerre. Le photographe éponyme aurait pu, lui aussi, fixer les traits de la bête ! C’eût été une belle étude à traiter pour ses premières expériences photographiques. Et là, ce bovidé élégant, mammifère ongulé, artiodactyle, nous rappelle, tout simplement que le quartier fut, il y a longtemps «  hors les murs », au-delà de la ville, et que moulins, prés fleuris, jardins et fermes peuplaient tout l’espace laissé libre alentour.

                          Heureux temps, où les vaches avaient leurs sabots posés en pleine terre et non sur des semelles de ciment. Elles possédaient à profusion du trèfle à brouter sur de vraies prairies naturelles. Aujourd’hui, elles montent au balcon pour mieux se faire connaître et nous voir, nous les humains, afin que nous puissions mieux apprécier la bonté de leur âme à tout jamais réfugiée dans la mélancolie de leur regard, mélancolie qui nous emporte et nous rappelle la musique d’un souvenir, quand nous étions enfants, et que nous parodions en tirant la langue, la poésie de ses paroles : meuuhh…

                          R.Rillot

                          25 mars 2009

                          A voir, à admirer, à préserver ... les portes du 14ème

                          Les quelques photos présentées ici, - voir l'album -ne se veulent pas exhaustives quant aux nombreux modèles de portes d’entrée propres à nos immeubles, haussmanniens pour nombre d’entre eux, mais elles dévoilent souvent une forte originalité dans la conception, le décor, la réalisation de ces portails parfois monumentaux mais toujours élégants par leurs proportions .

                          16 rue Furtado-Heine.jpg

                          Que de volutes sculptées, de mascarons à têtes de faune, de satyres ou de femmes, souvent accompagnés d’un décor floral abondant, très en vogue à la fin du 19e et au début du 20e siècle ! La virtuosité de ces œuvres montre une inventivité des sculpteurs de cette époque, un savoir-faire sans doute à jamais perdu de nos jours, et qui devait demander à l’artiste une parfaite maîtrise dans l’appropriation des modèles et une parfaite connaissance du matériau utilisé, en l’occurrence le calcaire grossier, susceptible de se plier à l’imagination et à la virtuosité toujours forte des artistes.

                          A vous de juger et d’apprécier lors de vos futures promenades dans le quartier, ce passé révolu mais toujours bien vivant. Cet héritage est à préserver , car les générations futures s’étonneront sans aucun doute du « bel ouvrage » que représentent ces portails accueillant les habitants au pied de leur immeuble.

                          R.R

                          23 mars 2009

                          La rue Paul Fort

                          rue Paul Fort-3670.jpg

                          Elle n’a rien d’original, cette rue. Deux cent mètres bordés d’immeubles sans caractère. Une impression de solitude, d’abandon presque. Tout en haut, elle fait un coude qui débouche sur une ligne de crête formée par la rue de la Tombe Issoire et la pente versante de la vallée de la Bièvre, qu’empreinte l’avenue Reille. Et pourtant , le fait de porter un nom reconnu de la poésie, lui donne presque le sourire, un côté aimable, une juvénile gaîté que n’aurait pas refusé notre poète.

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                          Paul Fort avec Georges Brassens

                          Paul Fort ? Qui connaît ou se rappelle de ce poète ? Il fut pourtant très prolifique en son temps, fin 19e, début 20e siècle. Qui parle encore de ces « Ballades françaises » parus en 1897 ? L’aisance de son écriture, la prolixité de ses écrits, l’expression quotidienne de l’existence, les sujets éternels que sont l’amour, la mort, la fraternité, le bonheur simple, le rattachent spirituellement à François Villon, Verlaine, Apollinaire. Il fut le compagnon de Jarry, de L.P. Fargue et Francis Jammes.

                          Sa poétique se résume en une phrase : « il faut être de toutes les écoles avec conviction. Autrement dit, il ne faut être d’aucune ». Bel éloge à la liberté , à la rupture avec les formes académiques de la prosodie classique. Dès 1894, il inaugure le « vers libre », et en 1896/97, une forme nouvelle appelée prose poétique… « Un style pouvant passer au gré de son émotion, de la prose au vers, et du vers à la prose ; la prose rythmée formant la transition. Ainsi la prose rythmée et le vers libre ne deviennent qu’un instrument gradué… » C’est ce que Charles Morice appela : « le langage total ».

                          Au soir de sa vie, Paul Fort écrivait :

                          « L’amour aura le dernier mot
                          Quant à la mort, qu’importe :
                          Je suis au tombeau. Le rossignol chante »…

                          Un testament universel dont chacun est un peu le destinataire !

                          R.Rillot

                          21 mars 2009

                          21 mars, c’est le printemps !

                          Une magnifique Plate-bande au jardin du Luxembourg MBelin.JPG

                          Le temps a laissé son manteau
                          De vent, de froidure et de pluie,
                          Et s'est vêtu de broderie,
                          De soleil luisant, clair et beau.

                          Il n'y a bête ni oiseau
                          Qu'en son jargon ne chante ou crie :
                          " Le temps a laissé son manteau
                          De vent, de froidure et de pluie. "

                          Rivière, fontaine et ruisseau
                          Portent en livrée jolie
                          Goutte d'argent d'orfèvrerie ;
                          Chacun s'habille de nouveau :
                          Le temps a laissé son manteau.

                          René Charles d’Orléans (1394 – 1465)

                          Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches…. (Verlaine)

                          Allez voir le bel album de Marie Belin

                          17 mars 2009

                          Inconnus et oubliés dont les noms sont inscrits sur nos murs

                          Nicolas-Antoine_Taunay_Auto-retrato.jpgNicolas Taunay : De tous les éponymes de nos rues du 14ème, Nicolas Taunay est, si l'on peut dire, le plus inconnu. Il s'agit d'un peintre éminemment classique qui vécut de 1758 à 1830 et, jouissant visiblement d'une protection, fut admis à l'Académie de Peinture dès 1784, après un séjour à Rome en qualité de pensionné de Louis XVI. Rescapé de la Révolution (malgré ses accointances aristocratiques), Taunay fut membre de l'Institut. Envoyé en mission à Rio de Janeiro entre 1816 et 1824, il y participa à l'organisation d'une Académie des Beaux Arts.

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                          Héroisme des marins du navire Le Vengeur

                          Il a aussi laissé (au Louvre) des œuvres à sujet historique ou plutôt anecdotique telles que "Un ermite prêchant" et, surtout, une peu banale composition : "Jeune fille effrayée par la vue d'une ourse endormie allaitant ses deux petits" !

                          Jean-Noël Hallé : Né et mort à Paris – 1754 – 1822 -, Hallé est plutôt un oublié qu'un inconnu, car, ami et rival de Corvisart et médecin de Napoléon comme lui, il jouit toujours, dans le monde médical, d'une considération méritée. D'une vaste érudition, fruit d'une formation classique prodiguée par des précepteurs maîtres ès Lettres et Sciences (Latin, Grec, Mathématiques), il fut reçu docteur en médecine à l'issue de brillants examens dès 1778 et se classa au premier rang des jeunes membres de la Société Royale de Médecine. Cette nouvelle institution, sous la protection de Louis XVI et de Turgot, entendait promouvoir une médecine dégagée de l'empirisme professé par la Faculté.

                          Parallèlement à l'exercice de sa profession, Hallé publia de nombreux travaux sur la médecine générale et l'hygiène. Mais il assuma aussi deux autres tâches considérables : la mise à jour de la partie médicale de l'Encyclopédie de Diderot et la direction de la rédaction du "Codex medicamentarius", base encore, paraît-il, de la pharmacopée moderne.

                          R.-L. C

                          12 mars 2009

                          Le Lion de Belfort et le Colonel Denfert-Rochereau

                          Le Lion de Belfort est détenteur du record mondial de volume en sculpture animalière, dû à l'illustre Bartholdi (spécialiste des œuvres géantes).

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                          Le lion de Belfort, à Denfert

                          Il y a maintenant quelques années, il avait subi une révision complète dans une entreprise spécialisée d'Argenteuil : il s'agissait d'une restauration du squelette de fer qui sert de support à sa robe de cuivre, d'un décapage-lustrage de celle-ci et, nous a-t-on dit, d'un traitement de surface protégeant l'animal de l'oxyde de carbone et des gaz brûlés provenant de l'intense circulation automobile qui entoure en permanence le monument.

                          A ce propos, remarquons que cet événement parisien a révélé à la plupart de nos concitoyens que notre Lion n'était pas en bronze, mais bien en cuivre repoussé, erreur si répandue qu'elle a trompé jusqu'à l'excellent historien de Paris : Hillairet (et ses successeurs).

                          On sait que le Lion de Belfort parisien est la reproduction de son jumeau de Belfort, également œuvre de Bartholdi, mais d'une tout autre technique, puisqu'il a été exécuté, entre 1875 et 1880, en grès rouge des Vosges, en des proportions voisines de notre Lion (hauteur : 11m. longueur 22m). Les deux monuments ont ainsi été réalisés de façon concomitante, puisque le nôtre (construit par l'entreprise Mesureur et Monduit) a été inauguré en 1880.

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                          Son homologue à Belfort

                          Un symbole de résistance à l'oppression

                          Mais venons-en à la motivation profonde de ce double hommage mémorisant de façon spectaculaire et durable ( depuis 120 années !) l'extraordinaire fait d'armes que fut l'échec magistral et quasi unique de la Prusse et de ses alliés devant Belfort en 1870-1871 : l'opinion unanime y vit la revanche, certes ponctuelle, d'un baroud d'honneur, mais qui ne fut pas sans fruit, puisqu'il permit à la France de conserver Belfort lors du traité de Francfort. Ce sentiment, suscité par un fait en somme local, est bien traduit par les deux inscriptions gravées sur la tranche du socle de chacun des deux lions : - A Belfort : "Aux défenseurs de Belfort 1870- 1871" - A Paris : " A la Défense nationale 1870 – 1871".

                          De la sorte, le fait d'armes de Belfort est salué en la personne collective de ses auteurs sur les lieux mêmes de leur exploit. A Paris, le Lion de Belfort est devenu le symbole de la résistance des Armées de la République à l'envahisseur durant cinq mois ( de septembre 1870 à janvier 1871.)

                          C'est ici le lieu de dire que, malgré son nom donné à l'ex barrière d'Enfer ( par un jeu de mots facile), l'attention du public a été orientée bien plutôt sur le Lion que sur le colonel Denfert-Rochereau, qui fut le seul organisateur de la défense de la place forte, à lui confiée par le gouvernement de la Défense nationale.

                          Le Colonel Denfert-Rochereau

                          Pierre_Philippe_Denfert-Rochereau_by_Georges_Lafosse.jpgDès le 19 octobre 1870, le Colonel du Génie Pierre Philippe Denfert-Rochereau (gravure de Georges lafosse), homme d'une énergie et d'une activité extraordinaires. (Il s'était distingué en Italie, en Crimée et en Algérie), disposait d'une garnison de 16000 hommes, mais provenant de formations hétéroclites. Il les amalgama si bien qu'il en fit un corps discipliné, avec lequel il soutint le siège de Belfort durant 105 jours, après une occupation de deux semaines dans l'attente de l'ennemi.

                          Celui-ci était commandé par le général bavarois von Tresckow, qui n'y conquit pas son bâton de Feldmaréchal. Par d'habiles et savants travaux, Denfert-Rochereau avait interdit l'assaut de sa place forte, malgré un bombardement de 73 jours consécutifs ( 400 000 projectiles sur la ville et ses abords !). Paris avait capitulé le 28 janvier 1871, et ce n'est que le 16 février que le Colonel Denfert-Rochereau consentit, sur la demande expresse du gouvernement français - et " la place n'étant pas entamée" – à évacuer la ville et les forts.

                          C'est ainsi que la garnison de Belfort sortit librement de son enceinte inviolée, avec drapeaux, armes et bagages… Elle avait perdu le quart de ses effectifs ( 4745 tués ou blessés graves….)

                          Lion-02.jpg

                          Et dans le cadre de l'époque

                          Le Colonel Denfert-Rochereau (1823 – 1878) ne bénéficia d'aucun avancement. Il devint député de Paris, rallié à Gambetta, qui avait été l'inspirateur et l'animateur de la Défense nationale en "l'Année terrible". La 3ème et la 4ème République oublièrent Denfert-Rochereau. Ce n'est que la 5ème qui, en 1979, s'avisa de l'absence d'effigie sur la place qui s'honore de son nom. On apposa alors un large médaillon du Colonel à l'avant du socle de notre Lion ( ce piédestal vient d'ailleurs d'être nettoyé.) Mais, pour aller voir la physionomie de Denfert-Rochereau et en distinguer les traits, il faut risquer sa vie. Aussi, en donnons-nous une image très ressemblante.

                          On a souvent dit que ce félin géant avait été tourné vers l'ouest, en 1880, pour ne pas porter atteinte aux susceptibilités germaniques. Ceux qui l'ont cru ne connaissaient pas l'usage de la boussole, car son corps est orienté plein sud…

                          R.L. Cottard. Ex président d'honneur de la S.H.A du 14e.

                          09 mars 2009

                          Inconnus et oubliés dont les noms sont inscrits sur les murs...

                          ASPIRANT DUNAND, (1920 – 1942)

                          Jean-Louis Dunand était le fils d'un grand artiste, le sculpteur, dinandier et laqueur Jean Dunand ( 1873 – 1942), dont l'atelier était situé au N° 72 de la rue Hallé. Jean-Louis était élève-officier à l'Ecole de Saumur et il avait 22 ans quand il tomba pour la France, le 20 juin 1940, à la tête de la Section qu'il commandait, devant Saumur. Il faisait partie, avec ses camarades de l'Ecole de Cavalerie et ceux de l'Ecole d'Infanterie de Saint-Maixent, de la petite troupe de garçons qui avaient accepté de sacrifier leur jeune vie de vingt années – et qui parvinrent à interdire, durant deux mortelles journées, le passage de la Loire, à l'ennemi.

                          L'Aspirant Dunand fut titulaire à titre posthume de la Médaille militaire, et son nom a été donné au square – jusqu'alors anonyme – jouxtant le marché entre nos rues Brézin et Mouton-Duvernet, ainsi qu'à la piscine située derrière ce square. Dans ce square, un cèdre du Liban planté le 12 avril 1996, rend hommage à Khalil Gibran (1883-1931), poète et peintre libanais.

                          N.B. : Si étonnant que cela paraisse, la mention "Aspirant Dunand" est absente de la dernière édition de la "Nomenclature officielle des Voies publiques et privées" de Paris (mars 1997), de même que des mises à jour au 27/08/98. Les plaques officielles, elles, sont bien en place.

                          CECILE-CHARLOTTE FURTADO-HEINE

                          Héritière de plusieurs familles de grands banquiers européens, Mme Furtado-Heine (1821 – 1896) fut certainement l'une des plus généreuses figures de la philanthropie du XIX°siècle en France.

                          Pour nous borner ici à notre 14ème, elle consacra plusieurs millions de francs-or à la création  d'un grand et très moderne dispensaire, prototype européen de ce genre d'établissement. Celui-ci subsista chez nous, rue Delbet, durant près d'un siècle; démoli voici déjà plusieurs années, il n'en demeure que le porche monumental, qui vit passer tant d'humanité souffrante. Etendant son intérêt à notre commune-mère, le Grand-Montrouge, Mme Furtado-Heine la dota d'une crèche qui rendit les plus grands services aux familles ouvrières. Les ateliers pour le travail des aveugles furent une autre de ses créations. Au surplus, d'un esprit parfaitement œcuménique, cette grande dame subventionnait aussi bien la construction d'une chapelle que d'une synagogue.  Elle a sa rue proche de son dispensaire disparu  et fut l'une des premières femmes Officiers de la Légion d'honneur.

                          Pour répondre à une question : Mme Furtado-Heine était de nationalité française et passa en France – son séjour de prédilection - la grande majorité de sa vie.